La crise continue, aucun signe d’amélioration n’est en vue. Le nouveau président a superbement ignoré la gravité de la situation en promettant la lune de la justice sociale et de la croissance. Promettre la lune, ce n’est pas nouveau, me direz-vous, tous les présidents font cela. Certes, mais cette fois le président socialiste prend les rênes dans un pays en crise. C'est la dégradation continue de la dette publique, qui atteint 90% du PIB, ainsi que de la croissance et ceci dans un monde où les États-Unis creusent leur dette plus vite que jamais, où la Chine cherche un second souffle et où la guerre rôde sur le brasier du Moyen-orient..
Il doit faire face à un engagement de vassal envers les États-Unis dans une politique d’hégémonie américaine sur le Moyen-Orient qui n’est pas la nôtre. Notre costume de croisé en Syrie détruit nos relations avec la Russie et la Chine dans le subtil équilibre que la France doit mener entre les États-Unis, l’Allemagne et la Russie. La France se doit toujours d’affirmer son indépendance dans une politique tout autant maritime que continentale.
Ce président socialiste prend donc le pouvoir dans un contexte intérieur et extérieur dégradé au contraire de Mitterrand et Jospin. A situation exceptionnelle de crise, homme exceptionnel ! En 1958 nous avons eu De Gaulle, homme exceptionnel, en 2012 nous avons Hollande, homme normal. Est-ce à dire que l’homme normal, que nous considérons tous être, est de taille à appréhender et à maîtriser une situation exceptionnelle ? Certes non et c’est bien ce qui est inquiétant.
L’habit corrèzien, payé en dettes départementales excessives, flottait déjà sur les épaules de son président mais celui de l’État, loué pour cinq ans, commence à pendouiller de tous côtés. Face à des situations d’urgence nationale, le Président normal prend les vacances normales d’un homme allant serrer les mains de la famille française, souriant et heureux. Le Président promet de faire face, mais ne s’engage pas. Il promène sa concubine mais ne se marie pas. Cet homme normal, aux rondes paroles, a toujours en vue la porte de sortie.
Plus concrètement le blocage des prix de l’essence, l’engagement sur la croissance, le travail et l’espoir pour les jeunes, la réforme sur la fiscalité, etc., sont toujours dans les cartons ou accouchent de « mesurettes ». On fait grand bruit sur quelques lignes ajoutées sur la croissance dans le futur traité intergouvernemental et on s’affiche en homme victorieux alors que tout reste à faire et que personne n’a donné la solution. On en rajoute en créant un ministère du Redressement productif, productif de chômage pour l’instant avec un ministre qui joue le pompier social.
On baisse temporairement le prix de l’essence de 4% alors que les fluctuations du prix du brut sont d’un autre ordre, sans réel impact pour la plupart de nos concitoyens, sauf celui de voir s’alourdir le déficit public qu’il faudra bien qu’il paye. La technique du sapeur Camembert qui bouche un trou en en creusant un autre, fait toujours recette.
Les idées pour dépenser en aides catégorielles qui flattent l’électeur ne manquent pas, de même que celles pour inventer de nouveaux prélèvements fiscaux, par contre les économies sur les dépenses de l’État sont réduites à celles qui n’ont d’impact que sur une faible partie de la population, c’est-à-dire bien peu. On recule celles qui vont trop toucher à des réorganisations qui peuvent être douloureuses ou compliquées à mettre en œuvre, comme la recherche des gabegies, comme les commissions de tous poils pour les amis, et des économies d’échelle par exemple.
Le recentrage des dépenses sur les investissements plutôt que sur les dépenses de fonctionnement serait-il dans l’action d’un homme normal qui dépense pour son plaisir et demande l’aide de l’État pour le reste ? Certes non, c’est l’homme cigale. Peut-on espérer la croissance par quelques lignes d’un traité et, dans le même temps, accroître les charges des entreprises et surimposer les investisseurs et le rendement du capital ? Une entreprise qui est surchargée de taxes, sociales ou non, ne dégage plus de cash-flow lui permettant l’auto-investissement. Si les investisseurs et l’épargne, qui croient en lui, ont fui le pays, il arrête ses machines et licencie.
Que dire encore de ce nouveau plan pour 150.000 emplois-jeunes aidés, succédant à beaucoup d’autres depuis les T.U.C ? C’est bien, mais comme un pansement sur un pied blessé. Si le pansement reste trop longtemps, la plaie s’envenime à moins de le renouveler souvent. Ces jeunes sans qualification doivent surtout en trouver une ; ce n’est nullement acquis si un effort de formation hors emploi ne leur est pas donné. Ils ne tiennent souvent pas plus de six mois avant de retourner vers un chômage plus confortable et des petits boulots de délinquants. Ce qui est sûr, c'est que nous devrons payer pour un résultat social aléatoire de court terme.
La seule réforme en cours, dans la précipitation cette fois, est celle de l’enseignement. C’est une de plus, comme à chaque nouveau ministre, et pour une clientèle électorale fidèle cette fois. S’il est un sujet crucial et d’une grande importance, c’est bien celui-là mais qui mérite une profonde réflexion. La réussite scolaire, obtenue en partie par l’abaissement du niveau des diplômes, ne signifie rien. La seule chose qui compte c’est la préparation à un métier et une acquisition de la morale civique. Pour ce faire la qualité et le ciblage des programmes d'une part et le professionnalisme et le renforcement de l'autorité des enseignants d'autre part sont primordiaux. De quoi parle-t-on ? Surtout, de rythme scolaire, sujet maintes fois débattu et maintes fois changé ?
L’homme normal aurait-il oublié que la France détient un record dans le budget des charges administratives publiques par rapport aux autres pays d’Europe, qu’il a un déficit d’une trentaine de milliards en un trimestre sur la Sécurité Sociale, que son commerce extérieur se dégrade à 70 milliards probables en fin d'année, que son chômage grandit à plus de 10%, que les entreprises licencient ou se délocalisent ? Sans doute non, mais que propose-t-il à part des « Nous nous en occupons » relayés par son Premier Ministre ? Est-ce une situation stable d’emprunter encore à des taux très bas de 2% seulement parce que les autres pays vont plus mal et grâce à l’Allemagne qui garantit la stabilité de l’euro ? Cela durera moins longtemps que les impôts.
Le costume d’une France en sursis, d’un euro malade, d’un bruit de bottes au Moyen-Orient, n’est pas un costume normal, il est lourd pour un homme faible, il est grand pour un homme petit. La Corrèze déteint sur la France avec ses petites « recettes », si l’on peut dire : la fiscalité et les dons ou avantages aux électeurs votant à gauche, la parfaite justice sociale. Nous avions Nicolas l'agité, nous avons François le débonnaire, une démocratie qui se délite encore et une France qui plonge vers la révolution des affamés.
Dans un monde de guerre et de pays en crise
Il nous faudrait un chef dans l’anormalité,
Le chef qui tient le cap, fort de décisions prises,
En forgeant de l’espoir dans la réalité.
Claude Trouvé
Coordonnateur du MPF du Languedoc-Roussillon