Il convient pour terminer l’examen
des maux, avant de passer aux remèdes, de regarder les dépenses des
administrations publiques en comparaison des autres pays. Le graphique
ci-contre est révélateur. La France est le deuxième pays européen en valeur de
dépenses publiques/PIB derrière la Finlande soit 17,3% au-dessus de la moyenne
de la zone euro et 20,5% au-dessus de la moyenne de l’UE. Les pays en jaune
sont les pays hors de l’UE et forment deux groupes distincts entre pays riches
et pauvres. Les pays nordiques Finlande, Suède, Norvège et Danemark sont les
pays où les dépenses publiques sont très élevées. Si l’on regarde les
variations des dépenses publiques entre 2009 et 2015 on constate que le
pourcentage de dépenses/PIB ont diminué de l’ordre de 5% dans l’UE et dans la
zone euro mais ont un peu augmenté en France. Ces variations ont-elles eu des
conséquences sur la variation du PIB/habitant durant cette même période de 2009
à 2015 ?
Le croisement des dépenses publiques/PIB et le PIB/habitant ne donne pas de liaison significative. Autrement dit chaque pays s'est calé sur un niveau de dépenses publiques qui tient compte de tous les autres facteurs influents et définit son propre PIB/habitant. Par contre la représentation ci-contre montre que la liaison, sur les variations dans le temps de ces deux facteurs, est
assez significative pour les principaux pays européens. A une variation de 10% du
PIB/habitant correspond une variation des dépenses publiques/PIB d’environ 6%.
On voit que sur ce point la France n’a pas fait d’efforts avec une augmentation
légère de 0,35% mais loin de ceux faits par la Suède, l’Allemagne, le
Luxembourg et le Royaume-Uni. Les efforts du Portugal et de l’Espagne ne
semblent pas avoir porté leurs fruits sur le PIB/habitant. Le résultat le plus
spectaculaire est celui de l’Irlande qui a fait une réduction drastique de ses
dépenses publiques et devient le pays européen au plus faible taux de dépenses
publiques/PIB avec moins de 30% du PIB alors que nous en sommes à 57%. Par
contre la Grèce a diminué ses dépenses tout en continuant à dégrader son
PIB/habitant.
Que peut-on en déduire ? La
réduction des dépenses publiques a globalement un effet positif sur le
PIB/habitant. Toutefois il ne s’agit pas de le faire sans précaution. Il s’agit
de savoir où ces dépenses doivent être réduites. En fait les dépenses publiques
dont il s’agit recouvrent plusieurs sortes de dépenses et en particulier les
dépenses dites de fonctionnement des administrations publiques d’État et des
collectivités locales, les dépenses de santé, sociales, d’enseignement, d’ordre
et de sécurité, de logements, d’équipements, d’infrastructures, de culture et
de loisirs, etc. Les dépenses publiques mélangent donc ce qui est du
fonctionnement à répéter chaque année, de l’investissement pur à effet à court
terme (logements, équipements, infrastructures), et de l’investissement à plus
long terme comme la recherche et l’enseignement.
Pour ce qui concerne l’investissement
à court terme, ce sont les collectivités locales qui font l’essentiel des
dépenses à hauteur de 70% d’entre elles, et majoritairement faites par les
communes pour ce qui concerne les logements et équipements. Les investissements
de l’État se concentrent essentiellement sur les investissements militaires, de
santé, d’ordre et de sécurité publique. Toutefois il est très impliqué dans les
dépenses d’Avenir dans les infrastructures (voies ferrées, routières,
maritimes, et de communication). En revanche s’il supporte le poids des
salaires des enseignants, il n’est présent que dans les investissements
immobiliers des lycées et facultés. On voit que la définition des
investissements est floue et que ceux-ci sont fortement décentralisés. La France
est d’ailleurs dans le top 5 de cette décentralisation.
Il faut alors entrer dans le débat
sur la décentralisation, débat de plus en plus important par suite de la
création récente de super-régions et celle de tâches nouvelles ou plus décentralisées.
Si la décentralisation permet une meilleure prise en compte des particularités
locales, donc d’aller vers une meilleure efficacité, il importe que le cadre d’utilisation
des deniers de l’Etat soit clairement défini avec des objectifs précis et mesurables.
Au fur et à mesure que l’augmentation des missions et des dotations de l’Etat aux
régions augmente, entraînant en même temps la flambée des impôts locaux, le
poids de l’Etat, diminue. Ceci affaiblit la nécessaire coordination nationale
et le contrôle des dépenses et des objectifs atteints. L’autorité de l’Etat
peut rapidement être mise en cause, d’autant plus que c’est l’objectif
recherché par l’UE. N’oublions pas que qui détient l’argent détient le pouvoir.
Par suite de la politique d’austérité,
il est commode pour l’Etat de diminuer ses dotations aux collectivités locales,
mais la nature et les missions à remplir allant plutôt en augmentant, ces deux
évolutions vont vers une inflation plus forte des taxes et impôts locaux. Ceci
finit d’une part par jouer sur la consommation des ménages mais augmente l’autonomie
financière des collectivités locales. Il importe de garder un Etat stratège et
responsable. Or les missions de ce dernier sont aussi rognées par le haut sous
la coupe de Bruxelles, le danger est donc double. Dépenses de fonctionnement et
d’investissement sont entremêlées dans la comptabilité nationale et dans les
budgets. Il reste à juger de l’impact de chacun d’eux dans la politique économique
et de cibler en quoi et où les investissements peuvent y contribuer favorablement
dans le prochain article.
Si la diminution des dépenses publiques peut être favorable
Il est clair que tout dépend de l'état de notre économie.
Dépenses de fonctionnement et d’investissement
N’ont pas le même but et peuvent varier
Dans des sens différents pour
Améliorer chacun
Le PIB/habitant.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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