La
Catalogne a soulevé d’abord un intérêt de curiosité chez nombre de nos
concitoyens. On a assisté successivement à un engouement des médias, pour
stigmatiser l’action du gouvernement espagnol, suivi d’un retrait notable de
nombre de nos concitoyens et des mêmes médias dès l’annonce de la position de
Macron et de l’UE. Ceci montre d’ailleurs l’inconsistance de nos journalistes
politiques aux ordres des cinq propriétaires des grands médias et d’un
gouvernement qui leur donne des avantages fiscaux et les inféode. Il faut d’ailleurs
saluer le courage des quelques journalistes indépendants qui vendent leurs
interviews et leurs enquêtes en dehors du monde médiatique contrôlé. En ce qui
concerne la Catalogne, l’aventure a une fin lamentable de lâcheté de la part de
son leader, lâché par l’UE pour raison d’opportunisme politique et non pour
raison d’écart par rapport à la ligne politique de régionalisation de l’UE.
A
cette occasion, nombre de problèmes, enterrés ou ayant quitté la grande scène
médiatique, refont leur apparition. Au nombre de ceux-ci on peut noter ceux
concernant le Kosovo, la nation kurde, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie en
Géorgie, et les sécessions des « oblasts » de Donetsk et de Louhansk
en Ukraine. Les oblasts sont des régions administratives, des sortes de
provinces qui découpent la Russie et l’Ukraine ainsi que d’autres pays de l’Europe
de l’Est. Tous ces territoires sont le siège de recherches d’autonomie et d’indépendance.
Pour aucun de ces prétendants, pas plus que pour la Catalogne, la Vénétie, la
Corse, les Flandres, l’Ecosse, et les kurdes, leur situation n’est réglée au
niveau international. Au plus près de nous géographiquement, la dislocation de
la Yougoslavie après la mort de Tito a entraîné un conflit du Kosovo avec la
Serbie. Celle-ci a tenté de récupérer les territoires qui lui avaient été
alloués comme étant de langue serbe suivant le respect des langues imposées par
les Constitutions Yougoslaves. Au problème de langues se greffe une rivalité d’ethnie
et de religion avec une minorité de serbes, chrétiens orthodoxes, dans la
partie nord du Kosovo et une majorité kosovare de religion musulmane sunnite
tentée par les relations avec l’Albanie qui a apporté son soutien à la guerre
contre la Serbie.
Le problème du Kosovo
est loin d’être réglé car la Serbie veut récupérer au moins la partie du Kosovo
serbe, considérée par les nationalistes serbes comme le cœur historique du
pays. La souveraineté Kosovare ne peut être reconnue par l’ONU parce que 35
pays, dont la Serbie et la Russie, ne reconnaissent pas sa décision unilatérale
du 17 février 2008 d’indépendance en dépit de la résolution 1244 de l’ONU qui garantissait
à la Serbie un statut de province autonome kosovare en son sein. La Serbie,
déjà dépouillée du Monténégro, considère que le Kosovo est toujours provisoirement
sous tutelle internationale. Sa demande en 2011 d’adhésion à l’UE est toujours
en suspens tant qu’une solution pour le Kosovo ne sera pas acceptable pour la
Serbie. L’intervention de la KFOR avec les bombardements de l’OTAN sur la
Serbie a laissé des traces indélébiles pour l’instant. La Serbie ne pardonne
pas pour ses morts et la présence souhaitée de forces de l’OTAN soulève des
vagues de protestation dans tout le pays. Du coup la Serbie orthodoxe s’est
tournée vers la Russie, et les Etats-Unis viennent de faire pression sur elle
pour qu’elle se range dans l’UE, donc dans l’OTAN comme le Monténégro. Le
noyautage militaire de l’UE par les Etats-Unis ne peut pas supporter des
exceptions. D’ailleurs le Monténégro a été intégré dans l’OTAN avant d’être
officiellement membre de l’UE.
