Dans
l’article précédent il est apparu que la France était la deuxième nation ayant
le plus fort taux de dépenses publiques/PIB en Europe. Son lien avec le
PIB/habitant, indicateur performant de la réussite économique d’un pays, ne
semble pas exister. Autrement dit les dépenses publiques ne semblent pas avoir
d’impact sur la réussite économique. Toutefois les variations des dépenses
publiques/PIB et celle du PIB/habitant apparaissent comme significativement
liées. En gros 1% d’augmentation du PIB/habitant correspond à 0,6% de diminution
des dépenses publiques/PIB. Il faut donc en conclure que la politique
économique des pays européens a amené chacun à un niveau de dépenses publiques
et de PIB/habitant qui lui est propre. Celui-ci tient essentiellement à l’importance
des autres facteurs agissant. Par contre, sur ce point d’équilibre personnalisé
par pays, la diminution des dépenses publiques est un facteur favorable à la
croissance.
Néanmoins,
si la France voulait combler ainsi le retard de 14,46% de son PIB/habitant sur celui
de l’Allemagne en 2015, il lui faudrait diminuer ses dépenses publiques de 9% à
PIB constant. Ceci représente 103 milliards de réduction de dépenses soit plus
que l’ensemble des budgets de l’Education Nationale, des pensions et de la
Justice. Ceci est évidemment impensable avant de nombreuses années. Ceci montre
que la politique d’austérité draconienne imposée à la Grèce ne peut que conduire
à sa perte. Si l’on y ajoute la pression nouvelle de l’UE pour que celle-ci
diminue les salaires de 25%, on comprend que ceci ne peut que livrer les
dépouilles de la Grèce à tous les rapaces du monde de l’argent. Nous devons
donc exclure une diminution aveugle et forte des dépenses mais s’orienter sur
une meilleure utilisation des dépenses publiques, en particulier sur l’utilisation
des fonctionnaires de tout ce qui ne relève pas de la santé, de l’éducation, de
la sécurité et de la justice. Le budget défense doit être exclusivement orienté
vers la défense de l’intégrité de notre territoire métropole et outre-mer et d’alliances
bilatérales. La France n’a pas vocation à être le gendarme bis du monde. Ce qui
demande un changement d’orientation géopolitique.
On a
vu par ailleurs que sous le terme investissement se cachait des investissements
à classer plutôt dans les dépenses de fonctionnement renouvelables chaque année
et des plans d’investissement à court et à plus long terme. Le long terme étant
par exemple la recherche, l’éducation et la formation des jeunes ou des
investissements lourds et longs comme les centrales nucléaires. Ces
investissements publics productifs à plus ou moins court terme ont un impact
difficilement mesurable et les chiffres ne sont pas facilement accessibles. On
peut néanmoins être sûrs que donner de meilleurs moyens de communication (satellitaire,
aérien, maritime, routier, électronique, de santé, de sécurité) aura non
seulement un impact sur la compétitivité de nos entreprises mais, ces moyens alliés
à un plus grand investissement public et privé dans la recherche et l’innovation,
créeront une augmentation de l’emploi, un nouvel engouement de nos meilleurs
cerveaux pour rester en France, et une nouvelle dynamique ainsi qu’une fierté comme
celles qu’ont créées De Gaulle et Pompidou dans l’esprit de nos concitoyens au
travail à cette époque.
Si
ce tour d’horizon n’est pas exhaustif, il permet de mieux voir ce qu’il ne faut
pas faire d’abord et ce qui peut amener une croissance réelle raisonnable,
fruit du travail et non de la spéculation qui endette le peuple et enrichit les
riches, et par là-même soit une diminution du chômage soit un niveau de vie
meilleur pour les actifs et les non actifs. Car en effet il faut bien préparer
l’avenir, celui de l’arrivée de la robotique de haut niveau qui inexorablement
se substituera à l’humain, même si des emplois nouveaux seront créés pour les
produire. Mais ils ne compenseront pas les emplois remplacés. Pendant que les
conducteurs de VTC manifestent contre UBER, celui-ci expérimente dans son fief
de Californie… la voiture sans chauffeur. Si les caissières de super et
hypermarchés manifestent, elles sont remplacées par du libre-service de
paiement. Le réel champion du monde d’échecs, qui est devenu une machine,
préfigure le monde de demain, celui de l’intelligence artificielle, celui du
remplacement de la civilisation du carbone dont nous sommes faits par celle du
silicium, des terres rares, etc. Que sera notre pays dans vingt ans, vu l’évolution
technique et scientifique de plus en plus rapide ? Combien de politiques
nous en parlent ? Il faut se tourner vers les penseurs pour que l’avenir
nous soit éclairé. Or gouverner, c’est prévoir… mais pas seulement les
conditions de sa réélection. Nous en reparlerons prochainement.
Donc
les propositions d’austérité dure conduisent dans l’impasse, comme celles qui
consistent à diminuer brutalement les fonctionnaires ou celles du travailler
plus avec un taux horaire global inférieur. Il n’y a pas création de travail
parce que l’on a décidé de travailler plus… on crée des stocks qui ne se
vendent pas et on ferme l’entreprise. En plus du bon sens, les chiffres
présentés dans les articles précédents démolissent cette prétention. La
manipulation « Macronienne » du remplacement des charges sociales
payées par le salarié par une CSG généralisée n’est qu’un tour de passe-passe,
pour substituer une politique de l’offre à celle de la demande et à étaler les
charges sur les retraités ou inactifs au-dessus du minimum vital. Les retraités
aux retraites bloquées, assujettis à la CSG qui est déjà une double imposition
pour eux, se verraient imposés un peu plus donc avec un pouvoir d’achat réduit.
C’est inefficace et parfaitement injuste. C’est une « mesurette » qui
fait pschitt et qui fait mal.
C’est donc vers une
autre vision des recettes qu’il faut se tourner en prenant en compte que notre
compétitivité globale est insuffisante pour équilibrer notre commerce extérieur
entre importations et exportations. Deux raisons importantes en sont la
cause, la monnaie unique et une pesanteur administrative sur les entreprises
qui leur enlève trop de productifs pour en faire des administratifs et la
souplesse nécessaire sur le marché du travail. En effet le déficit français de
PIB/habitant par heure travaillée par rapport à tous les grands pays européens
développés est impressionnant, comme je l’ai montré. La délocalisation des
usines et des cerveaux est un dépouillement de la nation et un asservissement à
terme. C’est dans l’investissement et la recherche publics et privés que se
trouve la voie à suivre. C’est l’investissement public qui doit donner le coup
de rein de départ et relancer l’emploi. C’est ce dont vient de se rendre compte
le FMI tout récemment (il a fallu donner La Garde) ! Pour se faire il
faut accepter une augmentation provisoire du déficit public associée à une
diminution légère des dépenses, selon le principe que toute économie de
fonctionnement doit être affectée à des investissements productifs.
Ces
quelques pistes sont la clé d’une réflexion que l’on peut proposer dans le
prochain article où il faudra regarder le monde agricole en pleine perdition
sans évolution indispensable.
Car les recettes dites « miracles »
n’ont de miraculeux
Que le fait qu’elles s’appuient toutes sur
le bon sens,
Un sens de l’observation des autres
nations,
Une observation de l’évolution du monde
Qu’une société de consommation,
De désinformation permanente,
Abrutit et rend aveugle.
Claude
Trouvé
Coordination
MPF du Languedoc-Roussillon
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