Nous
vivons un évènement majeur avec le retrait des États-Unis de l’accord sur les armes
nucléaires avec l’Iran. Cet évènement jette un regard cru sur la géopolitique mondiale
et le voile se déchire. Dans tous les évènements qui agitent le Moyen-Orient
depuis 2014, la cause première est désignée. Israël ne peut supporter qu’une
puissance voisine puisse lui contester sa suprématie et son désir d’agrandir
son espace territorial vers le Grand Israël (le Royaume de David) qui mord sur
le Liban, la Syrie, l’Irak et la Jordanie. Son expansion constante des colonies
israéliennes sur le territoire palestinien en est la preuve constante. Si la
communauté internationale ne réagit que mollement, c’est que la politique de ce
pays dicte la politique américaine dans cette partie du monde. Cet objectif convient
de plus à la politique hégémonique des USA, lesquels
œuvrent depuis la chute du mur de Berlin pour s’approcher au plus près de la Russie.
C’est pourquoi l’accord avec Gorbatchev qui stipulait que l’UE, donc l’OTAN, ne
s’approcherait pas des frontières de la Russie et laisserait toujours un Etat
tampon entre l’UE et la Russie, a été violé. Il l’a été sans vergogne par l’UE
sous l’incitation américaine et son action en sous-main via les ONG financées
et les actions de la CIA, du MI6 et du Mossad, comme en Ukraine.
Les guerres fomentées
au Moyen-Orient ont toutes la marque d’Israël qui a entretenu une guerre contre
le Hezbollah du Liban et directement contre la Syrie, pour récupérer la majeure
partie du plateau du Golan, annexée unilatéralement en 1981, au cours de la
guerre des Six Jours en 1967 et de la guerre du Kippour en 1973. En 2003 Israël
a poussé Bush à détruire l’Irak et à humilier puis exécuter Saddam Hussein.
Avec une alliance contre-nature avec l’Arabie Saoudite, il a participé depuis
2011 à la guerre contre la Syrie, par des raids aériens, des missiles, des
incursions en Syrie et ouvert ses hôpitaux aux blessés de l’EI. Le double-jeu
de l’Arabie Saoudite, entrant dans la coalition occidentale pour lutter contre
l’EI, était en phase avec cette coalition pour détruire le régime
syrien alaouite. La question des ressources pétrolières concurrentes et la
primauté religieuse s’alliaient très bien avec l’objectif américain de création
de bases en Syrie, de captation des richesses du sous-sol et de disparition du
port d’attache donné aux Russes par la Syrie Ce port est stratégique pour la politique historique russe d’accès aux
mers chaudes.
Si
la face des choses a changé au Moyen-Orient, c’est par l’intervention russe en Syrie
dès 2014. Poutine avait compris que l’action de l’EI puis d’Al-Qaïda et autres
groupes, combattus mollement, ravitaillés clandestinement, avertis du lieu et de
la date des frappes aériennes, et financés par les milliardaires saoudiens, allait
se révéler victorieuse sur la Syrie de Bachar el-Assad. Depuis ce dernier est
en train de nettoyer la partie ouest de la Syrie et va bientôt pouvoir s’avancer
vers l’est jusqu’à l’Euphrate. Dès lors l’arrivée de la Turquie contre les
Kurdes, et la lutte à leur côté de la coalition occidentale rend l’issue diplomatique
incertaine. C’est même devenu un nœud gordien avec la présence de puissances
militaires de premier plan, la Turquie, les USA, le Royaume-Uni, la France, et
la Russie. Israël, l’État profond américain, et la France poussent Trump à
rester en Syrie. Celui-ci nous pousse alors à y augmenter notre présence pour
diminuer la sienne.
