La France
qui avait clairement défini sa politique énergétique dans la production
électrique, politique basée sur le nucléaire, balbutie désormais dans une
politique hybride qui veut faire la part belle aux énergies renouvelables, les
EnR. Ce tournant a été effectué sous la pression écologique qui nourrit le
parti socialiste de ses voix écologistes. Un des grands chevaux de bataille de
l’écologisme a été le nucléaire dont l’apparition dans les mémoires est liée
aux bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki en 1945. L’utilisation civile de l’énergie
nucléaire est donc devenue suspecte et porteuse de dangers énormes de
destruction des vies humaines. Même si le nombre de morts de ces deux attaques
n’a pas atteint le nombre de morts des bombardements de Dresde, et autre villes
françaises et allemandes, le champignon nucléaire a frappé l’imagination populaire
par sa brutalité. De plus cette énergie reste mystérieuse dans l’esprit de
beaucoup de nos concitoyens. Il n’en fallait pas plus pour parer cette énergie
de visions apocalyptiques.
Même
si De Gaulle et Pompidou ont pris une décision courageuse et raisonnée en
faisant de la France un grand pays nucléaire derrière les États-Unis en
puissance totale mais première en énergie par habitant, la manipulation de la
peur du nucléaire n’a cessé de se manifester et a influé la politique
socialiste de Mitterrand et surtout de Jospin. Il a commis la bêtise d’arrêter Superphénix,
pour raison politique et non de sûreté car les incidents d’exploitation ne
touchaient pas la partie nucléaire, un réacteur à neutrons rapides qui avait 20
ans d’avance dans la recherche et dont le procédé va voir le jour en Russie. Ce
fut le premier coup d’arrêt à la recherche française et elle n’a toujours pas
repris sa vigueur d’antan. Pourtant ce domaine est porteur d’avancées
spectaculaires dans la modularité, la sûreté et la variété de combustibles en
attendant la fusion nucléaire. C’est l’énergie inépuisable et non polluante
reproduisant l’énergie solaire mais techniquement extrêmement difficile à mettre
au point. Une coopération internationale travaille sur le réacteur ITER à
Cadarache près d’Aix-en-Provence mais il ne faut pas s’attendre à voir des
réacteurs industriels avant un demi-siècle. J’y ai modestement travaillé en
1959, c’est dire l’ampleur des problèmes à résoudre.
Une
autre difficulté pour apaiser les peurs ravivées par les accidents de
Tchernobyl et de Fukushima est l’utilisation des normes de radioactivité. La manipulation
du concept de dose radioactive n’est pas simple et celui-ci n’est vraiment
compris que par les spécialistes, mais des chiffres sont balancés dans les
médias sans que leur nocivité soit compréhensible par la plupart des citoyens. Par
ailleurs la courbe de mortalité par rayonnement ou contamination radioactive ne
dispose que de 2 points « expérimentaux », le point 0, 0 mort pour 0
radioactivité, et le point Hiroshima-Nagasaki des très fortes doses de
radioactivité. Un consensus scientifique a décidé de tracer une droite entre
ces deux points. La dose mortelle (à 50%) est fixée à 5 Sievert. Les survivants
d’Hiroshima ont reçu 0,5 Sv, et les pompiers de Tchernobyl 0,25 Sv. Les zones
très contaminées de Tchernobyl sont à 0,05 SV ou 50 mSv. Un scanner vous expose
à 9 mSv et la radioactivité naturelle moyenne est de 2,4 mSv. La limite annuelle
de dose pour le public est fixée à 1 mSV et notre propre corps est le siège d’une
dose de 0,17 mSv.
Tout
ceci pour vous dire que les chiffres doivent être manipulés avec prudence quant
aux effets sur l’homme mais ils peuvent facilement être utilisés pour
distribuer la peur. Comme pour les ascenseurs les limites de dose ont été
prises avec une grande marge. Leur dépassement fait la une des journaux et le
bonheur des anti-nucléaires mais le danger peut n’être pas plus grand que le
dépassement des limites de conservation de nos aliments. Tchernobyl reste le
plus grand accident nucléaire et la responsabilité humaine y est entière. Ce n’est
pas le cas de Fukushima où le tsunami a été exceptionnel et l’élément
déclencheur. Les dégâts environnementaux et humains sont loin d’avoir atteint
ceux de l’industrie chimique et pourtant nul ne pense à remettre en cause cette
industrie. Le risque n’est pas nul d’un accident majeur mais il est très faible
par rapport aux années de production sans accident de plus de 400 réacteurs
dans le monde. Il est moins grand que celui des éruptions volcaniques qui
peuvent faire des centaines de milliers de morts.
Ceci
étant nous sommes à la veille d’une élection présidentielle dont le Président
élu devra avaliser une nouvelle politique énergétique s’il n’est pas dans la
continuité de la politique actuelle. Il devrait normalement répondre à
plusieurs questions. Comment dois-je mettre en application une politique de
production électrique qui réponde aux exigences suivantes : le moindre
coût du kWh, le moins de pollution et de danger possibles, le moins de
dépendance de l’étranger et la meilleure sécurité de distribution. Le choix du
nucléaire ne minimise pas le danger même s’il est très peu probable et il
demande un stockage à long terme des déchets les plus radioactifs, stockage en
cours de validation par l’Autorité de Sûreté Nucléaire. Les EnR ne résolvent
pas la diminution du CO2, contrairement au nucléaire, parce qu’ils demandent le
complément de l’énergie thermique pour compenser leur intermittence. L’énergie
thermique génère d’autres pollutions comme l’oxyde d’azote et le soufre. Les
EnR ne répondent pas à la diminution de la dépendance à cause des Terres rares
nécessaires et détenues très majoritairement par la Chine. Sur ce point le
nucléaire dispose de sources d’approvisionnement très réparties dans le monde,
Afrique, Asie, Amérique, Australie.
Les EnR
produisent un kWh plus cher que le nucléaire et l’hydraulique et demandent des
subventions ainsi que des taxes sur le kWh payées par l’usager. Les EnR coûtent
cher aux usagers et à l’État. L’Allemagne commence à en faire la triste
expérience avec un kWh qui était deux fois plus cher en 2015 et des dizaines de
milliards chaque année sur le budget public. L’intermittence des EnR demandent
de mettre en œuvre des puissances très supérieures à ce qui correspond à leur
production moyenne. Les deux graphiques suivants le montre clairement.
On
constate que la puissance installée des EnR atteint 14% et le nucléaire est à
49%. On pourrait croire que le but de réduire le nucléaire à 50% est presque
atteint. Mais le constat sur la production électrique montre que la part des
EnR n’est plus que de 7% et que le nucléaire atteint 76% de la production
électrique. On peut se douter que la mise en carénage d’un certain nombre de
réacteurs nucléaires rend problématique la distribution électrique en cas d’hiver
rigoureux. Selon les chiffres du lien entre les EnR et le thermique, publiées
dans le précédent article, on peut s’attendre à ce que l’on ne puisse pas
dépasser 17% à partir des 7% actuels
de la production électrique par les EnR si l’on veut ramener la part du
nucléaire à 50%. Au-delà de 17% de la production électrique des
EnR, la stabilité du réseau est difficile à maintenir. Ce choix des EnR impliquerait une augmentation de la production
thermique de 6% à 22% donc une émission de CO2, et autres gaz polluants, presque
quadruplée. Cela demanderait de doubler la puissance électrique installée des
EnR.
Cela aboutirait à doubler la puissance électrique installée des EnR. On voit combien l’intermittence des EnR demande de puissance installée supplémentaire par rapport au nucléaire et l'augmentation de la pollution générée par les centrales thermiques. Ceci est illustré par les graphiques ci-dessous.
Cela aboutirait à doubler la puissance électrique installée des EnR. On voit combien l’intermittence des EnR demande de puissance installée supplémentaire par rapport au nucléaire et l'augmentation de la pollution générée par les centrales thermiques. Ceci est illustré par les graphiques ci-dessous.
La politique énergétique actuelle est un
non-sens.
Elle ne permet pas de répondre aux
exigences
De moindre coût, de diminution du CO2,
Ni même à celle de l’indépendance.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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