Dans
la chronique précédente nous avons pu voir que le fait d’avoir une monnaie
nationale n’était pas globalement une raison d’avoir un chômage élevé, bien au
contraire. En moyenne le taux de chômage et le taux d’emploi sont meilleurs
dans la zone de l’UE hors euro que dans l’autre. Le deuxième question est de se
demander si ce n’est pas au prix d’une baisse du niveau de vie général de la
population. L’indicateur du PIB par habitant est assez significatif pour s’en
faire une idée. La comparaison entre les deux zones n’apparaît pas favorable à
la zone hors euro dont le PIB/H est globalement nettement inférieur. Toutefois
le niveau du PIB/H lors de l’entrée de nombreux pays de cette zone était très
bas.
C’est
le cas de la Roumanie qui a un niveau moitié de celui de la zone euro mais avec
une augmentation de plus de 77% depuis 2003. Ces pays ont largement profité de
l’UE. Ceci est d’autant plus intéressant qu’il a baissé de 1% depuis 2003 dans
la zone euro par rapport à l’UE ! L’Islande qui est en pleine renaissance
a subi une chute du PIB/H de 8% en 2011 depuis 2003. Mais on voit aussi que des
pays hors UE, comme la Suisse et la Norvège, ont beaucoup plus progressé que
les pays de l’UE. La Suède et la France, pays hors zone euro et pays de la zone
euro font moins bien que l’ensemble des pays de l’UE. Toutefois le PIB/H de la
Suède est plus élevé que celui de la France (33700€ pour la Suède et 32200€
pour la France en 2014) et le chômage nettement plus faible de 3,5% et en
diminution en 2015.
On
voit sur un indicateur, révélateur du niveau de vie d’un pays, que non
seulement la zone euro fait moins bien que l’ensemble de l’UE mais aussi que
des pays hors de l’UE peuvent avoir une évolution bien supérieure même si la
Norvège peut être touchée par la baisse du prix du baril de pétrole. Que l’on
s’intéresse à l’emploi ou au niveau de vie, les conclusions sont les mêmes et
s’inscrivent en faux de ceux qui promettent pis que pendre de la sortie de l’euro.
Ce n’est non seulement pas une catastrophe mais une décision indispensable pour
espérer redresser le pays. Il est tout aussi évident que si c’est une condition
nécessaire, ce n’est pas une condition suffisante. Sur ce point le cas de
l’Islande est particulièrement intéressant. Pour le premier ministre islandais,
Sigmundur Davíð Gunnlaugsson, le renouveau économique de son pays a une cause
précise : "Ce qui nous a permis de nous sortir de la crise
financière et de nous
ramener là où nous en sommes aujourd’hui est d’avoir notre propre monnaie et
d’avoir le contrôle sur notre politique économique et monétaire, ainsi que sur
nos ressources naturelles. Les options grecques sont nettement
plus limitées, en tant que membre de la zone euro".
Ce
pays a refusé l’entrée dans l’UE, mis dehors ou en prison politiques et
banquiers, et pratiqué une austérité intelligente. Il étonne le monde européen.
Afin de faire face à l’inévitable explosion de la finance islandaise, le pays a
alors décidé de mettre en place des mesures drastiques : contrôle des
capitaux, mise en faillite du système bancaire, relance monétaire mais
également, cette sérieuse cure d’austérité budgétaire. Depuis 2008, les
dépenses publiques sont sacrifiées, d’un point haut de 55,4% du PIB, elles ont
pu être réduites à 46% pour l’année 2014, soit une baisse de 11,4 points. De la
même façon, la hausse de la fiscalité a été très lourde, passant d’un taux de
prélèvement obligatoire atteignant 38,9% du PIB en 2009 pour en arriver à 47,9%
en 2014, mais finalement guère plus que la France à 45,2% et moins que le
Danemark à 50,9%. Le résultat est là. Cette
consolidation fiscale aura permis à l’Islande de faire baisser son niveau
d’endettement public, de son niveau record en 2011, soit 95,1% par rapport au
PIB pour en arriver au chiffre de 82,1% en 2014. Pendant cela en 5 années, le
chômage est passé de 7,6% à 4,3%.
Il serait temps que les regards se
tournent
Vers tous les pays qui réussissent
Et que l’on cesse d’enfumer
Un peuple qui perd
Ses repères !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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