Le comportement « mitterrandien » de François Hollande, sans en avoir la carrure, du « il est urgent d’attendre » mise sur le retour de la croissance pour remettre le peuple dans la sérénité et lui permettre de continuer son parcours présidentiel après 2016. Il suppose que les élections municipales de mars 2014 sont suffisamment proches pour ne pas refléter un « ras-le-bol » dans un contexte local où le socialisme est très bien implanté. Tout juste si l’on découvre un peu de fébrilité dans le parti avec ce manifeste, signé de 27 maires de grandes villes, pour tout faire afin de donner le vote aux étrangers… sans les voix desquels le président de la république n’aurait pas changé !
Les élections régionales et européennes de 2015 sont plus lointaines et le pari de la croissance est censé être gagné, et puis l’intérêt du citoyen pour un Parlement européen, lointain et sans grand pouvoir, ne mobilise pas les foules. On peut facilement dissocier un vote défavorable d’un véritable test national en cas de difficulté. Avec une petite diminution du chômage, on peut atteindre 2016. Inutile de dire que ce pari est jouable mais très risqué. Les citoyens ont dans leur majorité refusé la politique du gouvernement précédent, or sous des promesses de social-démocratie et des cadeaux aux Verts, François Hollande fait la même politique… en pire.
De promesses non tenues en contradictions, de couacs en couacs, de pas en avant et de pas en arrière, il n’y a pas eu de véritable changement qui puisse donner un nouveau cap lisible. L’accord signé à minima par les syndicats et le MDEF ne changera que lentement l’esprit de coopération ouvrier-patron et les ouvriers ont le sentiment d’avoir été encore une fois floués. La Banque d’investissement existait déjà, sous forme dispersée il est vrai, mais il n’y a pas d’argent supplémentaires mis à disposition. Les 35 heures ne sont pas remises en cause. Les réformes structurelles se font attendre et le nombre de fonctionnaires reste toujours pléthorique. Reste le « mariage pour tous », présenté comme l’avancée de civilisation du siècle, et le combat pour l’égalité des femmes, mené par les nouvelles égéries ministérielles.
La cote d’impopularité du Président et du Premier Ministre bat des records pour une période de moins d’un an. Le Président, jugé mou et incompétent, essaie de redorer son blason en prenant la posture du chef de guerre qui va juger, si la France doit armer les « révolutionnaires » syriens, et qui a pris le commandement d’une ancienne colonie en y projetant ses régiments. L’enthousiasme qu’avait suscité les printemps arabes est retombé, les citoyens en découvrent les effets néfastes et le chômage, qui les touche de plus en plus, mobilise leur attention.
L’Europe devient celle des désenchantés. La situation grecque et, plus près de nous, italienne et espagnole commence à susciter des propos d’inquiétude dans les lieux d’échange d’idées. Le verdit de la troïka sur Chypre qui pousse à puiser dans l’épargne des citoyens montre que certains Etats deviennent désarmés pour éviter la faillite. Une panique bancaire généralisée n’est plus une vue de l’esprit quand l’épargne des citoyens et des entreprises est dans le collimateur. On sait que cela reste une grande force de la France précautionneuse mais ce pactole est si tentant pour un Etat que le français est préoccupé.
Le scénario qui devient chaque jour plus probable c’est une crise politique, sociale et identitaire qui déboucherait malheureusement sur une période de troubles sociaux, éventuellement violents, créant une crise de régime. La désaffection des citoyens pour les partis traditionnels, même s’ils ne voient pas clairement vers qui se tourner, donc crise politique, va rejoindre la crise sociale engendrée par la fermeture des usines sur le sol français, les licenciements collectifs. Le désenchantement d’une politique de gauche qui reprend celle de droite est déjà perceptible dans les sondages. La conjonction des deux crises peut être explosive.
Ce désenchantement est amplifié par le constat de promesses non tenues sur le déficit public, la dette croissante en 2013 et 2014, et l’augmentation du chômage. Le rejet sur la politique précédente a fait long feu d’autant plus que la crise économique et financière mondiale n’est pas à son paroxysme de 2008-2009. La politique d’austérité annoncée se marrie mal avec les dépenses supplémentaires faites en 2012 et celles reportées sur 2013 et surtout sur 2014 avec un crédit d’impôt non financé. Le contexte favorable de pays voisins en difficulté nous permet d’emprunter à taux faible mais le jugement critique de Bruxelles et de l’Allemagne sur notre politique économique et sociale risque de faire redécoller les taux comme chez nos voisins espagnols et italiens.
Coincée dans le dogme de l’euro, vassalisée par les Etats-Unis,
La France sombre dans la désespérance et la perte d’identité
Qu’elle a connues sous la quatrième République avant 1958 !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon