Dans l’article
précédent il est apparu que les pays européens se divisaient en deux groupes
distincts selon leur PIB/habitant en 2009 et leur croissance de 2009 à 2015. Le
premier regroupe les pays dont le PIB/habitant est égal ou supérieur à celui de
la France. Le second contient les pays dont le PIB/habitant est inférieur à la France
en 2009. Dans le premier groupe il n’apparaît pas de lien entre le PIB/habitant
et la croissance 2009-2015. Les différences de résultat tiennent exclusivement aux
caractéristiques et politiques économiques. On y retrouve l’Allemagne, les pays
du Nord (Belgique, Danemark, Finlande, Islande, Irlande, Luxembourg, Suède, Royaume-Uni,
Pays-Bas, Norvège), plus l’Autriche et la Suisse. Dans le deuxième groupe on
retrouve les pays en difficulté (Grèce, Italie, Portugal, Espagne), et les pays
récemment dans l’UE et bénéficiant de la solidarité européenne (République
tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie, Pologne, République slovaque, Slovénie) auxquels on peut adjoindre le point moyen de
UE, de l’OCDE Europe et de l’OCDE total. Dans ce groupe, et pour lui seulement,
le lien entre le PIB/habitant et la
croissance 2009-2015 est très probable comme on le constate visuellement sur la
figure jointe.
Dans
ce cas on a en plus deux sous-groupes. Dans l’un les pays nouveaux dans l’UE, et
à faible PIB/habitant en 2009, bénéficient à plein de la solidarité européenne
pour leur croissance. Dans l’autre les anciens du sud prennent de plein fouet
le poids de la monnaie unique et de la politique d’austérité à l’allemande qui
leur est imposée. C’est ce qui explique la dépendance de la croissance au PIB/habitant.
Il s’agit tout simplement de l’impact de la politique européenne. Dans un des
sous-groupes l’austérité à l’allemande et le carcan de l’euro n’est pas
supportable pour les pays du sud. Dans l’autre la solidarité européenne joue
son rôle sur les nouveaux arrivants dans l’UE et à faible PIB/habitant en 2009.
Dans celui-ci il est important de constater qu’aucun pays européen hors UE n’y
figure et que la solidarité européenne efface pour l’instant le choix de la monnaie
nationale ou de l’euro.
Le
dernier constat qui nous concerne directement c’est que la France se trouve à
la démarcation de ces deux groupes PIB/habitant élevé et PIB/habitant faible.
Malheureusement elle tend de plus en plus vers le second par suite de la
pression de la politique d’austérité à l’allemande et du carcan de l’euro. Ceci
conforte la vision de sortie de l’UE et de l’euro. On peut en déduire deux
constats sans équivoque. Le premier est que la croissance est possible hors de
l’euro et même en dehors de l’UE. Le second est que la politique d’austérité et
le carcan de l’euro enfoncent les pays du sud de l’Europe vers la pauvreté. Il
est donc impératif de faire un préalable de la sortie de l’UE. Le Frexit est la
voie de libération de notre économie et de la politique européenne des
puissances financières et technocratiques.
Regardons d’abord si
la politique d’endettement qui est suivie par la France depuis 1974 est
nécessaire à l’obtention de la croissance. Le graphique ci-contre montre le
lien très fort qui existe entre les deux pour les principaux pays de l’UE. A
1000$ de plus du PIB/habitant correspond 4,82% de baisse de la dette publique/PIB.
L’augmentation de la dette apparaît comme le lot des pays en difficulté. La
politique d’austérité appliquée aux pays du sud part du principe que la
diminution de la dette publique, par augmentation des recettes de l’État, est
propice à l’augmentation du PIB/habitant. Les faits montrent le contraire, sauf
dans le cas de l’Allemagne qui a une monnaie parfaitement adaptée à sa
structure de production de biens. Elle reste une grande exportatrice dans la
zone euro et engrange la richesse de ses pays qui ne suivent pas au niveau de
leurs propres exportations.
On peut se poser la
même question sur la dynamique de la croissance en reprenant la croissance du
PIB/habitant de 2009 à 2015 par rapport à la dette/PIB. Mais on peut en tirer d’autres
enseignements en considérant le cas de l’Allemagne et de la Suède. L’Allemagne a
un taux de croissance très voisin de la Suède mais avec un endettement de 27%
supérieur. La politique de réduction de la dette allemande est justifiée au
moins dans son principe. Elle est un credo de la politique allemande. A
contrario la politique de réduction du déficit public par l’austérité dans les
dépenses publiques et la vente du patrimoine est totalement inadaptée. Le
Danemark et la Finlande, dont la croissance marque le pas, auraient au
contraire intérêt à s’endetter provisoirement dans une politique de relance
économique par l’investissement dans les infrastructures par exemple. La France
est surendettée et aurait dû atteindre la même croissance avec une dette/PIB de
77,4% soit un dépassement de 18,8%. Ceci porte un jugement sévère sur notre
politique socioéconomique antérieure.
Faut-il
en tirer la conclusion que la politique d’austérité de réduction de la dette
par une politique de restriction budgétaire sur les dépenses est à suivre ?
Non parce que la réduction de la dette se fait par la diminution des dépenses
mais aussi par l’augmentation des recettes. L’économie est tirée par la demande
mais l’investissement est un facteur important de l’amélioration de l’offre. C’est
de ce côté-là qu’il faut regarder avant de choisir les orientations
socioéconomiques adaptées à la France d’aujourd’hui. Il ne faut pas oublier que
nous disposons d’une large possibilité d’augmentation du PIB par heure
travaillée par rapport aux autres grands pays européens. Ce sera l’objet du
prochain article.
Il ne peut y avoir une seule politique
économique
Pour des pays européens aussi
hétérogènes.
Ceci est l’origine du mal qui ronge
Tous les pays de l’euro du sud
Sans levier sur la monnaie
Et soumis à l’austérité !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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