Il y avait cinq grands sujets à débattre, dont
dépendent tous les autres y compris l’économie, la sécurité et le social. Ce
sont l’UE, l’euro, l’immigration, l’islamisme et le radicalisme, qui méritaient
d’être longuement débattus. Si les débats de la primaire de droite ont un peu abordé
les problèmes amenés par l’immigration, l’islamisation et le radicalisme, le
Frexit a été écarté d’un revers de main, le comportement de la France dans l’UE
effleuré par François Fillon, la sortie de l’euro diabolisée par une seule
phrase assassine, « ce serait catastrophique ».
Donc ce postulat ne mérite aucune explication. Il ne faut évidemment pas
espérer que la primaire de gauche soulève un tant soit peu la chape de plomb
jetée sur la France sur laquelle on lit « paix, prospérité, socialisme » et non « conflits, austérité, inégalités ».
Si cela est, c’est que nous n’avons pas assez d’Europe, il faut plus d’Europe. Le
Brexit cela regarde les britanniques et pas nous. Si Trump fait du protectionnisme,
c’est son affaire, pas la nôtre.
D’ailleurs
l’évocation du contrôle de nos frontières n’est pas du protectionnisme mais une
obligation si l’UE ne garantit pas ses propres frontières. Je ne ferme pas ma
maison si mon jardin est clos. Qui pratique cela dans le XVIème et à la
Seine-Saint-Denis ? Dans protectionnisme, il y a le mot protection, ce que
certains semblent oublier. Je ferme ma porte et je mets à disposition un
digicode dont je donne le code à ceux que j’autorise à rentrer. Je dispose même
un micro ou une vidéo qui me permet de faire entrer qui je veux, même sans le
code. Ce n’est pas du protectionnisme, mais de la protection disent-ils. Fillon
dit mettre un contrôle sur l’arrivée de capitaux des pays du Golfe sur notre
patrimoine, nos terrains et nos entreprises. Ce n’est pas du protectionnisme,
mais de la protection dit-il. Fillon veut limiter l’arrivée de l’immigration
aux demandeurs d’asile politique et à ceux correspondant à nos besoins. Ce n’est
pas du protectionnisme, mais de la protection dit-il. Il aide les entreprises,
en particulier les plus innovatrices, pour empêcher les produits étrangers de
remplacer les nôtres. Ce n’est pas du protectionnisme à l’américaine, mais c’est
de la protection du « Made in France ».
Alors
le protectionnisme c’est quoi ? C’est ce geste imbécile du « repli sur soi », le « laissez-moi tranquille, je ne veux voir
personne ». C’est le communisme à la mode de Staline et de Mao Tsé-Toung
en somme ? Oui, quand le protectionnisme est demandé par ceux qui veulent
remettre en cause les traités de l’UE, voire à en sortir pour rester maîtres
chez eux. Dans ma commune, je respecte les lois et les arrêtés municipaux, mais
je ne veux pas que le maire me dise combien je dois dépenser, qui je fais
entrer, quels produits je dois acheter. L’Europe des nations ou des peuples n’est
pas autre chose et le protectionnisme caricaturé n’a pas de sens. On ne doit
pas être obligé de rajouter au protectionnisme l’adjectif « intelligent ».
C’est assez désobligeant d’être pris pour un « con ».
Le
protectionnisme imbécile est tout aussi malfaisant que le libéralisme fou. La maison
toujours fermée finit par sentir la mort. La maison ouverte à tous vents finit
par se détruire de l’intérieur. Nous commençons à percevoir que la création
illimitée de liquidités et la libre circulation des capitaux dans un réseau
mondial de banques, plus ou moins liées aux paradis fiscaux, nous mène vers une
catastrophe bancaire d’une telle ampleur que les États prévoient de ponctionner
l’épargne des citoyens, ce qui ne sera sans doute même pas suffisant. L’immigration
sauvage, plus ou moins clandestine, pousse une vague qui prend la forme d’un
tsunami. L’Allemagne referme ses portes, d’autres élèvent des murs. Même la France,
qui ne fait pas rêver, doit pousser les uns vers le Royaume-Uni et repousser
les autres vers l’Italie. Nos entreprises disparaissent plus qu’elles ne se
créent et encore ce sont les microentreprises qui forment de plus en plus notre
tissu « productif » où les services sont de plus en plus représentés.
Les grandes usines de productions de base nous échappent de plus en plus. Les
français achètent du chinois, du taïwanais, du coréen, etc.
On
nous parle des énergies vertes, qui n’ont de vert que la vertu de coûter cher,
comme une source de développement économique, alors que ce sont les danois et
les chinois qui dominent le marché mondial et que nous ne pouvons acheter
français que grâce à des subventions aux entreprises et aux particuliers. Ces
aides de l’État sont en partie récupérées grâce à la taxe CSPE sur le kWh qui
ne cessera d’augmenter. Le libéralisme se met finalement des contraintes
protectionnistes tout en s’accrochant à la mondialisation heureuse, ce qui s’appelle
se cacher derrière son petit doigt. Protectionnisme et libéralisme ne peuvent
perdurer dans leur excès et le point moyen entre les deux dépend des entités auxquelles
il s’applique. J’aime prendre l’exemple du réacteur nucléaire pour raisonner
avec le simple bon sens. Le cœur du réacteur n’est qu’une simple chaudière qui
fournit de l’énergie sous forme de chaleur. C’est le libéralisme. Si le cœur n’est
relié à rien, aucune électricité ne sortira de la centrale. C’est le protectionnisme
en autarcie. C’était le cas du protectionnisme de l’URSS. Si la chaleur produite
n’est pas évacuée d’une manière ou d’une autre, il explose. C’est le libéralisme
fou sans contrainte. Pour éviter l’explosion du réacteur, on dispose de deux
outils, l’évacuation de la chaleur et le contrôle de la réaction nucléaire par
des barres plongeant au cœur du réacteur. C’est le cas du libéralisme contrôlé…
ou du protectionnisme intelligent.
Cela
ramène au débat sur l’UE qui cherche soit à imposer des contraintes inadaptées
aux pays sur lesquels elles s’appliquent, soit ouvre tout grand le libéralisme
vers le monde extérieur. Pour que les contraintes ne soient pas ressenties
différemment d’un pays à l’autre, il ne faut qu’un seul pays, l’Europe. C’est
le cœur du projet européen, voulu par les États-Unis et promu par Jean Monnet.
Ne pas vouloir y arriver en adoptant des mesures protectionnistes, c’est
détruire l’UE, ce contre quoi le Système agira de toutes les forces de sa
puissance financière. C’est pourquoi le débat de l’UE est celui de savoir si
nous voulons une Europe fédérale ou une Europe des nations. Ce débat est
occulté car on veut masquer l’échéance voulue du fédéralisme en prenant sans le
dire des mesures à caractère protectionniste.
L’Europe
des nations est à base confédérale dans laquelle la monnaie unique n’est pas
imposée mais choisie ou non par les nations. Ce sont la civilisation commune, les
relations avec l’extérieur et les traités de défense qui en sont le ciment.
Elle peut même être à géométrie variable avec un cœur où les objectifs communs
sont les plus consensuels, et autour des traités multilatéraux ou bilatéraux
qui élargissent le domaine d’influence et de renforcement des liens entre pays
européens. L’AELE (zone de libre-échange antérieure et extérieure à l’UE) et l’EEE
(Espace Economique Européen) y trouvent naturellement leur place sans être des
verrues ne respectant pas le schéma général. Ce débat de fond qui touche aussi bien
aux relations avec la Russie et la Chine (ennemis proclamés par les USA), qu’aux
relations avec l’OTAN dont la lutte contre l’EI, n’a pas eu lieu. Il a toutes
les chances d’échapper à la primaire de gauche. Ceci montre bien que gauche et
droite ont la même dépendance à l’UE et
aux États-Unis pour 90% des sujets rythmant la vie des français, c’est-dire les
directives de l’UE fournissant 80% de nos lois et les « recommandations-obligations »
que les États-Unis font passer par l’UE et l’OTAN.
La nécessité d’avoir
un noyau de partis, aujourd’hui habilement repoussés aux extrêmes, remettant en
cause le Système, est absolument indispensable si l’on veut sauver notre
démocratie et notre identité. Ces partis sont diabolisés, depuis longtemps pour
le FN et plus récemment pour le Front de Gauche et les souverainistes,
ne méritent le nom d’extrémistes que parce qu’ils contestent la pensée unique
des choix faits par les gouvernements depuis quarante ans. Alors que la pensée
unique, grâce aux primaires, va monopoliser les médias et les heures de
diffusion en dehors de tout quota du CSA, les autres partis doivent se
contenter de fenêtres de tir chichement attribuées. La démocratie
fonctionne-t-elle réellement ? Ce fut malgré tout le cas pour le Brexit et
Trump, est-ce un signe encourageant pour la victoire du NON chez nous ?
Les primaires de droite et de gauche sont
utiles…
A la pensée unique qui monopolise les
médias,
Oriente les débats sur ses propres crédos
Dans une précampagne hors quotas
Des heures dans les médias.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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