La survie de l’UE est
posée en 2016, tout semble en effet y concourir. Pourtant à cette force de
dislocation s’oppose une force centripète puissante, c’est celle qui a permis
sa création, celle des États-Unis mus par des forces militaro-économico-financières
qui agissent depuis la première guerre mondiale. Cette pression s’est concrétisée
grâce au financement
américain d’un projet britannique de construction européenne, parrainé par
Churchill. Il a très vite abouti à la création du Conseil de l'Europe en 1949, mais
a été fatalement marginalisé l'année suivante par la déclaration Schuman du 9
mai 1950 qui annonçait la création de la Communauté européenne du Charbon et de
l'Acier. Cette CECA, qui selon Robert Schuman, représentait «le premier pas vers la fédération européenne»,
avait pour but d'exclure le Royaume-Uni, qui était pourtant le plus grand
producteur de charbon et d'acier en Europe à l'époque mais dont l'hostilité au
fédéralisme était notoire. Aujourd'hui encore, l'Union européenne fête le 9 mai
comme le jour de sa fondation, et non pas le 5 mai qui était, en 1949, la date
de la création du Conseil de l'Europe qui est essentiellement une légère
structure intergouvernementale.
Comme l’écrit John Laughland, directeur des Etudes à l'Institut de la
Démocratie et de la Coopération (Paris), philosophe, historien et de
nationalité britannique : « La
CECA était aussi la façon dont les Américains voulaient réconcilier les
Français à la perspective d'un réarmement allemand cinq ans après la fin de la
guerre. Le projet d'intégration européenne de type fédéraliste et supranational
n'est donc aucunement un instrument de la paix, comme on nous le répète depuis
60 ans: il est, au contraire, un instrument de guerre, en l'occurrence de la
guerre froide. » La création de l'euro au sommet de Maastricht en
décembre 1991, et la décision prise au même sommet de démanteler la Yougoslavie
en reconnaissant la Croatie et la Slovénie, a fait de l'Union européenne et de
l'OTAN, agissant ensemble, le nouveau hégémon géopolitique en Europe centrale
et orientale. Alors il faut s’attendre à de terribles soubresauts imposés aux
pays centrifuges de l’Europe continentale comme la Hongrie, qui montre des
signes de volonté de souveraineté, et la République tchèque qui regarde le
Brexit avec intérêt et menace d’un référendum sur son appartenance à l’UE. L'UE
et l'OTAN sont des frères siamois issus de la volonté américaine d'avoir une
tête de pont sur le continent eurasiatique en vue de le dominer.
La volonté américaine est de faire de
l’Europe son pré-carré, un glacis à ses ordres, un terrain de déploiement de sa
force militaire et économique face à la Russie. Cela lui évite d’exposer
directement son peuple. Le renforcement de ses échanges commerciaux avec la
Russie en même temps qu’elle impose à l’Europe la prise de sanctions envers ce
pays en dit long sur les intentions américaines. C’est coup double, l’économie
américaine y trouve son compte et l’Europe est affaiblie économiquement. Cela
en dit long aussi sur la vassalité française qui en remet une couche
personnelle avec l’affaire des Mistral. Le but est surtout d’empêcher la
création d’un bloc eurasiatique.
La porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, Maria
Zakharova, dans l’émission « In the Now » (RT) de Anissa Naouai, a d’ailleurs
parfaitement décrit le processus en cours et les inquiétudes du peuple russe
que nous devrions partager : « D’une manière générale, je crois que nous sommes allés trop vite en
disant que le calendrier des Mayas avait tout faux [en annonçant la fin du
monde]. Il se peut qu’ils aient eu raison parce que ce à quoi nous assistons en
ce moment, ce sont des mouvements tectoniques dans les relations et sur la
scène internationales. Cela ne concerne pas qu’une région, qu’un continent, c’est
un mouvement global, une redistribution des forces dans le monde. Du moins,
tout l’indique, et malheureusement la tendance ne fait que s’amplifier. »
« A la base [de ce mouvement],
on trouve certains pays, – et on peut les nommer ouvertement, – et leur décision
de remettre en question les principes fondamentaux des relations entre les
nations et leur interaction. Ils ont cherché à réduire, à détruire certains
principes, comme le respect mutuel entre États, l’intégrité territoriale, la
souveraineté des autres pays, la non-ingérence dans les affaires d’autrui. Ces
principes sont inscrits dans la Charte de l’ONU [...] et se retrouvent
aujourd’hui en danger. » « Ce qui se passe aujourd’hui avec la
situation des “migrants”, – ou, pour appeler un chat un chat, des “réfugiés”, –
c’est un exode du Moyen-Orient. La situation du Moyen-Orient et la montée du
terrorisme, ne sont que des signes avant-coureurs de ce qui va arriver, qui
nous montrent ce à quoi le monde va aboutir... [...] Bien sûr, je ne veux
pas jouer les Cassandre mais, comme je l’ai dit, ce ne sont que les premiers
symptômes... »
On ne peut que souscrire à
cette analyse, dont les mots sont pesés de la part d’une représentante
officielle du gouvernement russe. Elle traduit les convictions intimes de
Poutine et il y a beaucoup à dire sur les derniers objectifs 2015 de l’ONU qui
viennent clairement indiquer qu’ils sont la justification de ce plan. Nous en
reparlerons. Comme nous le constatons, nous entrons dans la période des grands
dangers entre une conception unitaire du monde à laquelle les États-Unis
travaillent depuis longtemps poussés par les puissances de l’argent et une
résistance désormais importante de pays qui veulent s’en abstraire. Ils
représentent aujourd’hui une force et une détermination qui est un véritable
affrontement sur le plan monétaire, économique, et militaire.
La stratégie de pourrissement
de tous les pays pouvant rejoindre cette volonté d’indépendance dans un monde
multipolaire sont ou seront l’objet de cette tactique qui a pris un nom
générique de « printemps arabe » mais
qui n’est que l’application de la théorie du chaos. Les tentatives de
déstabilisation concernent tous les pays limitrophes de la Russie, Ukraine bien
sûr mais tous les autres dont la Biélorussie. Mais ceci s’étend sur le
Moyen-Orient, le Maghreb où l’Algérie est visée avec l’installation d’une Libye
aux ordres de l’Empire et de son bras caché, Daech. On voit même que les BRICS (Brésil,
Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) sont dans le collimateur quand on lit que
l’Afrique du Sud vient de se plaindre d’ingérences américaines de
déstabilisation dans son pays. Chaque pays devra choisir son camp mais il
semble bien que nous n’ayons pas choisi le bon au nom de la vassalité
protectrice… mais dévoreuse !
La France avait choisi le camp de la Liberté,
Elle a préféré celui de la vassalité,
L’addition sera Corsée !
Claude
Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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