Habitée depuis le IXème siècle et Etat libre dès 930 avec le premier parlement au monde, île froide mais réchauffée partiellement par le Gulf Stream, l’Islande, avec ses 320.000 habitants répartis sur une surface grande comme le cinquième de la France, a toujours eu des raisons d’étonner les français plus continentaux qu’îliens. Elle ne cesse de plus de nous en fournir par la vitalité de son peuple fier, après sa soumission à la couronne norvégienne de 1262 à 1380, puis à la domination danoise pendant cinq siècles, d’avoir sauté sur l’occasion de revenir une république indépendante en 1944.
Mais depuis cette date, l’Irlande n’a pas cessé de nous étonner. Si elle entretient des relations privilégiées avec les autres pays nordiques pour des raisons culturelles et historiques, elle a, très tôt, participé à la vie économique européenne en s’intégrant dans l’Espace Economique Européen, en acceptant le traité de Schengen et en posant sa candidature à l’Union Européenne. Celle-ci, acceptée dans le principe, est en cours d’étude d’adhésion.
En octobre 2007, le quotidien Le Figaro décrit en ces termes le miracle islandais: « Avec un produit intérieur brut de 40 000 euros par habitant, les Islandais jouissent, selon l'ONU, du niveau de vie le plus élevé au monde, juste après les Norvégiens. » « Le chômage est inexistant, la dette minime, et, ces dix dernières années, l'économie s'est accrue de 4,5 % par an en moyenne. » Pourtant en septembre 2008 avec la crise économique mondiale, tout change. L’Etat et ses banques sont tout près d’être le premier cas de faillite. La couronne islandaise (ISK) perd près de 50 % face à l'euro entre janvier et octobre 2008. La hausse des prix se monte à 14 % !
La faillite des banques chypriotes rend d'actualité la comparaison entre les deux îles, Chypre et Islande. Elle avait, comme Chypre, des banques d'une taille démesurée par rapport à son économie. Comme pour Chypre, la crise islandaise est la conséquence directe de la politique d'endettement et du gonflement des bilans des principales banques locales durant les années 2000 à des niveaux dépassant plusieurs fois le PIB de l'Islande. Au 31 juillet 2008, la dette nationale extérieure de l'Islande se montait à 9.553 milliards de couronnes islandaises, plus de 80% étant détenus par les banques alors que le produit national brut du pays s'élevait à 1.279 milliards en 2007. De plus les ménages islandais étaient endettés à 250%, dans une politique d'argent facile !
Quand les banques se sont effondrées en 2008, l’Islande a décidé, comme il a été imposé à Chypre en 2013, d'en laisser faire faillite, créant ainsi un précédent (Siège de la Landsbanki en photo). Cette décision s’est faite en plusieurs étapes qu’il est intéressant de décrire.
Devant cette crise typiquement financière et pour prévenir l'effondrement du système bancaire islandais, les trois principales banques du pays ont tout d’abord été nationalisées. Toutefois, l'endettement du pays était très élevé et le remboursement de la dette 2009 (3,8 milliards de dollars), soit 12 000 € par habitant, a créé une grave crise politique et sociale. La perfusion du FMI semblait insuffisante à résoudre cette crise. La fronde populaire pour ne pas rembourser la dette prenait de l'ampleur. L'embarras politique était total. Les créanciers (Royaume-Uni et Pays-Bas) exigent le remboursement.
Les prêts immobiliers et autres crédits à la consommation étant indexés sur l’euro, le dollar ou bien la Livre Sterling, les islandais virent leurs remboursements mensuels doubler, voir tripler : l’Islande était en faillite. Par ailleurs l’Etat a annoncé qu’il garantissait les dépôts nationaux mais pas ceux des étrangers. Le Royaume-Uni et les Pays-Bas en étant de leur poche pour 5,9 milliards, on entrait dans une crise diplomatique.
Nous verrons dans un prochain article la réaction du peuple islandais et ce que l’on a nommé « la révolution des casseroles ». Nous constaterons aussi que le monde politico-médiatique s’est bien gardé de faire un grand écho à l’aventure islandaise… par peur de contagion ! On pressent déjà que les évènements chypriotes ne sont qu’une répétition d’un scénario connu mais que le même aveuglement perdure.
L’histoire ne se répète jamais exactement.
Si ses grandes lois traversent les siècles,
Bien peu de ses enseignements nous servent !
« Jura mais un peu tard qu’on ne l’y prendrait plus »
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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