Dans les deux premiers articles j’ai
procédé à une analyse des mesures des deux candidats de la primaire de droite
concernant la lutte contre le chômage et le retour à une croissance permettant
à la France d’alimenter ses tâches régaliennes de défense, de sécurité, de
justice, de santé, etc. et finalement de diminuer la dette publique. Parmi les
mesures phares l’augmentation de la durée hebdomadaire et annuelle du travail ont
été annoncées par François Fillon. Ces mesures sont dans le droit fil des
directives de la troïka UE, BCE, FMI dont on voit les ravages en Grèce et au Portugal.
Par ailleurs elles sont particulièrement impopulaires. L’analyse que j’ai
présentée sur leur effet sur le taux de chômage et le PIB/habitant montre sans
ambiguïté qu’elles sont contreproductives, toutes choses égales par ailleurs.
J’insiste sur ce dernier point car François Fillon présente une liste beaucoup
plus vaste de mesures à prendre. Cependant on peut déjà affirmer que ces deux
mesures d’austérité ne sont pas les premières à mettre en œuvre.
On
pouvait sans douter dans la mesure où nous sommes dans une croissance molle qui
ne permet que de maintenir le taux de chômage au niveau atteint en 2015 grâce à
des aides de l’Etat à l’emploi et à des mises en formation qui au passage
diminuent le nombre de chômeurs de la catégorie A, catégorie sur laquelle se
focalisent les annonces médiatisées. L’étude précédente montre également que la
France est très en retard sur la production de richesse par heure travaillée
par rapport aux autres pays européens mais que cela ne nécessite ni d’augmenter
les heures travaillées annuelles, ni la durée hebdomadaire de travail.
Inversement la Suède valorise beaucoup mieux que la moyenne les heures
travaillées et pourrait même envisager de diminuer le nombre d’heures et la
durée hebdomadaire du travail pour ramener son résultat dans la moyenne
européenne. Elle ferait ainsi diminuer le chômage et donnerait au travailleur
un retour de ses efforts.
Pour
la France, il faut regarder les réussites de pays comme l’Allemagne, la Suisse
et surtout l’Irlande. Pour l’Allemagne on peut penser que la robotisation plus
poussée et l’utilisation des pays européens à faible coût salarial sont parmi
les principales raisons. Mais il faut aussi tenir compte de monopoles comme par
exemple dans les machines-outils. Pour la Suisse, l’industrie chimique et
pharmaceutique est un créneau porteur et très rentable. Le cas le plus
intéressant est l’Irlande, dont on sait qu’elle a demandé une dérogation à l’UE
pour pratiquer une politique de charges minimales sur les entreprises. C’est
sur ce point que la France doit faire un effort particulier. Toutefois ceci
engendre un manque à gagner pour l’Etat qui doit être compensé par une hausse
de la TVA, laquelle plombe un peu plus la consommation intérieure. Or celle-ci
représente l’essentiel de notre production. Par ailleurs l’effet sur la
compétitivité de nos entreprises ne sera pas immédiat. Dans un premier temps
nous supporterons les deux inconvénients de l’augmentation du déficit public et
de la baisse de la consommation intérieure.
Par contre
les mesures consistant à donner moins de contraintes administratives, et en particulier
l‘allègement du code du travail permettant de donner une plus grande
adaptabilité au marché du travail pour les entreprises, est bénéfique. Tout ce
qui concerne l’aide à la recherche et à l‘innovation est aussi bénéfique à
condition que les sommes allouées aillent bien vers cet objectif, d’où l’obligation
d’un contrôle sévère. Il en est de même pour tout ce qui concerne l’apprentissage
dans la réforme prévue de l’Éducation nationale et le retrait du principe de
précaution. On voit que l’effort demandé au monde du travail sur les durées
hebdomadaires et annuelles n’a de sens que si nos entreprises fournissent un
bond de croissance donc un besoin de main-d’œuvre. Sinon il peut amener à un
schéma à la grecque et des mouvements sociaux ravageurs. Il faut ajouter à cela
que la fermeture de centrales thermiques par l’accroissement des énergies
renouvelables dans la politique énergétique est techniquement irréalisable et
que le coût du kWh ne peut qu’augmenter ainsi que les subventions à cette forme
d’énergie comme je l'ai montré dans un précédent article.
