L’élection
de Donald Trump a déjà eu plusieurs effets positifs pour nous. Le premier est
la nécessité de relancer le dialogue avec Poutine pour trouver des solutions
plus concertées aux problèmes mondiaux et en particulier en ce qui concerne les
conflits en Ukraine et au Moyen-Orient. Le second est la nécessité de rétablir
des frontières permettant le contrôle le plus strict possible de l’immigration.
Le troisième est le coup de pied dans le dogme du réchauffement climatique et
le refus de se plier automatiquement à des directives mondiales non négociables,
comme celles de l’ONU. Le quatrième est le retour à une forme de protectionnisme.
Je dis bien à une forme de protectionnisme car tout est là dans l’opposition
entre un mondialisme sans contrainte et un protectionnisme conduisant à une
forme d’autarcie à la mode URSS. Ce dernier point a une résonnance particulière
pour nous puisqu’il bat en brèche la mondialisation européenne qui est à la
base de la création de l’UE. Le soutien que le Brexit a apporté au discours de
Trump est indéniable. Au-delà du protectionnisme, l’utilité de l’UE est remise
en cause.
La
pensée unique gauche-droite ne manque pas de chercher à tuer toute idée de
protectionnisme pour sauver l’UE et l’OTAN. Or sur ce dernier point Donald
Trump a remis en cause la nécessité de l’OTAN et en tous cas le fait que les
Etats-Unis en soient le principal support. La nécessité de l’OTAN ne perdure que
par une guerre froide alimentée en permanence avec la Russie par les
Etats-Unis. Cet acte de stratégie permet encore à ces derniers de mettre la
main sur l’UE, d’être au plus proche des ressources énergétiques du
Moyen-Orient, d’apporter son soutien à l’expansion continue d’Israël qui n’a
pas abandonné son projet du Grand Israël et d’être en mesure de fomenter toutes
les actions de déstabilisation de la Russie qui a le tort de retrouver du poids
dans la conduite des affaires du monde. A travers la politique de recentrage
des Etats-Unis sur lui-même, l’utilité de l’UE et de l’OTAN est remise en cause.
C’est donc la libre circulation des hommes et des biens, ainsi que notre
engagement dans les guerres extérieures derrière les Etats-Unis qui est en
cause. C’est aussi l’affirmation qu’un pays reste maître chez lui et n’a aucune
obligation de se conformer à des directives mondiales ou européennes, ceci reste
un choix dont on a le devoir de juger s’il est bénéfique ou non pour la nation.
La politique
de protectionnisme va donc beaucoup plus loin que le simple échange des biens
pour les pays de l’UE. La remise en cause du TIPP est déjà en cours et la COP22
tremble de voir une attitude américaine qui remet en cause les dépenses
somptuaires engagées et à engager pour une affirmation pseudo-scientifique qui
demande encore beaucoup de précautions avant d’engager le monde dans ce qui
peut être une impasse sauf pour les lobbies qui en tirent parti. Le péril est
donc grand pour les politiques européens qui se gardent bien de remettre en
cause le triptyque UE-Euro-OTAN. Taper sur le protectionnisme permet de masquer
le grand débat politique sur le choix de l’UE et de l’OTAN, et est un argument
commode du « repli sur soi » à connotation très négative. Elle l’est
d’autant plus que le protectionnisme est présenté comme une situation d’isolation
dans une chambre stérile dont rien ne peut entrer au sortir, ce qui est une
déformation volontaire des propos de Donald Trump.
Le
protectionnisme est une forme de conduite d’un pays qui l’autorise à mettre des
frontières utiles pour sa défense, le flux migratoire, l’échange de produits et
de services et la circulation des capitaux. Le protectionnisme n’est pas un mur
mais un filtre plus ou moins efficace et ne conduit à l’autarcie que dans son
application extrême. Le protectionnisme défend l’idée de nation que le
mondialisme veut effacer au profit d’un grand marché mondial sans contrainte en
partant de l’idée que cela est profitable à l’ensemble de l’humanité. L’utilisation
du mondialisme dans l’UE montre à l’évidence qu’il n’en est rien. Un seul pays,
l’Allemagne, tire les richesses des autres et le flux des richesses pompe l’argent
du bas vers le haut. Le mondialisme n’est pas égalitaire mais accentue les
disparités entre les différentes entités qui y adhèrent. Le protectionnisme est
au contraire une forme de régulation de la circulation des hommes, des biens et
des capitaux qui permet de tenir compte des différentes situations dans
lesquelles se trouvent les pays concernés. On peut parler d’une circulation
librement choisie de l’argent, des biens et des hommes. Or le protectionnisme
est vilipendé sous prétexte d’un retour en arrière et sous la forme du tout ou
rien.
Le
protectionnisme c’est au contraire la souplesse nécessaire dans les décisions
des États. C’est le protectionnisme qui permet de définir la qualité des
migrants que nous devons accepter. On sait que dans le flot de migrants
seulement 13,7% fuient la guerre « civile »… à laquelle participe de
nombreuses nations du globe. L’application strict du droit d’asile et le choix,
parmi ceux qui n’y ont pas droit, aurait permis de limiter l’invasion que nous
subissons au nom des Droits de l’Homme, droits extensifs à souhait. Le
protectionnisme aurait permis de ne pas mettre en concurrence des entreprises agricoles,
industrielles ou artisanales françaises, qui travaillent essentiellement pour
la consommation interne, avec des entreprises étrangères. Le résultat est une
désertification des entreprises par mort ou délocalisation pour celles qui le
peuvent. L’agriculture n’étant pas délocalisable, elle prend de plein fouet la
mondialisation et ne survit que grâce aux aides européennes et françaises dont
elle dépend. C’est une situation précaire et économiquement non saine.
Le
protectionnisme nous aurait permis de ne pas prendre l’euro dont on voit bien
avec l’exemple de pays comme l’Islande, la Norvège, la Suède, le Danemark et le
Royaume-Uni, que cette décision ne nous a pas apporté un regain de croissance
ni un affaiblissement de la dette publique, ni une augmentation relative du
PIB/habitant. Le protectionnisme subit, comme le souverainisme, l’opprobre à
priori sans qu’un débat soit clairement ouvert avec l’apport d’économistes de
renom. Donald Trump vient de lui donner un sérieux coup de pouce mais le
Système veille et l’éclosion d’un véritable tournant est encore loin vu les
chances présidentielles des candidats du Système. Le trio Sarkozy, Juppé,
Fillon a en effet été adoubé par les Maîtres du Monde et il leur sera difficile
de ne pas leur obéir. Néanmoins une brèche est ouverte, comme pour le
réchauffement climatique, et il est possible d’espérer en une lente évolution.
Si
le peuple fait un vote comme l’ont fait les britanniques et les américains, un
paysage nouveau va sortir des ténèbres. Trump et Poutine sont prêts à en
découdre autour d’une table, et non par les armes, en affichant tous deux qu’ils
défendront les intérêts de leur pays mais avec l’objectif de trouver un terrain
d’entente. Même si des paroles aux actes il y a un grand pas à faire, nous n’avions
pas entendu de telles paroles depuis le début des printemps arabes. Ces deux
dirigeants, à leur manière, sont des adeptes du protectionnisme, car ils
croient aux spécificités de chaque pays que le mondialisme, qui veut nous
pousser vers une globalisation synonyme de gouvernement mondial, ne peut ni ne
veut respecter.
A l’heure des principes de précaution,
les pays doivent se protéger
D’un mondialisme qui fait la part belle
au monde de l’argent
Et n’est en fait qu’une gigantesque
pompe aspirante
De l’argent de ceux qui produisent les
richesses
Dont une caste privilégiée se repaît.
Le protectionnisme leur déplait.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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