Notre
nouvelle ministre du Travail El Khomri lance un pavé dans la mare du marché du
travail, pavé largement préparé par son collègue Macron dont on ménage les
prestations publiques… à moins que le Premier Ministre pense que son ministre
commence à lui faire un peu trop d’ombre. Peu importe, ces magouilles
politiques n’intéressent plus personne… sauf qu’il faudra bien que sorte du chapeau
un candidat de gauche et un de droite pour que la pensée unique trouve une
façade d’opposition sur les mêmes bases de programme. Les commentateurs s’extasient
sur les avancées de ce projet de loi pendant que les syndicats voient s’envoler
leurs prérogatives dans les accords nationaux, de branches et d’entreprises. Il
y a à boire et à manger dans ce projet dont l’intérêt est clairement dans le
sens des entreprises et nier le contraire est particulièrement vexant pour les
salariés. Ceci étant, simplifier les procédures de licenciement n’implique pas
forcément que cela soit fait au détriment du salarié. J’en veux pour exemple la
limitation des indemnités de licenciement. Cette disposition peut désengorger
les prud’hommes et permettre à l’employeur d’intégrer une somme connue dans ses
calculs de rentabilité. Cela le force à réfléchir avant de décider puisqu’il s’agit
d’un licenciement économique à partir d’une donnée sûre.
Dans
ce cas précis c’est le montant qui doit être ajusté pour permettre au salarié de
retrouver du travail dans les meilleures conditions. Pour se faire il faut
connaître le temps moyen de passage à Pôle Emploi suivant les âges. Ceci veut
dire que ce n’est pas l’ancienneté qui devrait être le critère comme prévu mais
l’âge du salarié. On sait déjà que les 30-40 ans retrouvent beaucoup plus
facilement du travail que les plus jeunes et les plus âgés. Leur licenciement
est donc moins pénalisant. Par ailleurs tout ceci devrait pouvoir être négocié
par branche car le chômage y est de niveaux très différents. On ne peut faire n’importe
quoi sous prétexte d’avantager l’employeur. Lâcher des salariés dans la nature
en sachant qu’ils ne pourront pas retrouver du travail sans être dépendants des
aides de l’État n’est qu’une mesure sociale, voire humanitaire. On peut d’ailleurs
très bien imaginer que les salariés mis à pied et indemnisés ne puissent
toucher des allocations de chômage qu’une fois leurs indemnités de licenciements
épuisés mais que la durée de leurs droits soit repoussée d’autant.
On
voit que sur cette simple disposition, il y a un travail de fond et de
concertation à faire. Or on reste dans le bricolage et la précipitation pour
marquer un coup politique, tout cela n’est pas sérieux. Lorsqu’un projet de loi
est mal préparé, on entre dans des discussions sans fin et tout cela se termine
par un texte qui n’a plus aucun intérêt et qui mécontente tout le monde. Mais
au fond le gouvernement n’en a rien à faire. Valls montre qu’il est celui qui
va au-devant des entreprises et Hollande montre qu’il fait ce que la droite n’a
pas réussi à faire… chacun prépare son avenir, si tant est que Hollande en a
encore un.
Il n’est
pas du tout sûr que ce projet tende à diminuer le chômage même si ceci permet
un petit effet sur le PIB et le commerce extérieur. Il y a deux cas bien
différents, celui des grandes entreprises et celui des petites. Pour les
grandes tout se joue dans la diminution du nombre des salariés au profit de l’automatisation
et dans la délocalisation des usines ou des produits à fabriquer totalement ou
partiellement. On voit de plus en plus de produits labellisés français qui sont
très majoritairement fabriqués à l’étranger. Ces entreprises jouent aussi facilement
sur l’optimisation fiscale. Il ne faut pas attendre d’eux une politique d’embauche
qui se limite à des effets d’aubaine.
Pour
les petites, la consommation intérieure ne progresse plus et le consommateur,
mis sciemment dans un climat de peur, a tendance à moins s’endetter. Le salarié
a peur d’aller dans des petites entreprises où il sent qu’il doit seul défendre
ses droits et où toute variation du marché peut mettre son emploi en danger. Il
n’y a pas le matelas qui permet de ne pas réagir instantanément dans les
grandes entreprises. Pour le petit employeur, il y a une grande hésitation à l’embauche
quand le marché n’a pas des perspectives solides pour les même raisons. Le
contact employeur-salarié est plus direct et plus humain et on ne met pas à la
porte sans un serrement de cœur. Cela n’a rien à voir avec le contact avec un
DRH, qui n’est qu’un salarié comme les autres mais très proche des managers.
Mais tout cela n’a de
sens que si les perspectives de croissance sont là pour globalement permettre
de donner du travail. Or que ce soit dans l’agriculture, dans la métallurgie,
le textile, la construction, etc. nos entreprises sont soumises à une monnaie
trop forte qui handicape nos exportations et favorise les importations, deux
facteurs qui sont néfastes aux entreprises françaises non délocalisées.
Certains disent qu’il n’y a aucune raison que nous ne puissions pas faire aussi
bien que l’Allemagne qui a réussi à avoir un excédent budgétaire et un énorme
excédent de 248 Mds€ sur le commerce extérieur (-60Mds€pour la France soit plus
de 300 milliards d’écart). Sur le premier point il y a le poids des dépenses publiques
d’administration où nous avons 14 points de plus que l’Allemagne (57,7% de la
richesse nationale en 2014 contre 44,1% en Allemagne). Il s’agit d’une tâche
gouvernementale. On sait qu’un fonctionnaire en moins, c’est deux emplois
privés en plus… à condition qu’il y ait du travail ! Pour le deuxième
point, on ne peut espérer regagner du terrain alors que nous continuons à nous
enfoncer sans donner un grand bol d’air à l’économie, le réajustement de notre
monnaie par rapport à l’Allemagne entre autres. On voit bien qu’il ne faut rien
attendre de lois bricolées dans la hâte qui ne traitent que les effets et pas
les causes.
Les lois bricolées et précipitées dans
des buts électoraux
N’ont aucune chance de ramener la France
Dans le sillage d’une économie saine
Et de dépenses publiques
Raisonnables !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire