L’invitation de De Villepin par Jean-Jacques
Bourdin a donné lieu, pour une fois, à un long exposé de l’ancien Premier
Ministre sans les habituelles interruptions et les questions-pièges de ce
journaliste. Clair, direct, embrassant une large part de la géopolitique
actuelle, De Villepin a évité soigneusement des attaques directes contre Macron
et l’UE, mais en parlant des perspectives de l’évolution actuelle ouvertes à la
diplomatie française, il a tracé les bases d’une politique étrangère totalement
différente. Sa vision s’appuie selon lui sur une reprise de sa souveraineté par
la France en demandant un retrait des forces françaises dispersées dans le
monde et un investissement massif dans leur modernisation et leur capacité à œuvrer
seules aussi bien dans le renseignement, que dans l’équipement et la mobilité
de celles-ci. En souhaitant une prise de conscience du changement historique nécessaire
de notre comportement vis-à-vis des Etats-Unis, avec une double ouverture sur l’Eurasie
et le continent africain. Il ne s’agit plus de faire agir l’UE, mais un quatuor
France-Allemagne-Russie-Chine pour redessiner la carte d’un monde multipolaire
faisant front à la puissance déclinante des États-Unis. Le fait de ne pas mettre
le Royaume-Uni dans les pays cités rajoute un aspect gaullien à cet interview.
L’écoute de ses propos est d’une
hauteur de vue et d’une argumentation dense et précise, un grand moment politique. On y retrouve l’essentiel de la politique
extérieure défendue par François Asselineau. De Villepin ne s’exprime pas
aujourd’hui par hasard, alors que nous cache-t-il sous ce brillant exposé
condensé au maximum pour devenir percutant, et tranchant avec les logorrhées de
Macron ? Ce dernier a visiblement lassé Poutine à Saint-Pétersbourg par
son interminable intervention bourrée de redites et de lieux communs sans un
réel affichage clair et volontariste d’un changement de politique envers la
Russie en restant lié aux Etats-Unis et à l’OTAN. De Villepin solliciterait-il
un poste de Premier Ministre dans le cadre d’un revirement de la politique étrangère
française ? Connaissant sa personnalité et son histoire politique, cela
paraît peu probable. Il a cependant subodoré un moment politique propice tant
sur le plan international que national. L’élection européenne en mai prochain
ouvre la porte à des débats occultés depuis longtemps où notre appartenance à l’UE
et à l’OTAN verrouille la souveraineté de la France dans une pensée européenne unique.
On ne peut pas éviter de remarquer le
parfait mariage de ses propos avec le programme proposé par l’UPR d’Asselineau,
le plus regardé de tous les partis sur les réseaux sociaux, en voie d’organisation
territoriale et possédant un nombre d’adhérents qui arrive dans la cour des
grands, mais occulté par les grands médias sous des prétextes de
non-représentation au Parlement. Philippot a senti l’opportunité d’être une
alternative sur le même programme, et possède une ouverture sur les médias
refusée à l’UPR, mais son parti « Les patriotes » reste sur les fonds
baptismaux. De Villepin peut donc se dire qu’il a des atouts spécifiques par,
sa grande connaissance de la politique internationale, sa présence au plus haut
poste d’un ancien gouvernement, sa prestance, son excellente diction et sa faculté
de synthèse, atouts majeurs face aux médias avides de l’entendre. Pense-t-il
disposer d’atouts supérieurs à Asselineau même sans troupe avec lui, quitte à
faire comme Macron ? Ouvrirait-il la voie pour celui-ci ? A priori on
peut en douter mais il apparaît en tous cas qu’une rencontre entre ces deux
hommes ne peut que créer un tandem majeur dans l’année européenne où nous entrons.
Ecoutez les propos de De Villepin, ils sont à classer dans les meilleurs
discours entendus depuis longtemps. Vous constaterez alors combien la France peut
encore jouer un rôle dans le monde, pour son bien et pour la paix.
Pour cela elle doit tourner la page de l’euro-atlantisme !
Claude Trouvé
25/05/18
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire