Que s’est-il passé de si important pour qu’une France en bonne santé en 1974 se retrouve à la frontière des pays en difficulté avec une tendance à y plonger ? Les raisons sont nombreuses et complexes mais deux dominent toutes les autres. La première est l’abandon de la Préférence Communautaire en 1974 à la suite de l’entrée du Royaume-Uni dans l’UE, la seconde le choix de la monnaie unique en service dans les opérations financières en 2000 et dans nos portefeuilles en 2002.
Ces deux raisons nous ont ouvert au marché mondial où s’engraissent les pays à bas coûts salariaux et aux faibles contraintes environnementales, tout en empêchant notre pays d’adapter sa compétitivité à sa guise et de jouer sur sa monnaie. La crise a donc frappé en 2008-2009 sur tous les pays du monde, l’Europe n’y a pas échappé mais certains pays ont eu les ressorts nécessaires pour la surmonter comme l’Allemagne mais surtout la Suède alors que d’autres ne s’en sont toujours pas remis.
La chute de la Grèce a poussé les 27 Etats membres à créer un fond d’assistance pour les pays en difficulté de la zone euro, le Fonds Européen de Stabilité Financière (FSS…FE…. ainsi bafouillé par Nicolas Sarkozy) le 9 mai 2010. Ce fond a reçu un accord définitif en décembre 2010 puis fut doté en juillet 2011 de 440 milliards, dont 90% ne reposent que sur des garanties des Etats, donc sur leur solidité. C’est pourquoi le lundi 16 janvier 2012, à la suite de la dégradation de la note de la France et de l'Autriche, le FESF n'est plus noté AAA mais AA+ par l'agence de notation Standard & Poor's.
Son but était de contourner les statuts de la BCE qui ne peut (théoriquement) venir directement en aide aux Etats. L’aide directe par l’achat de dettes et d’obligations d’Etat devenait possible sauf que la modicité du montant du fond ne permettait pas de venir en aide à l’Espagne par exemple. D’une part l’aide à la Grèce de 110 milliards d’euros a fait partie d’accords bilatéraux hors FESF entre ce pays et l’UE et d’autre part les pays de la zone euro ont poussé le montant de ce fond à 780 milliards. La France pour sa part a apporté près de 90 millions de fonds propres et une garantie totale de plus de 158 millions.
Ce fond a été complété par le Mécanisme Européen de Stabilité Financière (MESF) pour une intervention d’aide de première urgence dans l’UE et mis à disposition de la Commission européenne avec une enveloppe de 60 milliards prise sur le budget européen. Depuis le 27 septembre 2012, dans le cadre du Pacte budgétaire européen, ces deux mécanismes d’aide, le FESF pour la zone euro et le MES pour l’UE, ont été fusionné dans le Mécanisme Européen de Stabilité (MES).
Le traité intergouvernemental de création du MES, crée une organisation qui permet lever des fonds sur les marchés financiers jusqu’à un montant de 700 milliards d’euros. Il est assorti d’un droit de véto de la France et de l’Allemagne et est à but délibéré de gestion de crise. Il reste tout-à-fait insuffisant pour faire face à des « faillites » de pays comme l’Espagne ou pire l’Italie.
Voilà l’état de notre Union Européenne en 2013. Elle s’avère incapable de venir en aide aux principaux pays et va en appeler à la BCE qui va sortir de ses statuts pour racheter des obligations pourries des banques qui ne peuvent plus aider les Etats, banques qui vont se porter acquéreuses à nouveau d’obligations d’Etats dans un cercle vicieux. L’Allemagne et la France s’en tirent encore bien dans leurs emprunts car ils apparaissent plus sûrs ou moins risqués pour les investisseurs. En ce qui nous concerne, ce qui nous sauve provisoirement, ce n’est pas notre force mais la faiblesse des autres… Pour combien de temps ?
La Grèce, l’Irlande, l’Italie, l’Espagne, le Portugal sont dans le collimateur de la troïka, Union Européenne, Banque Centrale Européenne, et Fond Monétaire International (UE, BCE, FMI). Or quand la troïka passe, le consommateur trépasse et les gouvernements boivent le bouillon… social. Mais quel est notre propre bilan santé ? Avec un taux de marge des entreprises de 28%, nous sommes au plus bas historique. Notre PIB est inférieur à celui de 2007 avec une production industrielle qui a chuté de 12%. Les dépenses publiques représentent 57% du PIB. Nous sommes le premier emprunteur mondial en euro avec près de 200 milliards dont 62% à l’étranger. La pression fiscale est augmentée de 65 milliards sur notre économie… La visite de la troïka se profile ! L’urgence de trouver des fonds pour juguler le déficit et faire bonne figure prend le pas sur toute autre préoccupation, sauf celles à donner le change et occuper les esprits des citoyens.
A la question Pour quoi a-t-il voté Maastricht, le citoyen ne sait plus répondre sinon par le vague espoir qu’il vive mieux… après la crise. Mais la crise c’était en 2008-2009, depuis rien ne s’est amélioré chez nous. La Suède est l’un des seuls pays de l’UE à respecter les critères de Maastricht… avec sa monnaie nationale, la couronne suédoise. Un autre pays y satisfait, la Suisse… qui n’est pas dans l’UE et a le franc suisse. La réponse à cette première question est donc « parce qu’on nous a leurré pour Maastricht et que depuis on se fiche de notre avis ».
Notre sécurité intérieure ne s’est pas améliorée, bien au contraire, par les croisades pour la démocratie que nous menons pour le compte des Etats-Unis. Notre niveau de vie ne s’est amélioré que dans les statistiques nationales, le nombre de pauvres est en constante augmentation, les usines ferment ou se délocalisent, le chômage augmente au rythme de la pression fiscale. Allocations familiales, assurance maladie, retraites, tabac, gasoil, entre autres, sont dans le collimateur.
Alors pour qui ? Là il suffit de passer quelques jours à Bruxelles pour s’en rendre compte. Les représentants des grands lobbies y siègent en permanence. La mondialisation, l’euro, les commissions européennes sont leur affaire. Derrière encore on trouve les Etats-Unis avec leur fer de lance, le Royaume-Uni et la France, enfin noyautée dans l’OTAN, qui œuvrent pour l’ouverture du marché européen à une zone de libre-échange transatlantique qui couronnerait provisoirement ses efforts sur l’Europe depuis le plan Marshall.
Ne nous leurrons pas, cette zone de libre-échange n’est qu’un premier pas vers un empire transatlantique allant des Etats-Unis aux frontières de la Russie. La Syrie, où travaillent les services secrets franco-britanniques, matérialise le conflit entre ces deux adversaires. L’Iran matérialise celui avec la Chine dont il faut s’approcher au plus près. Le reste… est littérature pour ceux qui pensent à, et œuvrent pour, un gouvernement mondial.
L’Europe, sans défense, n’est qu’une proie livrée aux multinationales
Que les Etats-Unis s’apprêtent à déguster
Voila Pour quoi et Pour qui !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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