Demain
19 mars le gouvernement va reparler du plan de transition énergétique. Même s’il
semble que la réalité modifie doucement les idées préconçues sur la production
d’énergie électrique, on peut néanmoins s’attendre à des décisions plus politiques
que réalistes. Elles continueront sur deux axes : la priorité des
priorités est de réduire les émissions de CO2(eq) et les énergies
renouvelables (EnRia) sont réputées y parvenir. J’aurais préféré que la réduction
porte clairement sur la réduction de la pollution. En effet la chasse au diesel
est ouverte sans attendre que le parc des véhicules anciens soit complètement
remplacé par des voitures diesel neuves dont les progrès dans ce domaine sont
considérables. Cette solution progressive ne convient pas à un gouvernement qui
agit dans l’urgence et pour des intérêts qui ne sont pas toujours ceux de son
peuple.
Nous
payons donc pour la voiture électrique, que seuls les citoyens aisés peuvent s’offrir
et pour l’installation d’un réseau national de distribution électrique, sans
attendre que les constructeurs cessent la production des autres types de
moteurs devenus moins rentables ou moins attractifs pour la clientèle par le
jeu normal de la concurrence. Le résultat est un déséquilibre économique dû à
une intervention d’État et notre argent à tous file chez les constructeurs
automobiles et leurs actionnaires. La France est loin d’être le pays le plus
pollué d’Europe, et on ne peut pas entraîner le pays en urgence dans des
économies sur tous les services publics par diminution des moyens humains et
matériels et pratiquer une telle politique digne de l’URSS. Il est évident que
la consommation des voitures électriques doit rentrer dans les réflexions sur
la transition énergétique, car elle ne fera qu’augmenter les fluctuations de
consommation, augmenter les puissances à délivrer sur tout le territoire, et
augmenter globalement la production électrique qui ne pourra pas être compensée
par des économies d’énergie. A titre d’illustration, le passage de la totalité
du parc automobile à l’électricité correspondrait à la production de 20 réacteurs
nucléaires.
Mais revenons à l’essentiel
du plan de transition énergétique. Sa dénomination indique clairement qu’il
faut changer de type d’énergie productrice d’électricité. Contre le « tout
nucléaire », l’idéal est présenté comme le « tout renouvelable ».
Est-ce des énergies peu ou pas coûteuses ? La Cour des Comptes a montré qu’il
n’en est rien, d’ailleurs si cela était il n’y aurait eu nul besoin de créer
une taxe sur le kWh, la CSPE, essentiellement destinée à faire payer le coût des
EnRia par l’abonné. Celui-ci n’est pas une paille comme le montre le graphique
ci-dessus et en constante augmentation au fur et à mesure de l’implantation des
EnRia. C’est près de 6 milliards engagés à fin 2018 et 2 milliards de plus pour
atteindre 2022. Je mets un bémol sur ces chiffres publiés par la CRCE, commission
de régulation de l’énergie, parce que RTE, réseau de distribution de l’électricité,
affiche de son côté des dépenses de 1 à 1,5 milliards par an pour les
infrastructures supplémentaires de distribution de l’électricité des EnRia sur
l’ensemble du territoire.
Cela
permet-il de réduire les émissions de CO2 ? J’ai très longuement dit que
dans de nombreux pays, cela ne pouvait être réalisé. Les EnRia sont
intermittentes et aléatoires. Pour pallier cet inconvénient, il n’y a que deux
solutions : le stockage de l’énergie mais nous ne savons pas encore le
faire pour des grandes quantités d’énergie et à un prix relativement acceptable,
et l’utilisation des énergies pilotables,
l’hydroélectricité, l’énergie thermique (charbon, fioul, gaz), et le nucléaire.