Le
refus de Trump, de continuer sur l’accord nucléaire avec l’Iran, n’est pas sans
fondement, mais il s’appuie sur une majorité républicaine qui lui fait souvent
défaut, sur l’État profond qui le drive et sur Israël. Israël et les faucons
veulent la guerre irano-israélienne. Trump veut asphyxier économiquement ce
pays, mais tout ceci peut aboutir à un affrontement militaire qui signerait le dernier
affront à notre politique de suivisme atlantique. Plus grave c’est que parmi
les signataires de l’accord, il y a la Russie et la Chine. La Russie, qui
entretient des relations économiques importantes avec l’Iran dont des ventes de
réacteurs nucléaires justement, et qui est engagée avec ce pays en Syrie, est
donc placée en face à face avec les États-Unis et ses alliés. L’Iran sait que
ceci n’aurait pas eu lieu si Israël ne l’avait pas voulu et ces jours-ci les
provocations ont commencé de part et d’autre de la frontière syrienne. L’armée
russe n’est pas intervenue, Poutine sait que ceci a pour but de l’engager à la
riposte puisqu’il est sensé protéger cette partie du territoire syrien. En
redoutable tacticien qu’il est, il n’a pas bougé. Il n’a apparemment pas bougé non plus pour les
tirs de missiles de représailles occidentales sur la Syrie pour la soi-disant
utilisation de gaz à la Douma. Cependant il a permis de détruire la plupart des
missiles qui ont eu un bien maigre butin. Il a ainsi montré la force de son
dispositif d’interception mis à disposition des batteries syriennes, car c’est
lui qui a désormais les cartes en main, étant le seul à pouvoir intervenir diplomatiquement
entre Israël et l’Iran.
Lorsque
notre alignement atlantique nous fait disparaître progressivement de la scène
internationale, la Russie y fait son grand retour. Le discours prononcé par
Poutine en février avant le vote pour sa réélection, peu relayé par les
médias, ou vilipendé comme on parlait des exploits de Popof pendant la guerre
froide, marque la défaite de la puissance militaire des États-Unis. Ce
constat a été durement ressenti aux États-Unis et on peut s’attendre à ce qu’une
bronca se fasse jour au Congrès. Les avancées technologiques
dans les systèmes de défense et d’attaque présentées par Poutine font peur aux Etats-Majors
occidentaux mais laissent de glace les politiques et les médias aux ordres.
Poutine n’a jamais bluffé jusqu’à présent et il enfonce le clou en disant que
ces avancées sont déjà opérationnelles ou en cours de fabrication.
Un
pays capable de détecter plus tôt que les autres les missiles et aéronefs de
tout poil, les rendre aveugles, les dérouter, et les détruire, rend caduques
les missiles entreposés à ses frontières dans l’Europe de l’Est par l’OTAN.
Un pays disposant d’engins volants à Mach 10 puis 20, d’engins propulsés par un
réacteur nucléaire à portée illimitée, d’engins capables de manœuvrer pour
éviter les zones de détection où on les attend, et de drones armés sous-marins capables
de vitesse et d’un silence les rendant indétectables, peut se permettre une
première frappe sans craindre la riposte et relègue les porte-avions les plus
puissants au rôle de cibles privilégiées impuissantes.
Poutine
a pu préciser dans son discours que désormais l’avancée de la puissance militaire
de la Russie lui laisse de nombreuses années d’avance, et va lui permettre de s’attacher
à une politique économique plus dynamique et à une progression du niveau de vie
de son peuple. Ceci montre son assurance sur l’avenir mais son attitude
apparaît dissuasive, car il sait qu’un seul missile nucléaire atteignant son
but peut détruire une grande partie d’un territoire et rendre la vie impossible,
comme la force de dissuasion imaginée par De Gaulle. Il faut bien comprendre que
désormais la France n’est pas dans le camp du plus fort et que la Russie,
associée à la Chine, va imposer au monde de cesser de suivre la politique
hégémonique et mondialiste du camp occidental, États-Unis en tête. Le monde
multipolaire va parler la tête haute et le chantier de l’Iran va révéler au
monde que nous entrons dans une nouvelle ère géopolitique. La France empêtrée
dans sa vassalité et ses contradictions, qui a sanctionné la Russie, a œuvré pour
repousser la demande de Poutine depuis 2000 de rentrer dans l’UE, risque de le
payer très cher malheureusement. Elle est désormais dans le mauvais camp.
Un simple refus d’accord va avoir un retentissement
mondial.
C’est le révélateur de la baisse de la
puissance des USA.
La France, empêtrée dans l’UE et dans l’OTAN,
Devra subir sans broncher sa lourde peine
Pour ne pas savoir continuer sa politique
D’indépendance et son rôle historique
De médiateur dans les conflits !
Claude Trouvé
12/05/18
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