Ceci
n’est sans doute qu’un rêve prémonitoire, mais ce 20 février au matin David
Cameron vient d’emporter dans son cartable la destruction des principes
fondateurs de l’UE et de signer l’avènement d’une nouvelle Europe, l’Europe à
la carte. Cameron a obtenu un accord a minima qui brille par le flou des textes,
hors celui sur les prestations sociales aux étrangers, tant sur la souveraineté
du Royaume-Uni que sur la gouvernance économique et la compétitivité. Toutefois
il a fait reconnaître un droit des pays à discuter les conditions de leur
appartenance à l’UE. Par ailleurs la Grèce a mis en lumière les problèmes que
posent les discussions avec la Turquie pour son entrée dans l’UE alors que les
problèmes du flux migratoire entre ces deux pays sont au centre des
préoccupations de toute l’Europe et de la Grèce en particulier. La fronde des
pays de l’Est s’est manifestée une fois de plus et l’UE sort fragilisée de cet
accord qui a finalement peu de chances de convaincre les eurosceptiques
anglais.
L’UE vient d’entrer dans une phase de
décomposition dont on ne sait pas si c’est les difficultés grecques ou italiennes,
le Brexit, les troubles intérieurs ou les banques de l’Allemagne ou la fronde d’un
bloc européen de l’est qui vont précipiter son éclatement. François Hollande a
fait transparaître l’idée d’une constatation pure et simple du Brexit et d’une
recomposition de l’Europe sur un ensemble plus restreint de pays fondateurs plus
proches socialement et économiquement vraisemblablement. La construction d’une
Europe à plusieurs vitesses sur les cendres de l’UE commence à poindre. J’en
avais évoqué la perspective il y a deux ans. Cela reprend une idée de Fabius,
celle des cercles concentriques, sans doute la meilleure idée qu’il ait eue,
mais malheureusement jetée aux oubliettes. La constitution de ce noyau pose
toutefois des difficultés par rapport à la monnaie, à la suprématie allemande,
aux Etats-Unis, donc à l’OTAN. La logique voudrait que l’on reparte de zéro en
dénonçant les traités car, comme chacun sait, la création du neuf est toujours
plus aisée que les replâtrages. Encore faut-il que l’on ait défini ce que l’on
veut reconstruire.
Il
faut d’abord clarifier notre idée de l’Europe, à savoir si l’on veut une Europe
fédérale ou confédérale. Le sentiment d’appartenance n’est pas du tout le même
et la seconde solution laisse une souveraineté aux Etats. Ils peuvent choisir
les sujets de rapprochement qui donnent un avantage à tous les signataires par
libre consentement. Le schéma de la Suisse est conforme à l’idée de démocratie.
C’est sans doute le seul pays européen où le peuple applique réellement la
démocratie et affirme, bec et ongle, son indépendance par rapport aux pressions
extérieures qu’elles soient européennes ou étasuniennes. Le schéma du
fédéralisme a montré que les conditions actuelles étaient loin d’être requises
pour permettre un rapprochement centripète harmonieux et paisible. L’UE meurt d’un
constat centrifuge. Un ensemble de ce type ne réunirait guère que la France, la
Belgique, le Luxembourg, l’Italie et l’Espagne pour lesquels il n’est même pas
sûr qu’une monnaie unique en fasse un ensemble pérenne. On voit de suite que l’introduction
de l’Allemagne implique une monnaie nationale ou commune mais pas unique. Sinon
ce pays continuerait à ponctionner les richesses des autres par sa suprématie
économique.
La
politique française actuelle de rapprochement de l’Allemagne, pour en faire
soi-disant le noyau dur de l’Europe, n’est pas compatible avec un schéma
fédéral avant longtemps incluant ce pays. La solution confédérale d’un ensemble
méditerranéen de départ avec les pays cités plus haut et l’introduction d’une
monnaie nationale ou mieux commune remplit l’essentiel des conditions
intérieures de fonctionnement. Mais les conditions internes ne suffisent pas à
permettre une évolution positive d’un tel attelage. La géopolitique doit être
définie sous peine de ruiner l’espoir d’une indépendance globale de ces pays. L’Europe
est de tout évidence le pré-carré des Etats-Unis. L’arrivée de milliers d’hommes
et d’armements supplémentaires dans l’UE, sous prétexte de la dangerosité de la
Russie, ainsi que leur insistance pour la signature du Traité transatlantique
de libre-échange, sont assez clairs. Ils viennent simplement nous rappeler que
l’UE est une création de la volonté américaine. Accepter de continuer dans une
attitude servile et blottis sous le parapluie de l’OTAN condamne toute velléité
de comportement indépendant.
Le découpage
de l’UE en plusieurs blocs, méditerranéen, germanique, Europe de l’est par
exemple doit de tout évidence définir les relations inter blocs et la politique
étrangère de ceux-ci. L’idéal serait qu’elles soient identiques ou tout au
moins compatibles mais rien ne permet d’assurer qu’il en soit ainsi dans l’état
actuel des choses. Toutefois l’idée de donner à cette nouvelle Europe un rôle
de médiateur entre l’Amérique du Nord et la Russie mènerait à terme à une autre
conception de la politique étrangère. Le fait de se détacher de la tutelle
américaine renforcerait automatiquement les liens avec la Russie qui n’attend
que cela. On ne peut écarter l’idée qu’à terme l’avenir va vers une Europe de
Lisbonne à Vladivostok, tout y tend sur le plan géographique, économique,
culturel, et cultuel. Les ressources minières de la Russie et le savoir-faire
des pays européens occidentaux créerait un ensemble puissant et viable. Ceci
est tellement vrai que les Etats-Unis font tout pour que ceci ne puisse se
réaliser en diabolisant la Russie au risque de déclencher une guerre mondiale
en désespoir de cause.
Schengen
est déjà mort, l’euro va tuer la Grèce, le Portugal, puis l’Italie, l’immigration
et le Brexit probable mettent l’UE dans un état où le processus vital est
engagé. Nul doute que le malade a des ressources pour prolonger son agonie et l’attitude
de l’Allemagne et de la France va être primordiale. François Hollande va avoir
des difficultés à finir son mandat et Angela Merkel est déstabilisée par le
flux migratoire qui déclenche de plus en plus d’opposition de la part de ses
concitoyens et des pays de l’est. Sur fond de catastrophe bancaire et
financière mondiale prévisible, sur lente agonie d’un système monétaire
mondial, sur risque d’affrontement militaire global, l’UE aux pieds d’argile
est en voie de mutation ou de disparition.
Il n’est pas de grand ensemble qui
puisse durer
Dans une démocratie qui n’est plus
Qu’une caricature de dictature.
La France va devoir choisir !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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