Le pays est en crise, même le Président de la République le reconnait... enfin. A situation exceptionnelle, hommes exceptionnels. Dans le contexte actuel de l'Europe et plus particulièrement de l'Euro, la politique de la France doit résoudre la quadrature du cercle. Sans possibilité de jouer sur la monnaie, soumise de plus en plus aux directives et contrôles budgétaires de Bruxelles, elle doit relancer la croissance avec une politique d'austérité, respectant ses engagements mais ne devant pas avoir d'impact sur cette même croissance. Autant dire qu'avec la politique clientéliste menée actuellement, aucune solution autre que la récession et l'augmentation du chômage, n'est en vue.
La crise économique s’ajoutant à l’endettement des Etats européens, gangrène ceux-ci les uns après les autres. Mais le danger n’est pas seulement socio-économique. Des dangers vitaux nous menacent désormais à court, moyen et long terme. Le conflit hégémonique des grandes puissances, Russie, Chine, Etats-Unis, au Moyen-Orient peut demain évoluer vers sa globalisation, si se poursuit la mise à terre de la Syrie, puis celle prévue de l’Iran. Le monde islamique étend son emprise sur l’Europe et pousse son avantage démographique.
Notre retour dans l’OTAN et notre vassalisation aux Etats-Unis détruit l’équilibre de la politique indépendante de la France entre le pangermanisme, l’hégémonie américaine et son contrepoids russe. La France n’a plus de politique étrangère, elle subit une double vassalisation à l’Allemagne et aux Etats-Unis, tous deux en parfait accord. L’Allemagne soutient la mondialisation, la France prête sa puissance militaire et sa voix au Conseil de Sécurité dans le droit fil de la politique américaine.
L’Islam, en particulier sunnite, fort de la puissance financière des pétrodollars, mène une active politique de conquête en aidant les Etats-Unis à la déstabilisation de tous les régimes arabes forts ayant la capacité de résister en même temps au dictat américain et au pouvoir religieux sunnite. L’arc sunnite continue à s’étendre sur la Tunisie, la Lybie, l’Egypte et désormais la Syrie avec aux manœuvres les Frères musulmans et l’OCI, la plus puissante organisation mondiale après l’ONU.
Mais aujourd’hui, les politiques relayés par les médias viennent de refocaliser le peuple sur ce qui va toucher à son porte-monnaie, le détournant ainsi de s’intéresser aux autres dangers. Le gouvernement peut agir sans contrainte en Europe et sur la scène internationale même en bafouant la démocratie.
Depuis qu'en 1973 Pompidou a délié la monnaie papier, fiduciaire, de son équivalent or, la France mène une politique cigale dont l’aboutissement est une dette dépassant les 90% du PIB en 2013, un déficit qui perdure et un objectif de réduction de celui-ci probablement intenable pour 2013. Les affirmations du nouveau gouvernement ne changent rien à la dure réalité qui se profile et sont une pure manœuvre politique.
Les économies et les impôts et taxes se décrètent, la croissance non. Mettre un objectif de croissance dans un traité n’est qu’une affirmation de bon sens mais n’engage strictement à rien. L’interventionnisme de l’Etat dans la croissance est principalement la pression fiscale qu’il fait subir aux entreprises et au pouvoir d’achat des consommateurs. C’est aussi les degrés de liberté que la législation laisse dans l’utilisation de la main-d’œuvre. Plus elles sont restrictives, plus la flexibilité perdue diminue les marges des entreprises.
Les possibilités d’emprunt, à taux plus bas que le marché, ne sont pas forcément la meilleure solution. Le taux d’intérêt doit refléter la juste rémunération du temps gagné par le prêt par rapport à un autofinancement. Violer cette règle fondamentale peut pousser à dérégler la prise de risque raisonnable des entreprises. La seule vraie solution c'est les marges qu’elles peuvent dégager. Or la France est 10% en-dessous de la moyenne de la zone euro et a perdu 2% de 2005 à 2011. Les entreprises allemandes font 6% de mieux que nous. On ne peut trouver l’explication dans une productivité plus faible du travailleur français, c’est plutôt l’inverse.
Mais supprimer la flexibilité du licenciement, des heures supplémentaires, augmenter les charges sociales et les impôts, dissuader le capital d’investir en surtaxant ses gains par rapport aux autres pays, représente les ingrédients d’une politique économique suicidaire. L’entreprise ne peut investir comme ses concurrents étrangers, son activité baisse. Le chômage et les dépenses sociales de l’Etat augmentent, ses recettes fiscales et l’argent total disponible pour la consommation diminuent.
Le nouveau gouvernement nous pousse vers une trajectoire suicidaire dans un contexte européen et mondial en phase de réduction de croissance pour le moins. C’est une évidence, même si faire l’inverse ne peut se concevoir qu’avec une économie sur le train de vie de l’Etat. C’est parce que la France, ne peut agir rapidement et seule, que les bonnes mesures sont impossibles à prendre comme des négociations sur un protectionnisme ciblé sur des secteurs en voie de disparition.
Dans l'hypothèse d'une sortie de l’euro, pour la France l’essentiel n’est pas une dévaluation qui, compte-tenu de la valeur de l’euro à 1,25$, serait faible. L’économie demande des réactions rapides et une liberté d’action, la France ne l’a plus. Elle vient en plus de gagner un gouvernement interventionniste… pour le pire, comme entendre un ministre donner des conseils de management à Carrefour sur les cabines d’essayage !
Le rôle économique intérieur de l’Etat c’est
Le contrôle de ses dépenses y compris sociales,
La définition et la collecte de ses recettes fiscales,
La législation des facilités d’action données aux entreprises.
Qu’il s’en tienne là, les entreprises feront le reste !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon