La
tension internationale autour d’une russo-syro-irano phobie ne cesse de croître.
Deux mondes sont prêts à s’affronter, celui qui se range derrière l’hégémonie
américaine et le droit autoproclamé dans des pays souverains, et celui qui
patiemment est en train de contester cette vision du monde où les peuples
perdent le droit d’exister en toute indépendance. La vision unipolaire
américaine affronte la vision multipolaire russo-chinoise, ces deux pays
réunissant autour d’eux la majorité de la population mondiale avec l’Inde, le
Brésil et l’Iran en partenaire. La guerre économique prend une tournure de plus
en plus dure, mais ce n’est qu’une guerre économique. Conjointement c’est la
montée de provocations militaires, car l’hégémonie ne peut exister sans
prééminence économique et aussi militaire, les deux se faisant la courte
échelle. Depuis 1998, la Russie était suffisamment affaiblie économiquement et
militairement pour ne plus être une puissance contestataire des USA. Le dollar
et la puissance militaire associée dictaient leur loi à tout le monde
occidental, sur les deux Amériques, et sur une bonne partie des pays de l’Extrême-Orient
dont le Japon. Les États-Unis entraînaient le monde occidental dans des guerres
en Irak et en Afghanistan et partout où cela s’avérait nécessaire, ne serait-ce
que pour se justifier aux yeux du monde.
La
guerre de destruction du régime libyen a clos cette période d’absence de ce qui
fut la deuxième puissance militaire mondiale et celle ayant au moins le second
arsenal nucléaire. Désormais la Russie a reconstitué une puissance militaire
suffisamment dissuasive pour garantir l’intégrité de son territoire et de venir
en aide à la Syrie qui lui permet d’avoir accès aux mers chaudes selon la politique
ancestrale russe. La Russie est de retour dans le Conseil de Sécurité de l’ONU
obligeant les USA à agir sans l’aval de ce Conseil, ce dont ils ne se privent
pas, mais par là même ils renforcent le camp multipolaire dans ses rapprochements
économiques et militaires. La Russie est de retour et la Chine est devenue la
première puissance économique mondiale. Cette dernière, devant l’occupation de
la mer de Chine par la flotte américaine, fait un effort budgétaire
supplémentaire pour sa défense. Entre ces deux mondes, les pays pétroliers de
la péninsule arabique utilisent leur argent pour négocier avec le monde occidental
pour l’écoulement de leurs produits et affirmer une prééminence religieuse
sunnite. Mais le pays qui tient la paix du monde entre ses mains, c’est Israël.
Ce pays a toujours droit à une « standing
ovation » au Congrès américain et oriente toute la politique militaire
des USA sur le Moyen-Orient.
Trump
a sa propre vision du monde qui fait volte-face à la traditionnelle politique hégémonique
de son pays. Mais l’État profond ne lui laisse les mains assez libres que sur
la politique économique. Sa politique sociale et à fortiori militaire est sous
contrôle. Sur ce dernier point la ligne imposée à Obama, prix Nobel de la Paix,
et dirigée par Hilary Clinton, est la guerre partout où la mise au pas de tout
pays réfractaire et ayant un intérêt stratégique ou économique, est considérée
comme nécessaire. Cette contrainte imposée aussi à Trump se perçoit dans sa
décision mi-figue-mi-raisin de ne pas quitter la Syrie mais d’y faire œuvrer les
vassaux occidentaux en première ligne en dégageant le plus possible ses soldats
des zones chaudes de combat. Le bourbier syrien est un chemin vers une calamité
fabriquée et guidée. Ses effets continueront à s’infiltrer dans le monde
économique comme une excuse internationale pour une guerre commerciale. La
Syrie est un jeu de fumée et de miroirs.
Par ailleurs il
essaie de se dégager militairement sur le front de l’Extrême-Orient en laissant
faire le rapprochement des deux Corée avec l’espoir d’y agrandir une
plate-forme économique. A contrario il attaque l’Iran sur l’accord nucléaire
poussé par l’Etat profond et Israël. Le terrain de jeu de Trump est économique
et l’Europe est au centre de ses préoccupations car il ambitionne de fermer l’accès
à son propre marché et de faire de l’UE un terrain de choix pour ses
exportations. Les dernières discussions avec Angela Merkel ont bien montré qu’il
ne cède en rien sur les droits de douane imposés sur l’aluminium et l’acier,
pas plus que sur l’Iran. Trump sait que son arme sur l’UE, c’est l’OTAN et il
se sert de la russophobie des pays Baltes et de la Pologne pour y avancer ses
pions en obligeant les pays européens à provoquer la Russie en massant des
troupes à ses frontières. Les médias français sont d’ailleurs mobilisés pour
entretenir une russophobie permanente et les britanniques font tout pour mettre
de l’huile sur le feu, au prix même de faux attentats russes.
De
toute évidence des forces puissantes œuvrent au-delà de Trump pour créer un
climat d’affrontement tel que la guerre soit inévitable. L’UE est associée et mandatée
pour récupérer la Biélorussie, la Moldavie, la Géorgie et l’Ukraine où
Porochenko est poussé à l’affrontement par les occidentaux contre les Républiques
autonomistes de l’Est. Les combats sont en train de monter en puissance et il
est certain que le but est de forcer la Russie à intervenir militairement comme
en Syrie. Poutine ne peut supporter de voir encore l’OTAN mettre ses bases à sa
frontière. Mais s’il intervient, il sera considéré comme un envahisseur. Piège
tendu en Ukraine, pourrissement en Syrie, et remise en cause de l’accord
nucléaire avec l’Iran, sont les trois axes de l’État profond américain pour
déstabiliser la Russie en plus des habituelles aides à « tous les printemps »
dans les États proches d’elle et russophiles.
Évidemment ni la
Russie, ni la Chine, ni l’Iran ne vont céder et la montée en puissance des
forces militaires en Europe et dans la Méditerranée est spectaculaire. Des
milliers d’hommes, des chars, des missiles arrivent en Europe de l’Est. Le
porte-avions USA Harry S. Truman, parti de la plus grande base navale du monde
à Norfolk en Virginie, est entré en Méditerranée avec son groupe d’attaque. C’est
1.000 missiles que cette armada déploie devant la Syrie et le porte-avion
chinois. La Russie reste discrète sur ses forces maritimes devant Tartous mais de
nouveaux navires ont passé le détroit du Bosphore. Par ailleurs Poutine a mis
officiellement en garde Israël à propos de ses tirs sur la Syrie en précisant que
s’ils continuaient il était prêt à remplacer les défenses aériennes des S-300 par
des S-400, voire les plus modernes S-500. Les incursions de drones et d’avions
américains le long des frontières européennes russes se multiplient à un point
tel que la Russie fait savoir : « Il
y a deux zones d'un éventuel conflit entre les États-Unis et la Russie, à
savoir la Syrie et les pays baltes. L'activité militaire des États-Unis dans
les pays baltes peut provoquer une grave crise »
Que fait
la France sinon de participer à envenimer les choses avec sa présence en Syrie,
ses soldats aux frontières russes, et ses pas en avant et en arrière sur le
dossier iranien ? Son seul but est-il de récupérer des commandes militaires
pour le Moyen-Orient ? Œuvre-t-elle pour la paix en vendant des armes qui
tuent des milliers d’êtres humains au Yémen ? Œuvre-t-elle pour lutter
contre Daesh qui fuit en Afghanistan et se répand un peu partout, ou contre
Bachar el-Assad et les Russes dans l’espoir de récupérer des dépouilles d’une
Syrie brisée comme la Libye ? Parler de la liberté des peuples, est tout
simplement se moquer du monde, et va jeter sur la France un opprobre
international, pour un pays qui ne respecte plus rien.
Le peuple français aurait tort de penser
que tout s’arrangera
C’est à cause de ce sentiment que la 2ème
guerre mondiale
A pris la France de court et l’a livrée
à l’Allemagne.
On ne joue pas impunément avec le feu
Sur un aussi gros baril de poudre !
Claude Trouvé
02/05/18
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire