Le Président Hollande est en
Russie pour une première rencontre qui peut aboutir sur un rapprochement ou non
de ce pays en pleine évolution économique avec le nôtre. Les dossiers économiques
bilatéraux ne manquent pas mais c’est surtout sur les relations avec l’Union
Européenne et le dossier syrien que l’essentiel du débat va se centrer entre
deux hommes qui ne se connaissaient pas. La France n’a pas la même dépendance
énergétique que l’Allemagne vis-à-vis de la Russie, les liens ne sont donc pas
naturels en dehors de ceux culturels.
La Russie cherche à resserrer
les liens avec l’Europe mais, devant le peu d’enthousiasme des européens et les
difficultés économiques de celle-ci, elle se retourne vers l’Asie par des
accords commerciaux forts avec la Chine et l’Inde. Les structures rigides de l’UE
européenne ne permettent à priori pas d’inclure la Russie sous une forme d’union
commerciale comme aurait pu la feu zone de libre-échange. Les accords
bilatéraux sont à construire dans une concurrence avec l’Allemagne en
particulier.
Mais la pierre angulaire de
cette rencontre devrait être la Syrie où la France mène encore une politique
unilatérale en décalage, voire en opposition avec la Russie. Notre engagement
au Mali contre le terrorisme est peu compatible avec nos relations étroites en
direction des salafistes à l’œuvre en Syrie et devrait logiquement influencer
la position française. Les conditions d’un rapprochement de points de vue sont
plus favorables, d’autant plus que la Russie et les Etats-Unis ont engagé des
discussions pour mettre fin à cette guerre sans livrer la Syrie à la guerre
civile ou à l’éclatement.
La Russie considère que la
Syrie fait partie de ses alliés et n’est pas prête à renoncer à son point s’appuie
en Méditerranée avec sa présence militaire dans le port de Tartous. La France risque
donc de se retrouver dans une position d’isolement au moment où des informations
filtrent sur l’engagement de ses services secrets dans une tentative d’assassinat
de Bachar el-Assad.
L’agence
de presse libanaise Assiya serait désormais en possession du droit de diffusion
des extraits d’un documentaire, Les Guerres des services du renseignement en
Syrie. Le documentaire met en scène les aveux des mercenaires chargés, par
la Turquie et la France, d’assassiner le président Assad. Voici deux extraits
du documentaire :
« Les
services secrets syriens ont déjoué un projet d’attentat contre la vie du
Président Assad et de son ministre des Affaires étrangères Walid al-Mouallem.
Le renseignement syrien s’est mis à surveiller, il y a six mois, la France et la
Turquie, qui, déçus par leur incapacité à provoquer une chute du régime
d’Assad, ont décidé d’éliminer, physiquement, le président syrien. Une cellule
d’opération a été très vite mise en place. Le travail, au sein de cette
cellule, croisait souvent celui fourni par les services de renseignement
saoudiens, qataris et américains. »
« [...]
Le plan a échoué après l’intervention des agents de sécurité syriens, qui
affirment n’en être pas à leur première opération : la France et la
Turquie ont tenté, jusqu’à présent, et à plusieurs reprises, d’éliminer Assad
et ses ministres. Mais ce qui étonne surtout les services secrets d’Assad,
c’est l’insistance de Paris à entrer en contact avec le renseignement syrien et
à obtenir des informations sur le compte des éléments salafistes actifs, en
Syrie et en France ! »
Le moins que l’on puisse
dire est que la politique française en Syrie n’est pas saine. Un certain nombre
d’avocats européens tentent de faire entendre un autre son de cloche que celui
que nous délivrent à profusion les pays occidentaux et leurs médias.
« Voici bientôt deux ans que les pouvoirs
publics et les médias occidentaux dirigent un concert d’accusations contre le
chef légal et légitime de l’État syrien, contre son gouvernement et contre
l’armée de son pays. Ils cherchent ainsi à faire passer la victime pour le
coupable, comme ils l’ont fait en Libye, comme ils l’avaient fait précédemment
pour d’autres États libres et indépendants.
[…]Car ce sont bien les
mêmes États, leurs serviteurs et leurs alliés (comme les régimes de l’Arabie
Saoudite et du Qatar, monarchies absolutistes, sanguinaires et intolérantes
pour leurs propres populations autochtones), qui d’un côté se posent en Juges
du gouvernement syrien et de l’armée régulière syrienne, et qui de l’autre encouragent,
financent et arment les mercenaires, souvent étrangers, qui se livrent aux
destructions et aux violences contre la population civile et contre lesquels
lutte l’armée régulière syrienne.
[…] En vérité la Syrie n’est pas seulement victime d’une agression
armée, mais également, de manière évidemment concertée, sur la scène
internationale, d’une vaste opération de propagande médiatique d’agitation, de
désinformation systématique (certaines images sur la prétendue répression de
l’armée régulière n’étant même pas prises en Syrie) et de provocation. »
Engagée dans des soi-disant
croisades pour la liberté des peuples et la démocratie, la France peut-elle
encore se regarder en face et se poser comme un pays libérateur alors que la
démocratie recule chaque jour en son sein ? Doit-elle se réjouir d’exposer
ses soldats pour des combats qui ne menacent pas l’intégrité de son territoire ?
Sa compromission dans des conflits extraterritoriaux ne lui donnera pas une
meilleure image internationale. Elle s’y épuise financièrement au lieu de
moderniser son armée qui ne peut plus aller seule dans les conflits ou de « drônes »
de guerre…
Le peuple français est inquiet pour son avenir
Et se demande pourquoi nous serions meilleurs pour les autres
Que pour nous-mêmes !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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