Au moment où la bataille d’Alep est en train de basculer en
faveur des troupes loyalistes syriennes, on continue de parler de leurs massacres
sur les civils. De toute évidence désormais on est devant une guerre civile
fomentée et (ou) accompagnée par des puissances extérieures, Arabie Saoudite,
Qatar et OTAN sous obédience américaine.
Les preuves de cette désinformation s’accumulent. Il faut
savoir que les nouvelles relatées par les médias proviennent d’une seule source,
dite officielle, située à Londres et visiblement pro-insurgés. Les quelques
personnes qui y œuvrent ne prennent d’ailleurs pratiquement leurs informations
que du côté des forces de libération. L’information télévisée de reportage est
prise du côté des rebelles. Nous sommes donc nourris d’une information partiale
quand elle n’est pas volontairement déformée.
J’ai relaté qu’un décor de théâtre va être créé dans la
péninsule arabique pour permettre d’y tourner des scènes de guerre syrienne factices. Cette désinformation, relayée par les médias, peut paraître
invraisemblable. Pourtant la BBC (modèle de rigueur journalistique, dit-on) a
mis à la une de son site la photo d’un massacre syrien... prise quelques années
plus tôt en Irak !
On a frémi de désapprobation à la tuerie de Houla commise par
les troupes loyalistes. Ce massacre de familles
entières, achevées à l’arme blanche, a été présenté comme un «tournant dans l’horreur»,
pourtant l’identité des tueurs devient nettement moins sûre.. Ses auteurs ne
semblent pas être les affidés du président, mais bien ses adversaires armés. C’est
que l’on apprend d’indices et témoignages recueillis par un reporter chevronné,
et publiés dans le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui ne
passe pas pour être un suppôt du président Assad.
Il ne semble pas que la majorité du peuple syrien soit
hostile à Bachar Al-Assad sinon celui-ci serait déjà tombé. En réalité, les souffrances
du peuple syrien sont bien la dernière des préoccupations des chancelleries :
celles-ci tentent de déstabiliser la Syrie afin d’affaiblir l’Iran, contre qui
l’étranglement économique vient de monter d’un cran.
Cette guerre civile, qui se déchaîne en Syrie, est alimentée
par la participation de forces extérieures. En effet, l’Arabie Saoudite et le
Qatar financent les mercenaires de tout acabit venus d’autres pays. Ils
bénéficient également d’un soutien actif de la Turquie, membre de l’OTAN comme
nous. Le président Barack Obama a ouvertement donné à la CIA la directive de
soutenir l’opposition syrienne. Il s’agit là d’une ingérence grossière dans les
affaires intérieures de la Syrie souveraine qui ne menace ni les États-Unis, ni
personne d’autre.
L’opposition syrienne est soutenue par une partie
considérable des membres de la Ligue Arabe. Ils ne veulent pas de victoire de
Bachar al-Assad dans ce conflit parce qu’ils craignent la création d’une
ceinture chiite : Irak, Iran, Syrie, Liban. Les pays arabes sont majoritairement
et ouvertement pro-sunnites ainsi que Al-Qaïda qui est une organisation
sunnite.
Si Bachar Al-Assad disparait mort ou vif de la scène
syrienne, Damas voudra mettre en place un régime sunnite, ce qui signifie
automatiquement le déclenchement des persécutions contre les alaouites, les
chrétiens et les militants du parti au pouvoir Baas, c’est-à-dire contre tous
ceux qui ne partagent pas les convictions religieuses des « oppositionnaires ».
Selon un responsable russe de l’Institut des Relations internationales,
le gouvernement est soutenu par au
moins la moitié des Syriens. Un tiers de population est constitué de
minorités de toute nature. Il y a 12 % d’alaouites et autant de chrétiens de
rites différents. Il y a aussi les kurdes, les druzes et d’autres couches de
population qui représentent globalement 30 %.
Tous les propos faisant croire qu’en soutenant l’opposition,
l’Occident recherche la stabilité et la démocratie en Syrie, sont absolument
inconsistants. Les enjeux sont ailleurs. La collusion des sunnites et de la
politique étrangère américaine vise évidemment la ceinture chiite Irak, Iran,
Syrie, Liban pour les premiers et la main mise sur la sécurité des ressources
pétrolières face à la Chine pour les seconds.
Au passage on pourrait empêcher la Russie de disposer d’un
port ouvert directement sur la Méditerranée à Tartous en Syrie. Le tout fait le
bonheur d’Israël qui affaiblit un pays voisin arabe et voit l’Iran stigmatisé
par l’opinion internationale et empêché de se doter de l’arme nucléaire.
La guerre civile est d’autant
plus horrible et meurtrière
Qu’elle est attisée par
des puissances étrangères
Qui s’octroient un
droit d’ingérence et tuent
Au nom de la liberté
des peuples.
Claude Trouvé
Coordonnateur
du MPF du Languedoc-Roussillon