Il
semble que les actions prévues par l’application du plan énergétique soient
difficiles à prendre. On n’a pas de nouvelles des réunions ministérielles à ce
sujet. La raison en est simple. D’un côté l’écologisme prône l’arrêt du
nucléaire pour cause de dangerosité, l’arrêt des centrales à charbon, et plus
généralement des centrales thermiques, pour cause de pollution en particulier
carbonée. De l’autre côté la réalité s’impose par la voix des producteurs d’électricité,
dont le plus important est nationalisé. Cette réalité que Nicolas Hulot a déjà
dû prendre en compte mezza voce, a déjà mis en évidence que l’arrêt simultané des
centrales nucléaires et des centrales à charbon n’était pas réalisable avant
2022. Ce recul montre la difficulté politique que représente un nouveau discours
qui n’apparaisse pas comme un coup porté aux idées ancrées dans une partie importante
de la population.
Il
faut dire que le nucléaire n’est pas si dangereux que cela puisque de toute façon
on n’avait prévu que l’arrêt de 25% du parc de réacteurs nucléaires, et que finalement
ceci peut être retardé pour arrêter des centrales à charbon polluantes. L’idéologie
« Sortir du nucléaire » en
prend un sacré coup dans l’aile et même l’arrêt des réacteurs de Fessenheim
devient une difficulté politique et technique tant que l’Autorité de Sûreté
Nucléaire n’aura pas ordonné son arrêt pour cause de sécurité. Un arrêt
politique dans un bassin d’emploi est toujours une difficulté politique et l’est
d’autant plus qu’il n’est pas justifié par des raisons techniques, de coût ou
de sécurité. Seul le producteur peut arrêter pour des raisons de sécurité sur
ordre de l’ASN qui a autorité pour cela.
Mais
le constat que les énergies renouvelables ne permettent pas de dépasser 25% du
total de la production d’électricité, lié au fait de la coexistence d’énergies
pilotables avec les énergies intermittentes est physiquement obligatoire devient
une réalité qui s’impose qu’on le veuille ou non. S’en abstraire demande d’avoir
recours à l’importation d’électricité en temps et en quantité conforme au
besoin instantané de consommation. C’est le choix fait désormais par le
Danemark qui peut en disposer grâce à l’hydroélectricité, énergie pilotable, de
ses voisins du Nord, en particulier la Norvège. Mais les besoins français plus
importants doivent s’inscrire dans la stabilité du réseau européen, ce qui n’est
pas acquis d’avance et le sera d’autant moins que les EnRia s’implanteront en
Europe sans la compensation des énergies pilotables. Le gouvernement se trouve
donc dans une impasse technico-politique qui demande de faire une pirouette à
180° sans que cela apparaisse comme un reniement des discours passés sur la nécessité
des énergies renouvelables pour décarboniser la planète et la réduction à 50%
de la production nucléaire d’électricité.
Les
décisions politiques dans ce domaine énergétique sont d’autant plus difficiles
à prendre que, d’une part la France s’est affichée comme le pays leader de la
décarbonisation de la planète par la COP21, et que d’autre part l’UE a donné
des directives d’accroissement des EnRia et surveille la progression de
celles-ci, pays par pays, poussée par les lobbies qui se nourrissent de ces
dépenses forcées des Etats. La France est d’ailleurs pointée du doigt par l’UE
pour être en recul par rapport à la moyenne européenne. Il nous faut donc
continuer à implanter des éoliennes et de panneaux solaires que cela soit utile
ou non sous peine de perte de crédibilité internationale, que cela soit utile
ou non, rentable ou non. Mais, comme en l’Allemagne, il va être difficile de
tenir l’objectif d’une réduction sensible de la teneur en CO2,
puisqu’il faut développer conjointement les énergies pilotables et
intermittentes. Parmi les énergies pilotables, la capacité de production par hydroélectricité
n’évolue plus, l’énergie nucléaire est mal adaptée aux variations horaires par
suite de sa lenteur de réaction, de la baisse de son efficacité énergétique et
d’un effet de vieillissement accéléré. Il reste l’énergie thermique et la
biomasse, toutes deux polluantes. Cet aveu est politiquement « inavouable »
sans des circonvolutions et reptations des discours qu’il s’agit désormais de
construire pour les médias aux ordres.
