La guerre des monnaies tuera l’euro

Le mur de la dette américaine a explosé, son économie surnage à coups d'injection monétaire et la mise sous séquestre des 85 milliards nécessaires par mois plonge le pays dans un débat parlementaire au Congrès, débat qui va déboucher sur des solutions de colmatage qui ne résoudront rien. Les États-Unis ne peuvent se passer d'une économie de relance par la monnaie. La Banque Fédérale continuera sa politique du QE qui soutient une croissance molle, laquelle ne peut réduire le chômage. La dette continuera à cropitre en dépit du blocage des Républicains.

A l’autre bout du monde le Japon lance également une politique de relance par la monnaie avec une détermination toute japonaise. Le Yen s’effondre par rapport au dollar et le « Quantitative Easing » va être à l’œuvre de façon illimitée ! La Chine maintient le Yuan en-dessous de sa valeur économique réelle malgré les protestations américaines. Elle se débarrasse progressivement, mais continument, de ses obligations américaines, remplit d’or ses caisses et incite sa population à faire de même. L’Inde qui se trouve en difficulté économique va mener une politique de dévaluation de la roupie.

En Europe, la livre sterling a amorcé une dévaluation et les premiers signes de relance se font sentir. La désindustrialisation du Royaume-Uni est stoppée. L’euro s’accroche pour l’instant à l’Allemagne pour ne pas dire au mark. La Russie, invitée au dernier G20, s’inquiète de la dévaluation des monnaies par rapport au rouble et attendait que des mesures soient prises pour que les dévaluations monétaires soient bridées. Aucune mesure dans ce sens n’en est sortie et la guerre des monnaies bat son plein. 

L’euro dont « bénéficie » 27 pays et bientôt 28, sans parler de l’argent de subvention aux pays en pourparlers d’entrée comme la Turquie, tue les pays en difficulté les uns après les autres. Pour profiter de l’euro il faut être fort et pouvoir bénéficier de taux d’emprunt faibles comme peut encore le faire la France. Pour les autres c’est l’austérité et le chômage qui leur est promis, quand ce n’est pas une vraie mise sous tutelle comme la Grèce et Chypre.

En 2012, quelque 2.000 fonctionnaires grecs ont été placés en chômage technique tandis que près d'un millier ayant violé le code des fonctionnaires, seront mis en disponibilité en 2013. La troïka (UE, BCE, FMI) fait pression sur la Grèce pour le licenciement de quelque 25.000 fonctionnaires au cours de 2013 et d'un total de 150.000 d'ici fin 2015, selon les mesures de rigueur adoptées par la Grèce l'année dernière. Chypre va aussi passer à la casserole.

Contrairement aux déclaration de Pierre Moscovici, l'Italie est en difficulté économique et son ancien mentor, Mario Monti est désavoué plongeant ce pays devenu ingouvernable dans une crise politique. L'Espagne est loin d'être sortie de l'ornière, le peuple manifeste dans les rues et les régions, dont particulièrement la Catalogne, sont endettées jusqu'au cou. Le Portugal, qui a fait de grands efforts, a plongé son peuple dans la misère sans que des signes de reprise soient visibles.

L'euro fort de l'Allemagne, de la Finlande et des pays du nord en général est fragilisé par toute l'Europe du sud dans la quelle il va falloir inclure la France qui ne maîtrise ni son déficit budgétaire, ni son commece extérieur, ni bien sûr sa dette et son chômage. Inexistante politiquement, même si elle est encore la première zone commerciale du monde, la zone euro n'a ni la force, ni la vitesse de réaction pour lutter efficacement dans la guerre des monnaies.

Cette guerre aura raison de l'euro, car ce sont les pays les plus faibles en son sein qui seront touchés en priorité. L'euro périra par son écartèlement sous l’œil goguenard des Britanniques et l'indifférence japonaise. Comme l'industrie automobile allemande tue sa concurrente française avec la complicité des pays asiatiques, la guerre des monnaies tuera l'euro. Pendant ce temps on ferme des usines en France, tandis que Volkswagen fait des bénéfices record de 22 milliards en 2012 et va verser une prime de 7.200 euros à 100.000 salariés allemands.

Le Mark fait du bouche-à-bouche à l’Euro

Mais pour combien de temps…

Avant de s’asphyxier lui-même !

Claude Trouvé

Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon