La trêve estivale est trompeuse. Les politiques aspirent aux
vacances mais l’économie et la finance mondiale ne s’arrêtent pas. Or au moment
où une embellie a caché l’orage qui se prépare et fait rebondir les marchés, la
France et la zone euro sont en fait au bord du gouffre. Les paroles de Mario
Draghi « Je ferai tout pour sauver l’euro » n’ont pas plus de valeur
que celles de Christine Lagarde, ministre des Finances, annonçant que la crise
est derrière nous.
D’une part les disponibilités, si les états dont l’Allemagne et
la France n’apportent pas une nouvelle contribution, sont des plus minces par
rapport au problème posé par l’Espagne, le Portugal et l’Italie. D’autre part si
les états mettent la main à la poche, ils s’endettent un peu plus. Si la BCE
fait marcher la planche à billets, en reprenant par exemple des obligations des
états en difficulté, c’est l’Europe qui s’endette avec un euro qui se dévaluera
par rapport aux biens tangibles à acheter comme les matières premières par
exemple.
Les banques endettent désormais systématiquement les états,
lesquels appauvrissent leurs peuples par la pression fiscale. Ceci est valable
pour tous, les Etats-Unis comme pour l’Europe. On se dirige vers 11,4% de
chômage dans la zone euro à la fin de l’année même si certains pays comme l’Autriche
et les Pays-Bas font beaucoup mieux. Les 30% de chômeurs sont atteints en Espagne
avec 50% chez les jeunes.
Le système est à bout de souffle et ne tient que parce que
les particuliers et les entreprises ne retirent pas en bloc tout leur argent
des banques d’où les restrictions au retrait d’argent liquide de plus en plus strictes. Le moment approche, comme l’a vécu l’Argentine, où l’on ne pourra
plus retirer d’argent aux bornes. C’est déjà ce mouvement de retrait qui se passe
en Grèce et en Espagne et va faire plonger leurs banques. L’Espagne ne peut
plus sauver seule ses banques et ses régions.
Malheureusement toute l’action des politiques est de calmer
le jeu et d’éviter que la panique ne s’empare du peuple. Ils roulent pour les
banques puisque celles-ci sont leurs pourvoyeuses de crédit. Cet aveuglement de
l’opinion publique, relayée par les médias, en particulier presse et télévision
toutes aux mains des banquiers directement ou par sponsoring, est évidemment
voulu. Les deux partis principaux s’en font les chantres et agitent l’écran de
fumée des jeux Olympiques et des guerres internes de succession.
La croissance mondiale ralentit, un rééquilibrage est en
cours et l’argent factice est déversé par toutes les banques centrales. On
alourdit la dette sans vergogne et on agite ainsi le mot croissance comme la
panacée, le Graal qu’il suffit de désirer très fort et de créer
artificiellement. Le crédo « il faut sauver l’euro » n’est que la forme hypocrite de « il faut
sauver les banques ». Depuis trente ans la gouvernance mondiale a augmenté
sa puissance sur les états en les mettant progressivement en état de faiblesse
par l’endettement. Les politiques par couardise, naïveté ou compromission n’ont
fait que les accompagner dans cette démarche en votant des lois et des traités
qui étaient des transferts de puissance.
Il est temps que le peuple ouvre les yeux, s’informe. Il ne
découvrira que des cadavres dans les placards où les banquiers internationaux
se permettent tout, même de truander le Libor qui est la référence sur laquelle
se fonde tous les taux d’intérêts pour les crédits aux entreprises et aux
particuliers. Trois banques ont déjà avoué mais ce n’est vraisemblablement qu’un
début.
Si nous ne faisons pas pacifiquement comme l’Islande, qui a destitué ses
politiques, mis en prison ses banquiers et redonné le pouvoir aux citoyens,
nous nous dirigerons vers la pauvreté et l’esclavage. Cela se passe d’abord
doucement par strates de fiscalisation qui doivent obligatoirement toucher les
classes moyennes pour être efficaces. La pression sur les riches n’est qu’un alibi
pour faire passer le reste puisqu’elle ne résout que très marginalement le déficit.
Les semaines qui viennent vont être déterminantes pendant que
le peuple est en vacances. C’est toujours là que les choses graves se passent,
le peuple et ses élus en prennent note à la rentrée mais tout est joué. La guerre civile en Europe n’est pas une vue de l’esprit.
Cela se produira inévitablement lorsque le peuple aura faim, soit que son
pouvoir d’achat ne permettra plus d’acheter l’indispensable pour se nourrir
soit parce qu’il ne pourra plus retirer son argent des banques, ce qui
reviendra au même.
Quand un peuple exclue de mourir
Quand un peuple veut vivre hors du joug du servage
Quand un peuple a
compris qu’il est en esclavage
C’est ses bourreaux qu’il
fait périr.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon