Cela nous ferait rire si nos voisins italiens, chez qui Mario
Monti prône la croissance, avaient eu l’idée d’un nom de ministère aussi ronflant…
Hélas chez nous il fait rire jaune. Comment nos dirigeants politiques
peuvent-ils encore être pris au sérieux après des rodomontades de ce genre ?
Il en est de même avec les propos de Mario Draghi qui rassure les marchés avec
du vent et de l’argent factice qu’il ne peut émettre sans l’accord de l’Allemagne
entre autres.
Le CAC40 en a profité pour se refaire
une santé. Les investisseurs boursiers ont profité de l’aubaine pour acheter et
puis vendre avec des profits importants en quelques jours sur le dos des petits
investisseurs qui n’ont pas cette vitesse de réaction et peu de poids sur les
cours. Les marchés savaient bien que l’embellie serait de courte durée et
aujourd’hui le CAC40 replonge car la réalité ne tarde pas à se manifester.
Le talon d’Achille de la France est, depuis l’arrivée de l’euro,
le déficit de son commerce extérieur. On peut parler d’un déficit chronique qui
montre la faiblesse de nos industries exportatrices. Les délocalisations et
surtout la disparition progressive de notre tissu industriel ne peut qu’engendrer
ce résultat. C’est vers un déficit annuel de 70 Mds€ que nous nous dirigeons alors que l’Allemagne
va encore maintenir un bénéfice plus de deux fois supérieur à notre déficit.
Ceci joue évidemment sur la
croissance du PIB et la France va très probablement entrer en récession au
troisième trimestre selon les estimations de la Banque de France. Il semblerait
même que ces prévisions soient plutôt optimistes. Le gouvernement les a déjà
ramenées pour 2012 de 0,4% à 0,3%.
Le budget 2012, qui a demandé de voter 7,2 milliards d’impôts
supplémentaires et 1,5 milliards de gel de dépenses, va devoir être revu pour
tenir l’objectif d’un déficit de 4,5% du PIB. Il est probable que la hausse des
impôts jouera sur la consommation (après un fléchissement de 0,2% au deuxième
trimestre) et la production par une hausse des coûts salariaux. C’est le
chômage qui va aussi être affecté car les carnets de commande se vident. C’est
le meilleur baromètre de la santé économique et du « redressement
productif ».
Mais le budget 2013 qui va être à l’ordre du jour de la
rentrée s’annonce encore plus difficile à négocier avec un objectif de déficit de 3% du PIB. Selon
la Cour de Comptes c’est 33 milliards supplémentaires qu’il faut trouver. L’hypothèse
de 1,7% de croissance a déjà été ramenée à 1,2% et le FMI prévoit 0,8%.
Le gouvernement n’échappera pas à une cure d’austérité d’une
autre ampleur et rentrera dans le cycle infernal de l’austérité et de la
décroissance. On voit mal comment nous pourrons encore emprunter aux taux
consentis actuels même si nous apparaissons encore le pays le plus sûr après l’Allemagne.
L’heure de vérité approche et l’accord intergouvernemental sur la création du
MES et de la règle d’or va mettre le gouvernement au pied du mur. Le choix de
la dépendance à l’austérité allemande ou de la sortie de l’euro va aussi se
poser pour la France.
Il ne suffit pas de
tourner autour du pot
Si l’on veut faire
monter la mayonnaise.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon