Les élections
italiennes ont, un peu comme en France, mis de côté les anciens partis
dirigeants, mais sans promouvoir un homme ni de gauche, ni de droite, ni du
centre d’ailleurs. Cet homme est le jeune et fringant banquier, prévu de longue
date par Rothschild et toute la bande des pensionnaires oligarchiques et leurs
invités des réunions des groupes Bilderberg, CFR, Trilatérale, Davos et
consorts. Les Français, chauffés à blanc depuis 50 ans sur les bienfaits de l’UE
et de l’euro, matraqués médiatiquement par les unes des médias pendant dix
mois, ont cédé aux oracles ou se sont réfugiés dans des extrêmes gauche-droite
sans espoir de gouverner. Leur véritable vote de protestation s’est exprimé
dans les abstentions, petite statistique gênante l’espace de quelques jours
pour le vainqueur. La voie était libre pour une politique d’austérité
européenne et dès son élection le nouveau Président recevait le document de
« recommandation » contenant les Grandes Orientations de la Politique Économique européenne.
On
peut désormais constater combien le gouvernement met d’ardeur à les suivre, en
soulageant les impôts des entreprises, en supprimant l’ISF sur les capitaux, en
facilitant les licenciements, en ponctionnant le peuple sur les prestations
sociales, par la CSG sur les retraites, par la suppression des APL, par l’ubérisation
des professions réglementées, par la préparation des entreprises publiques à la
concurrence tout en préparant leur rachat par le privé en épongeant une partie
de la dette. Comment diminue-t-il le déficit ? En vendant des fleurons entiers de notre
industrie où l’État avait le contrôle, et en inventant et en augmentant une
multitude de taxes dont celles sur les carburants. On peut désormais constater
que l’austérité concerne essentiellement les particuliers, l’État se
permettant, de surfer sur un déficit programmé de 83 milliards en 2018, déficit
en augmentation de 23% par rapport à 2017, et d’arroser les grosses fortunes,
et les sociétés sont surtout les plus grosses. L’austérité pour l’UE, c’est la
ceinture serrée au maximum sur les particuliers, et desserrée pour les autres. L’État se permet même de nous persuader que nos efforts sont indispensables
pour éviter le pire, et nous prépare pour une prochaine nouvelle ponction, tant
les indicateurs à venir ne sont pas près de tourner au beau fixe.
Si les français n’ont
pas encore compris être les pigeons de la farce, condamnés à subir la loi de
l’UE et de l’oligarchie financière toute puissante, les italiens, ayant une
avance sur nous pour l’austérité, l’ont majoritairement découvert et manifesté
lors de leurs élections législatives. Si la France a « démocratiquement »
(enfin passons) conservé la camisole de force de l’UE, les choses se sont
passées différemment de l’autre côté des Alpes. Les Italiens ont bouté hors du
pouvoir le parti démocrate, mais aussi tancé l’ancien parti dirigeant de Silvio
Berlusconi pour donner sa préférence à des partis émergents, dont le Mouvement
5S parti un peu hétéroclite, mais mus par le désir commun de reprise de
souveraineté de leur pays. C’est sur ce thème de la souveraineté que l’union de
la Lega, classée à droite, et le M5S a pu se faire grâce à l’entremise de
Berlusconi. La présentation d’un programme commun soutenu par Conte, une
personnalité inconnue et issue du milieu universitaire, au Président de la République
Matarella, a soulevé beaucoup d’objections de sa part avant de donner son
accord. Néanmoins la sortie de crise paraissait possible. En refusant de nommer
l’eurosceptique Savona ministre de l’économie, le président Matarella a bloqué
la formation du gouvernement de M. Conte, qui a démissionné.
La
raison avouée de l’opposition de Matarella est l’euroscepticisme d’un Ministre
en première ligne à Bruxelles et rejetant les directives d’austérité imposées à
l’Italie. Mais il y avait pire c’est la perspective de sortie de l’euro par
l’Italie. Matarella a aussitôt reçu les félicitations de Macron et le
soulagement de Merkel qui n’entend pas laisser l’Italie bousculer l’ordre
établi sans suivre les vœux de l’Allemagne souhaitant mettre en place la
possibilité d’une sortie ordonnée de l’euro. Ceci s’entend par une sortie dans
des conditions telles qu’elles soient le moins défavorables possibles pour
l’Allemagne, sachant que 450 milliards de créances italiennes sont dans les
comptes de la Bundesbank et qu’on parle de 600 milliards de dette de l’Italie
vis-vis de la BCE. On est sur des sommes mettant en danger l’équilibre de toute
la construction européenne. Matarella s’apprête alors à nommer un gouvernement provisoire
de transition, dont la mission est officiellement de préparer les futures
élections. Le Président italien a nommé un technicien pour le diriger, mais Carlo
Cottarelli, est un ancien fonctionnaire du FMI, aujourd’hui directeur de
l’observatoire des comptes publics, surnommé Monsieur Ciseaux pour le rôle
qu’il a tenu dans la réduction des dépenses italiennes en 2013 et 2014. Le
représentant de Cinq étoiles, Di Maio, s’étrangle et demande la destitution de
Matarella au titre de l’article 90 de la constitution italienne et la
traduction du président devant le parlement italien réuni en haute cour.
On
est dans la Comedia del Arte mais l’UE a refermé le piège sur l’Italie
jusqu’aux élections probables en septembre. Cotarelli, contré par le Parlement
italien, ne pourra que gérer les affaires courantes, mais l’UE et Merkel ont
gagné du temps. Il faut remarquer le silence de la coalition sur l’appartenance
à l’OTAN et sa non remise en cause. Les Etats-Unis pavoisent car c’est
finalement eux qui mènent la danse dans l’UE dont la Défense leur est soumise
par les traités avec l’OTAN. D’ailleurs l’appartenance à l’OTAN est devenue de
fait un préalable à l’adhésion à l’UE. C’est ainsi que l’Ukraine et la Géorgie,
de fait dans l’OTAN, sont sur la liste des pays admissibles à l’UE. Il en est
de même pour la Turquie, mais là il semble que celle-ci mène désormais un
double jeu entre les États-Unis, l’UE et la Russie. L’OTAN a des bases en
Italie avec des stocks d’armement nucléaires, c’est normalement interdit pour
ce pays, mais les États-Unis la paient pour cela et rapportent ainsi à
l’économie italienne. D’ailleurs pendant ce temps de contestation du peuple
italien, la première Brigade mécanisée américaine débarque à Anvers 800 hommes
et leur matériel, direction deux bases de l’OTAN en Pologne puis stationnement
juste derrière une frontière de la Russie.
Le
coup d’État du Président Matarella, puisque le motif de refus évoqué n’entre pas
dans ses prérogatives liées aux condamnations et à la collusion avec des
intérêts privés, met en lumière un nouveau clivage dans la population. Désormais
une caste représentant 10% de la population, constituée d’élites, de médias, d’affairistes,
de banques, d’universitaires exercent leur pouvoir dans tous leurs domaines d’influence
pour garder et accroître leurs avantages acquis par la politique européenne de transfert
des richesses du bas vers le haut. Ils pratiquent un européisme intransigeant qui
entrave au maximum l’expression démocratique du peuple et intervient même si
besoin par des mesures autoritaires simplement justifiées par l’urgence,
mesures qu’ils s’empresseront de faire entrer ensuite dans la Constitution
grâce à des parlementaires aux ordres. La France et l’Italie sont condamnés à
subir les mêmes tourments, mais les italiens ont sonné l’heure de la révolte.
L’UE prend peur. La
décision de Matarella, les réflexions allemandes sur la zone euro et la sortie
possible, ébranlent ses fondements et sont le signe incontestable d’une appréhension
sur son devenir. Les français n’ont pas encore compris d’où vient le mal, et se
focalisent sur une lutte stérile entre les Macron et les anti-Macron. Ils se
trompent de cible, mais les idées sur l’Europe vont enfin évoluer grâce aux élections
européennes et à l’exemple des pays qui se rebiffent contre les diktats de
Bruxelles. Après le Brexit, l’éventualité d’un Italexit annonce le commencement
d’une lutte inégale mais la caste des nantis ne résistera pas à la pression
populaire à moins que celle-ci soit entièrement parcellisée et décervelée. Les
opérations en cours dans ce sens nous laissent encore un peu de temps avant d’accepter
et même de réclamer le totalitarisme ploutocratique. Les italiens poussent la porte,
engouffrons-nous, nous sommes désarmés mais rien ne résiste au nombre.
Les italiens montrent le chemin aux pays
opprimés
Leur guerre contre l’euro engage la
survie de l’UE.
L’oligarchie dirigeante vient de lever
le masque
En bafouant ouvertement la démocratie,
Il appartient aux Français libres
D’entrer en Résistance !
Claude Trouvé
31/05/18
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