Quatre
millions de français ont voté pour la première primaire de la droite. Les
politiques de gauche et de droite, que je désignerai sous le vocable de « pensée
unique », se réjouissent de la réussite de cette fête démocratique qui n’est
d’ailleurs pas inscrite dans la Constitution. La première primaire de la gauche
a conduit à la désintégration du parti socialiste, la première des écologistes
a révélé une autre désintégration. Il est donc beaucoup trop tôt pour jeter des
fleurs à ce système, copie française des primaires américaines et captation
habituelle de tout ce qui vient de l’autre côté de l’Atlantique. Ceci étant, l’envie
d’en découdre et d’exprimer son ras-le-bol a été démontrée. La participation de
gens de la gauche ne fait que confirmer le désarroi de la gauche devant le
mandat catastrophique de François Hollande. Mais il en a été de même en ce qui
concerne Nicolas Sarkozy qui paye les soupçons de comportements répréhensibles et
justiciables durant son mandat. Il est difficile d’être le Phénix en matière
politique. La tête de ceux qui ont gouverné depuis près de dix ans est mise à
prix. Hollande n’a qu’à bien se tenir.
Donc le choix s’est porté sur François
Fillon ce qui prouve que ce n’est pas la politique menée par Nicolas Sarkozy
qui a été sanctionnée mais le comportement. Les votants sont partis du principe
qu’après dix ans de recul de la France, il fallait balayer les têtes qui
avaient fauté. Curieusement le sérieux de Fillon a fait oublier qu’il est le
co-auteur de la politique du mandat précédent. Bien peu de personnes ont
vraiment lu le programme de celui-ci, en tous cas un nombre très éloigné des 4
millions de votants. L’austérité libérale des grandes lignes de son programme a
plutôt rassuré par rapport à une politique plus molle de Juppé. Les votants
sont partis du principe qu’il était surtout important de choisir l’homme plus
que le programme et que la France en danger demandait des mesures drastiques… à
la Margaret Tchatcher dit-on. La vieille opposition gauche-droite s’en trouve
réveillée sous prétexte que le libéralisme est une bonne chose mais que la bonne
recette est le socio-libéralisme. On ne sort pourtant pas de la pensée unique
qui offre un panoplie de variantes qui permettent à des hommes et des femmes
politiques de surfer sous un seul drapeau, le Système.
François Fillon a une
politique d’austérité, surtout orientée vers la diminution des dépenses
publiques et du nombre de fonctionnaires, le retour aux 39 heures et la fin des
régimes spéciaux. Le programme est sérieux mais risqué. D’abord l’augmentation
du nombre d’heures hebdomadaires de travail, n’a de sens que si le marché le
permet. Le travailleur français a fait 1482 heures dans l’année 2015 (Statistiques
OCDE), et le graphique ci-contre montre que nous sommes parmi les pays où le
nombre d’heures travaillées est un des plus faibles avec le Danemark mais
surtout l’Allemagne. Si à première vue nous partons avec un handicap par
rapport aux autres pays contre lesquels nous sommes en concurrence, l’Allemagne
s’inscrit comme le pays travaillant le moins mais ayant l’un des meilleurs
résultats du commerce extérieur dans le monde. La réponse n’est donc pas si
simple.
La réponse ne devient
pas plus évidente si l’on regarde la durée hebdomadaire du travail. La France cette
fois se place beaucoup mieux devant l’Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas, l’Italie,
la Belgique, l’Irlande et la Suisse. Il est remarquable de noter que l’Allemagne
produit moins d’heures travaillées et a une durée de travail hebdomadaire plus
faible que la France. On ne sent pas par rapport à ce pays ce qui crée une
telle différence économique. Par contre on note que les pays en difficulté
comme le Portugal et la Grèce travaillent beaucoup plus que les autres… pour un
résultat moindre.
Il faut donc savoir
après quoi l’on court avec l’augmentation de la durée annuelle du travail ou de
la durée hebdomadaire. Le chômage est affiché comme l’objectif chez Hollande et
Fillon. On parle d’inverser la courbe du chômage. En effet le taux de chômage
moyen de l’UE est de 8,5% et nous en sommes à 10,2% en septembre 2006, soit le
même chiffre qu’à la fin 2015. Il y a donc bien une raison impérieuse de
diminuer notre taux de chômage. Seuls l’Espagne, l’Italie, le Portugal et la
Grèce font plus mal que nous.
Le croisement des
données ci-dessus du nombre annuel d’heures travaillées et du taux de chômage mérite
d’être fait pour voir s’il y a un lien de cause à effet. Malheureusement s’il y
a effet c’est en sens inverse de celui souhaité. Le nombre d’heures travaillées
aurait tendance à augmenter plutôt le taux de chômage. Ceci ne semble pas être
le cas pour le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Suisse, les États-Unis et le
Japon. Au passage on voit que la France en rouge sort du lot dans le mauvais sens avec l’Espagne
et la Grèce. Le nombre d’heures annuelles de travail n’est donc pas la
solution.
Aurons-nous
plus de succès avec l’augmentation de la durée du travail ? Le graphique
ci-contre montre de même que la relation n’est pas évidente et même peut être
en sens inverse. La conclusion s’impose. Ce n’est ni dans la durée hebdomadaire
du travail, ni dans l’augmentation du nombre annuel d’heures travaillées que se
trouve la solution du chômage. On pouvait s’en douter par l’utilisation du
simple bon sens. Dans un contexte défavorable de la demande, donc de croissance
molle, cette politique ne peut pas être appliquée. Pas de marché, pas de
travail. Dans ce cas ce que l’on gagne en emplois d’un côté sur la compétitivité
qui gagne quelques marchés est reperdu par la mise à pied de travailleurs due à
l’augmentation des heures travaillées. Alors après quoi courre-t-on ? nous
en parlerons dans le prochain article.
L’augmentation des heures travaillées n’est
pas une solution
Pour tout ce qui concerne le domaine
productif
Dans le domaine de l’emploi alors
A quoi cela sert-il ?
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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