Ce dernier est très adapté aux variations lentes, de type saisonnier, mais
beaucoup moins aux variations rapides journalières. On peut donner l’image d’un
bateau à voile qui subit les variations du vent, intermittentes et aléatoires
en force et en direction et qui ne peut arriver au port que par le pilotage du
gouvernail et des voiles. Plus les sautes de direction et de force du vent sont
importantes, plus l’homme à la barre doit fortement agir, car en dehors de mettre
ou d’affaler les voiles, c’est son pilotage qui permet au bateau de louvoyer
vers sa destination.
Il
en est de même avec les EnRia, il ne peut y avoir du « tout renouvelable »
sans son complément du « tout pilotable ». Or il ne peut y avoir deux
« tout », ce qui veut dire que des énergies pilotables doivent
obligatoirement cohabiter avec les EnRia. L’hydroélectricité peut y pourvoir en
partie mais son implantation est désormais quasiment figée sur le territoire.
Elle est peu chère mais si elle est privatisée, cette industrie moyennera son
service de pilotage pour l’adaptation production-consommation. Le nucléaire n’est
pas la meilleure solution et a l’opprobre gouvernementale et écologique de sa
dangerosité. Il reste l’énergie thermique, la mieux adaptée. J’ai montré, par
une étude des évolutions consommation et production des 3 pays (Allemagne, Belgique
et France) sur plusieurs années, qu’il doit y avoir pratiquement
égalité entre les productions EnRia et énergie thermique. Le cas du Danemark
est à part car il résout le problème de l’intermittence par une importation d’hydroélectricité
pratiquement toujours disponible en provenance de la Norvège. Il peut ainsi
fermer des centrales au charbon et afficher une baisse du CO2.
Le constat que j’ai
pu faire de cette loi physique implacable pour notre pays, en dehors du
stockage de l’électricité, est corroboré d’ailleurs par une étude mondiale qui
montre que les EnRia ne font pas baisser le taux de CO2 quel que
soit leur niveau d’implantation. Seuls l’hydroélectricité et le nucléaire en sont
capables. Les différents pays sont représentés sur le graphique ci-dessus par des points sur le graphique.
On peut d’ailleurs supposer que le développement des EnRia est d’autant plus
facile et justifié que l’on dispose d’hydroélectricité produite ou importée
autant que de besoin. Par ailleurs les pays qui doivent augmenter leur énergie
thermique pour accueillir des EnRia sont poussés à diminuer les émissions
polluantes en améliorant l’efficacité des centrales au charbon, à développer l’énergie
thermique au fioul, moins polluante, et même à développer les centrales au gaz
à cycle combiné, plus efficaces et encore moins polluantes. C’est le choix fait
par l’Espagne et en partie par l’Allemagne.
On
ne peut donc ni dépasser 50% d’EnRia, ni réaliser une décarbonisation de la production,
sauf à stocker ou devenir importateur d’énergie. Par ailleurs le coût du kWh des
EnRia restera longtemps très supérieur au coût de l’énergie nucléaire. Enfin l’aventure
des EnRia est directement payée par l’abonné, payeur cadenassé, et le prix du
kWh ne peut qu’augmenter, comme en Allemagne ou au Danemark. Enfin cette
dépense pour les EnRia n’est nullement justifiée pour l’instant par un manque
de production par rapport à la consommation, car la France est globalement
exportatrice de 6 à 11% de sa production sur une année. Les rêves idéologiques,
habilement exploités par ceux qui s’enrichissent de la vente de la construction
et de l’exploitation des EnRia, se fracassent toujours sur la réalité, mais les
desseins politiques peuvent perdurer jusqu’à ce que l’électeur s’en mêle… si la
démocratie existe encore. Vous voilà prévenus, alors observez bien les contorsions
du gouvernement pour vous faire avaler encore un moment les couleuvres de la
transition énergétique.
Le plan de transition énergétique est l’arnaque
du siècle.
Elle s’abat sur le monde entier, mais notre
France
Se veut le chantre d’une attitude
vertueuse
Comme si le réchauffement climatique
Justifiait de cacher le but véritable
Qui n’a plus rien de vertueux
En pompe de notre fric !
Claude Trouvé
18/03/18
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