En France, l'industrie a perdu 1,9 million
d’emplois entre 1980 et 2007, soit 36 % de ses effectifs. En 2013, la part
de la production manufacturière dans le PIB était de 22,2% en Allemagne et de
11,3% en France. La part de l'industrie dans l'emploi total était de 24,7% en
Allemagne et de 17,9% en France. La crise de 2008 a causé une forte baisse de
la production industrielle européenne, qui a été en partie compensée depuis,
mais dans des proportions très variables : la baisse de la production
industrielle entre janvier 2008 et décembre 2014 a été en Allemagne
de 1,4 %, et en France de 16,5 %. Comme le disent Gaël Brustier et
Jean-Philippe Huelin :
"Dans les
régions en voie de désindustrialisation, les emplois précaires d'aide-soignante,
femme de ménage ou d'assistante maternelle sont d'ailleurs tristement devenus
les seules propositions de reclassement faites aux anciennes ouvrières
qualifiées et nouvelles "OS du tertiaire".
La réduction progressive des activités
industrielles se traduit par :
- la diminution du nombre des emplois du secteur secondaire (industrie),
- par une baisse du poids de ce secteur dans le PIB (Produit Intérieur Brut) au profit du secteur tertiaire (commerce, transport, services marchands et non marchands),
- l'existence d'un déficit commercial industriel structurel.
Elle se matérialise par :
- Un fort taux de progrès technique touchant les processus de production
- Une délocalisation des activités industrielles dans d'autres pays ou régions à bas salaires,
- L'automatisation des chaînes de montage,
- La disparition de certaines activités industrielles.
Toutefois il faut séparer les causes réelles
et leurs conséquences. Le progrès technique et l’automatisation permettent de
diminuer les coûts et devraient être un facteur favorable si cela permet
d’avoir de nouveaux marchés et de maintenir ainsi l’emploi. La délocalisation
n’est que le constat d’une production réalisée pour moins cher à l’étranger.
Enfin la disparition de certaines activités industrielles est soit un processus
normal de l’évolution des besoins, comme l’extinction de la fabrication des
plumes sergent-major, soit une impossibilité de produire à un coût compétitif.
La véritable cause c’est celle de la
compétitivité dans les secteurs pris par notre industrie lorsque ni le progrès
technique, ni l’automatisation, ni l’amélioration de l’activité commerciale ou
du management, ni la reconversion dans d’autres secteurs d’activité, ne
permettent d’éviter la délocalisation ou la faillite. En dehors de ces facteurs
endogènes à l’industrie, les facteurs exogènes sont les impôts et taxes, les
normes européennes, le SMIC, le code du travail… et le taux de change. Ce
dernier intervient directement sur les exportations mais il permet aussi aux
importations de concurrencer notre production nationale. Il touche donc
finalement l’ensemble des entreprises exportatrices ou non. Pour les autres
facteurs exogènes les acteurs sont L’État et l’UE.
L’examen de l’action de l’Etat par rapport aux
autres pays de l’UE montre que les charges sur les entreprises sont plus
lourdes, le code du travail plus lourd, plus complexe et plus handicapant, et
que le SMIC introduit globalement des salaires plus élevés qu’ailleurs et même
en Allemagne sur toute l’échelle des salaires. Il reste l’action de l’UE dans
laquelle l’Etat est partie prenante. Non seulement il accepte les normes
européennes, qui peuvent jouer sur le commerce hors UE, mais il a une fâcheuse
tendance à en rajouter. Ceci nous handicape un peu plus. Mais le facteur
primordial qui est du ressort de l’Etat, c’est la gestion de la monnaie,
gestion qu’il a donnée à la zone euro. Compte-tenu de tous les handicaps cités
plus haut, il en ressort que la compétitivité ne peut pas être gagnée, sauf
exceptions, sans un taux de change plus favorable à notre pays par rapport à
nos fournisseurs et clients, au premier rang desquels se place l’Allemagne.
La représentation de l’industrie au sens large
par le Medef occulte la dimension du taux de change car ce syndicat est aux
mains de la grosse industrie, fortement exportatrice et délocalisée. Le Medef
n’attend que de l’argent pour investir et une diminution des charges. Il se
satisfait de l’euro qui lui simplifie la vie et lui évite une monnaie nationale
plus sujette à des variations de cours sur le marché européen. Pourtant c’est
le maillage des petites et moyennes entreprises qui est le tissu créateur
d’emplois et garant du savoir-faire français. Celles-ci, dont la production est
surtout nationale, ne peuvent combler les handicaps endogènes et exogènes pour
rester concurrentielles. L’euro finit de les tuer lentement car quoique l’on
dise de l’esprit national, le français regarde de plus en plus les prix des
marchandises avant d’acheter. Le label français est vite délaissé au profit du
coût même quelquefois à moindre qualité du produit.
Cette obstination de l’État dans l’euro,
soutenu par le Medef lequel a des atomes crochus avec tous les grands lobbies
du Nouvel Ordre Mondial, n’aboutit qu’à des mesures insuffisantes sur les
facteurs endogènes de son ressort pour rétablir la compétitivité industrielle
et l’emploi. Le déficit du commerce extérieur chronique à hauteur de 60 à 70
Mds€ en est l’illustration chiffrée. Ce qui se passe dans l’industrie française
a des répercussions sur l’agriculture qui donne des signes de détresse
matérialisés par la disparition des petites exploitations et le suicide des
paysans. Nous allons en parler dans le prochain article.
L’ajustement des compétitivités des pays est nécessaire
Car aucun ne présente les mêmes caractéristique.
Une même monnaie ne vit que sur
Un ensemble homogène
Or ce n’est pas le cas !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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