Mais
le plan énergétique n’en est pas moins à revoir de fond en comble, ce qui ne
peut se faire que pas à pas, tranche de salami par tranche de salami, de façon
à ne pas provoquer une indigestion du peuple moutonnier. On a déjà caché que l’énergie
électrique coûtera d’autant plus chère que se développeront les EnRia et que,
non seulement notre facture électrique sera affectée, mais que l’Etat devra
chercher dans les impôts et les taxes le montant des subventions données pour
les implantations de ces EnRia. Nous paierons deux fois
On peut même se faire
une idée assez précise de cette augmentation du kWh à partir des données énergétiques
collectées par l’OCDE sur 2016 et représentées sur le graphique ci-contre. Pour
cerner la réalité qui nous attend il faut extraire de cette étude les pays
disposant eux-mêmes ou chez un voisin proche d’un fort pourcentage d’hydroélectricité,
comme la Norvège par exemple. En effet ces pays peuvent implanter des EnRia et
disposer d’un énergie pilotable très bon marché. Le coût de leur kWh est alors
peu affecté par le surcoût des EnRia. A contrario les pays comme l’Allemagne qui
ne disposent pas d’hydroélectricité sont plus pénalisés par les EnRia.
Cependant,
sans rentrer dans une étude plus fine tenant compte de l’influence des capacités
hydroélectriques, le graphique montre bien la tendance générale. On peut même
en déduire qu’en gros 1% d’EnR en plus augmente le prix TTC du kWh de 0,28c€.
Pour les petites consommations des particuliers français en 2016, le prix TTC
était de 17,11 c€ pour un pourcentage d’EnR de 19,2% dont 12,1%
d’hydroélectricité et 7,1% d’EnRia. Si l’on considère qu’en 2016, le coût global
des EnRia (éolien et solaire) est 7 fois supérieur, le nucléaire 2,8 fois, le
thermique 4,9 fois, au coût de l’hydroélectricité, on en déduit pour 2016 le
prix de l’hydroélectricité à 5,582 c€. Le passage de 7,1% de la part des EnRia à
17,1%, qui se traduirait par une augmentation à 18,64% au lieu de 8,64% de l’énergie
thermique compensatrice et une diminution à 52,28% au lieu de 72,28% du
nucléaire pour une production égale, conduit à un prix du kWh de 20,73 c€/kWh au lieu de 17,11c€/kWh
soit plus de 20% pour une augmentation de 10% de la part des EnRia. Sur le
graphique les EnR, (hydroélectricité comprise, sont passés de 19,2% à 29,2%. Selon
la droite de régression du graphique, cette augmentation des EnR entraîne l’augmentation
du prix du kWh de 2,88c€/kWh, ce qui porte le prix 2016 de 17,11c€/kWh à 20c€/kWh. On voit que par deux approches
différentes on retrouve des valeurs du prix du kWh très proches sans compter l’augmentation
due à l’inflation.
L’augmentation
du prix du kWh augmente d’une façon inéluctable avec l’implantation des EnRia, et
l’énergie compensatrice à leur intermittence ne peut raisonnablement plus être
que l’énergie thermique polluante ou l’importation aléatoire d’électricité en
attendant des moyens de stockage de l’électricité en grande quantité pour un coût
faible. Je tiens à rappeler que la plus grande partie de la production des
EnRia est exportée, ce qui montre que dans une politique d’énergie par
ailleurs, cette production n’est pas une nécessité physique mais politique.
La politique du plan énergétique commence à se fracasser
Sur une réalité physique mais les engagements pris
Par la France vis-à-vis du monde et de l’UE
Qui impose ses vues oligarchiques
Vont continuer à promouvoir
Ce qui reste l’arnaque
La plus coûteuse !
Claude Trouvé
26/03/18
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