Cette
page de l’histoire des Balkans est particulièrement intéressante à examiner si
l’on veut comprendre ce qui se cache derrière tout ce qui se passe dans les
tentatives de régions et de pays de s’affranchir d’une tutelle au nom de l’indépendance
ou de l’autonomie. Elle est un condensé de tout ce qui se passe jusqu’à aujourd’hui
dans ce domaine et qui va se poursuivre et probablement s’amplifier dans les
années prochaines. Le premier constat est que rien n’est réglé dans les Balkans
après la dislocation de la Yougoslavie. Le deuxième est que les États-Unis sont
omniprésents en Europe et particulièrement dans des régions qui peuvent avoir
des velléités de se tourner vers la Russie ou qui sont frontaliers ou proches de
celle-ci comme les pays Baltes. Ils imposent une dépendance militaire sur les
membres de l’UE et même au-delà vers l’EEE, les candidats officiels ou
pressentis à l’UE, l’Ukraine et la Géorgie.
Enfin
on touche à la différence entre les mots indépendance et autonomie que l’on a
tendance à utiliser l’un pour l’autre. Pourtant il y a une gradation dans la
demande d’autonomie de la Catalogne et celle d’indépendance finalement actée
mais non reconnue. Le terme autonomie, comporte la racine grecque « autos »,
signifiant : soi-même. Ce terme désigne en réalité la capacité de juger,
décider, accepter ou refuser, choisir par soi-même, en quelques sortes gérer sa
vie. L'indépendance, elle, désigne plutôt la capacité physique de réaliser seul
une action. En résumé : L’autonomie, c’est décider par soi-même, et l’indépendance,
c’est faire par soi-même. Cette définition s’applique aussi bien à un individu
qu’à une entité politique ou administrative. En regardant la France nous
constatons ainsi que ce pays n’est plus réellement autonome et indépendant. Les
deux sont en partie sous contrôle et la zone de contrôle ne cesse de s’étendre.
Nous sommes plutôt proche de ce qui ressemble à une République soviétique de l’ex-URSS
où notre défense est en fait passée entre les mains de l’OTAN et où il ne reste
d’autonomie que ce que l’UE nous accorde.
Mais
cette histoire des Balkans, nous enseigne aussi que le Monténégro a déclaré son
indépendance sans coup férir, est reconnu par l’ONU et candidat officiel à l’entrée
dans l’UE. Elle nous dit aussi que le Kosovo se comporte en pays indépendant
aux yeux de l’UE et des Etats-Unis même si l’ONU ne peut reconnaître sa
souveraineté. Le bombardement de la Serbie et les massacres de cette guerre
civile n’ont rien réglé pour le conflit Serbie-Kosovo mais là encore la
déclaration unilatérale du Kosovo n’a souffert aucune objection dans le camp
occidental. On constate aussi que ce fut l’officialisation du droit d’ingérence
dans un pays souverain au nom du risque d’extension d’un conflit, opinion qui
demandait aucune contestation pour l’OTAN et la France dont les liens étaient
pourtant historiques avec ce pays. On mesure que selon l’intérêt du camp
occidental, les décisions peuvent être blanches ou noires pour des causes
identiques. Nous déclenchons des sanctions contre la Russie parce que la Crimée,
un oblast ukrainien, demande son autonomie et son rattachement à ce pays après
un référendum comme au Monténégro et au Kosovo. On laisse ce dernier en
situation d’indépendance vis-à-vis de la Serbie mais on n’admet pas que la
Catalogne se sépare de l’Espagne.
Ce
conflit toujours vivace dans les Balkans devient un terrain d’affrontement
entre les États-Unis et la Russie. Il échappe aux pays européens avec une UE
incapable de s’imposer, et cela d’autant moins qu’elle est sous la tutelle
américaine dont le droit d’ingérence n’a plus de limites même si Trump essaie
de se retirer en Syrie en dépit des rodomontades des militaires poussés par les
puissances de l’ombre. Le prochain article regardera les autres conflits d’autonomie
et d’indépendance qui continuent à tuer et à faire fuir dans des pays
finalement très proches de nous avec des guerres attisées à dessein par ceux
qui veulent détruire pour les reconstruire et les spolier de leurs ressources.
Les conflits d’indépendance et d’autonomie
sont toujours graves.
Leurs conséquences touchent aux
ressources et aux frontières
Offrant des territoires à des manœuvres de
conquête
Ou de défense de prés carrés avec ligne
rouge.
Ils sont l’allumette qui peut enflammer
Des guerres sans merci extensibles !
Claude Trouvé
02/11/17
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