C’est
pourquoi un plan de relance de l’économie a peu de chance d’aboutir si un gros
coup de pouce n’est pas donné pour la booster immédiatement. Seul le jeu sur la
monnaie peut le faire, les autres mesures sont trop lentes à produire leur
effet et surtout ne pourront pas être à la hauteur de l’effort à fournir. C’est
sur ce point que le programme de la droite va achopper. Juppé ne touchera à
rien et Fillon repense à une nouvelle Europe basée sur la zone euro, donc deux
Europe, celle de la zone euro et celle de la zone UE hors euro. D’une part on
voit mal la véritable amélioration dans les prises de décision en passant de 28
à 18 pays, et d’autre part le handicap de l’euro dans les échanges entre
partenaires, dont l’Allemagne, et par rapport aux autres pays, n’est pas
résolu. Le rassemblement sur les six pays fondateurs de la CEE, en ajoutant
éventuellement l’Espagne, aurait plus de crédibilité concernant son efficacité
à aller vers une union commerciale, militaire, policière, sociale et de
politique étrangère commune.
Fillon
se déclare souverainiste ce qui est une bonne chose mais on ne peut vraiment
tirer parti de cette position si l’on ne casse pas les liens avec l’UE que
maîtrise la BCE, et les banquiers judéo-anglo-saxons auxquels nous n’avons pas
échappé depuis Georges Pompidou. Fillon, invité dans le groupe Bilderberg, a
lui-même déclaré en privé : « C’est là qu’est la pouvoir ». Le rapprochement avec la
Russie est évidemment indispensable pour que la France reprenne sa stratégie
historique de balance entre l’Est et l’Ouest. Ceci étant, nos liens peuvent s’étendre
jusqu’à la Chine, très liée à la Russie désormais. On s’ouvre ainsi un marché
asiatique énorme avec aussi des grands pays comme l’Inde, l’Iran, le Kazakhstan.
En dehors du problème de l’EI, qui y trouverait un apport de cohérence dans la
lutte et la fin du double jeu auquel nous nous sommes prêtés, la France ne peut
pas se réindustrialiser sans une ouverture sur d’importants travaux d’infrastructure
et un marché asiatique qui tient l’avenir de ce XXIème siècle. La Russie est l’une
des portes que nous ne pouvons pas négliger et notre civilisation en est plus
proche que de la Turquie.
Les
français ont senti qu’il fallait sortir de la politique socio-libérale molle,
porteuse de mesures sociétales et sécuritaires hasardeuses, en prise avec l’écologisme,
et oscillant entre social et libéral sans progresser réellement ni dans l’un ni
dans l’autre. Le tout était couronné par une politique étrangère de plus grande
vassalité aux États-Unis. Le rebond démocratique est évident et le peuple
aspire à être plus consulté sur les grandes décisions qui engagent son avenir
en tant que nation. Le référendum sur la Constitution Européenne a laissé des
traces ainsi que le rejet de celui sur le mariage pour tous. Ceci étant, les
propositions de la droite par un homme, qui a conduit le pays pendant 5 ans en
tant que Premier Ministre chargé de la mise en œuvre de la politique
socio-économique, laissent des interrogations, car le carcan de l’UE et de l’euro
nous ont conduit dans le mur. Même si nous avons mieux résisté que la Grèce, le
Portugal, l’Espagne et l’Italie, la France a régressé sur l’échiquier mondial, sa
voix est de moins en moins entendue et sa vassalité de plus en plus
contraignante.
Le geste démocratique de la primaire reste
dans la gueule du loup
Mais la droite saura-elle éviter qu’elle
nous emprisonne
Dans les crocs acérés des puissances de
l’argent ?
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire