Avant de regarder les
facteurs hors UE qui vont avoir une influence prépondérante sur le cours de l’année
2016, il convient de jeter un coup d’œil sur les évènements majeurs européens.
J’ai déjà parlé du problème bancaire en particulier en Allemagne mais auquel
risque de ne pas échapper les plus grandes banques françaises, la Société
Générale par exemple. Cet évènement est lié directement aux politiques des grandes
banques centrales, Fed, BCE, Banques du Japon et d’Angleterre. Mais il y a des
évènements purement européens même s’ils sont indirectement liés aux actions de
l’Empire américain. Je veux parler de l’immigration massive et des menaces de
sortie de l’euro comme le Grexit et le Brexit qui seront dans l’actualité
européenne de 2016.
Le premier se caractérise par une menace de sortie de l’euro
proférée par l’Allemagne afin d’imposer des mesures drastiques d’austérité à
Alexis Tsipras. Celui-ci, ayant promis à son peuple de rester dans l’euro pour
se faire élire, s’est trouvé sans cartouches pour obtenir un traitement plus
favorable que celui concédé au précédent gouvernement. Battue en rase campagne,
la Grèce subit une troïka (BCE, FMI, UE) qui cache son nom dans un plan
difficile à mettre en œuvre. Ce plan se solde par une exaspération de plus en
plus grande que le peuple manifeste dans la rue, une dette qui croît, un
patrimoine qui se dissout. Le FMI s’interroge sur l’intérêt de continuer à
soutenir la Grèce qui ne va pas manquer de tendre de nouveau la main en mars.
Le Grexit sera de nouveau posé, un Grexit qui serait une mise à la porte pure
et simple. La Grèce pourrait-elle rester dans l’UE sans être mise réellement
sous tutelle complète ?
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Dans le cas du Brexit
les choses se présentent totalement différemment. Il s’agit de la deuxième
puissance économique de l’UE et c’est une sortie de l’UE qui est en cause.
Contrairement la sortie de l’euro, la
sortie de l’UE est prévue statutairement. Cette fois ce n’est plus la zone euro
qui menace un pays de le sortir mais un pays qui menace l’UE de sortir. Avec le
premier on avait affaire à un Bourgeois de Calais offrant les clés de la ville
mais avec le second à un tigre menaçant un éléphant. Il faut voir dans ces deux
cas l’illustration de la fable de Jean de la Fontaine (Les animaux malades de
la peste) : « Selon que vous
soyez puissants ou misérables, les jugements de Cour vous rendront blancs ou
noirs. » L’attractivité de l’UE fond avec sa croissance faible, son
endettement croissant, sa volonté sous-jacente de fédéralisme qui la pousse à
être de plus en plus prégnante sur les parlements nationaux et leurs
gouvernements et plus récemment avec un flux migratoire incontrôlable. Le recul
de la démocratie et de la souveraineté, et l’immigration de peuplement sont
sans aucun doute très insupportables aux anglais.
J’ai donné mon opinion sur
la mascarade de Cameron vis-à-vis de son peuple et son faux-semblant de
négociation à Bruxelles où la perspective du départ du Royaume-Uni tétanise les
tenants de l’Union européenne tentaculaire. Cameron ne veut
pas se voir reprocher d’avoir été l’artisan de la sortie mais il suivra l’avis
de son peuple en se servant de son engagement pour justifier qu’il a tout fait
pour l’éviter mais qu’il se range (bien malgré lui) à l’avis démocratique de
son peuple. En fait, les Britanniques forts de leur insularité veulent les
avantages de l’Europe en termes de marché, mais pas les inconvénients de la
solidarité, sur les flux migratoires et les allocations pour les Européens du
deuxième collège qui travaillent au Royaume-Uni.
Cette volonté s’est exprimée
depuis leur entrée dans l’UE à laquelle ils ont adhéré avec essentiellement des
buts économiques mais pas au détriment de leur souveraineté qu’ils ont toujours
défendu bec et ongles en concédant le minimum, pas de monnaie unique, pas d’accord
de Schengen, ni union économique. Ils n’ont pas ratifié la Charte des droits
fondamentaux de l’UE, et, en juillet 2013, ont exercé la possibilité que lui
offre le traité de Lisbonne de se retirer de 133 instruments de coopération
dans le domaine de la police et de la justice pénale (une trentaine finalement
retenus). Londres bénéficie aussi d’un traitement particulier concernant sa
contribution au budget de l’Union, un «rabais», en vigueur depuis 1984, au
motif que le Royaume-Uni bénéficie moins que d’autres pays de la politique
agricole commune. Malgré la ristourne négociée par Margaret Thatcher (5
milliards d’euros en 2014), le Royaume-Uni reste un contributeur majeur au
budget de l’Union Européenne. Avec 17 milliards d’euros en 2013, il est le
quatrième contributeur, derrière l’Allemagne, la France et l’Italie.
«Grexit, Brexit. Deux menaces de sortie pour
l’Europe, mais deux ambiances très différentes. Dans les deux cas, des nations
veulent contourner les règles. Dans les deux cas, elles ont dégainé un
référendum. Mais là s’arrête la ressemblance. Tsipras était le diable, Cameron
est un partenaire. Aux grands maux les grands remèdes, mais pas les mêmes
potions. Pour les amis anglais, un sirop contre la toux, administré avec
considération, et proposé modestement afin de n’humilier personne. Pour les
camarades grecs, la potion punitive, à boire avant l’ultimatum.» (Médiapart).
Pierre Rateron va plus loin : « Alors,
bien sûr, pour préparer l’opinion, les milieux autorisés nous assurent que
l’Europe fait front (…) Il n’empêche que dans la situation actuelle, il semble
périlleux que la position «virile» de la Grande-Bretagne crée des émules chez
les plus démunis, les plus dégoutés des postures politiciennes, les plus en
attente d’un mieux-vivre, celles et ceux qui s’estiment les plus délaissés par
l’État, que Madame Attrape-Tout excite, rameute et accueille à bras ouverts en
leur promettant pour demain le bonheur et la prospérité.»
Grexit possible mis à
la disposition de l’Allemagne, Brexit probable, fronde des pays de l’est,
désespérance des peuples dans les pays en difficulté, immigration de masse d’une
autre civilisation, les ingrédients d’une dissolution de l’UE sont réunis. Le
repli sur les souverainetés et les réflexes égocentriques sont en marche. Les
fermetures de frontières se multiplient. La Belgique vient de fermer la sienne
par peur des migrants de Calais et ne voit pas quand elle va la rouvrir parce
que l’arrivée de migrants ne va pas cesser avant qu’une situation calme s’installe
en Afghanistan, en Irak, en Syrie et désormais en Lybie où nos forces spéciales
sont déjà en action. Par ailleurs l’Empire met sa main militaire sur l’Europe
face à l’ennemi russe, enfin… déclaré comme tel. L’éclatement de l’UE peut être
pour 2016 mais une UE détruite ou reconstruite va conduire à un nouveau jeu des
alliances et de multiplication des conflits. Nous entrons dans une zone de
turbulence avec une France servile qui se prépare… à subir !
La construction européenne va probablement mourir de son gigantisme
Et de ses bases qui voulaient soi-disant faire le bonheur des peuples
Mais qui les enchaînent pour le bonheur de l’Empire
Et des puissances économiques et bancaires
Du Nouvel Ordre Mondial !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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