L’ensemble des médias
et des discours politiques français nous parlent des énergies renouvelables
avec une telle fréquence et telle intensité, sur cette voie qui va sauver le
climat, que toute autre énergie semble inadéquate et désuète. C’est la force
des discours, qui nous présente que les ombres sur le fond de la caverne,
ombres dont ils donnent l’apparence d’une réalité en nous évitant de tourner la
tête tant ce théâtre d’ombres est devenu fascinant. Nous en oublions même que
nous sommes toujours le premier pays du monde en kWh nucléaire/habitant et dans
le peloton des pays qui n’ont pas porté atteinte à l’environnement et aux êtres
humains par des accidents notés sur l’échelle internationale de niveau 4 à 7,
ni même d’incidents de niveau 3, et ce depuis plus de soixante ans avec une
aventure commencée en 1955 avec G1 à Marcoule. C’est d’ailleurs ce qui permet à
la France d’avoir l’un des plus bas taux de CO2/kWh avec les pays où
l’électricité hydraulique est majoritaire. Pendant la période froide que nous
venons de traverser, l’énergie solaire produite était proche de zéro et c’est
75% de l’énergie électrique qui était nucléaire, proche ainsi de sa capacité
maximum. La France reste, dans le domaine du nucléaire, un modèle d’efficacité
et de sagesse pour le monde entier, avec le titre qu'à EDF de premier exploitant mondial de cette
énergie.
Cet
article synthétique est destiné à fournir une information à tous ceux qui ne connaissent cette
énergie que par le battage écologique sur sa dangerosité et ses rejets dans l’environnement.
Ceux qui ont lu tous mes articles sur ce sujet y trouveront des redites mais ils trouveront aussi des renseignements inédits. Il y a quelques années, après la lutte pour l’arrêt de Super-phénix avec les
écolos allemands, c’était l’usine de retraitement de la Hague qui était dans le
collimateur et a fait face à une troupe menée par Cohn-Bendit lui-même.
Celle-ci a dû renoncer à entrer sur le site devant la colère des salariés de l’usine,
théoriquement les plus exposés à la radioactivité et aux dangers de l’environnement
où vit leur famille. Aujourd’hui c’est Bure, le projet de stockage des déchets radioactifs
à vie longue (j’y ai consacré un article) qui voit arriver la colonne d’une
partie de ceux qui ont milité à Notre-Dame des Landes, et qui veulent de
nouveau imposer leur loi de façon musclée si on leur oppose une interdiction d’aller
où ils veulent. La démocratie impose de respecter ceux qui sont anti-nucléaires,
mais il apparaît souvent que l’on a affaire à de véritables professionnels de l’affrontement
et pour lesquels la voie démocratique de manifestation pacifique n’a plus d’attrait.
Le dialogue n’est plus qu’un dialogue de sourds. Je sais de quoi je parle.
Donc la culpabilisation de ceux qui défendent cette énergie nucléaire, moderne parce
qu’elle a la meilleure efficacité énergétique que la science est capable d’exploiter
aujourd’hui en attendant la fusion, est une négation du progrès et de ce qui a
fait la grandeur de notre pays et lui a permis de mettre à disposition des
abonnés, l’un des kWh les moins chers d’Europe malgré son absence de ressources
énergétiques (charbon, fioul, gaz). Cela lui a donné en plus une indépendance
énergétique, parce qu’AREVA a des participations dans les mines d’uranium sur
la totalité des continents, et qu’EDF profite d’une insensibilité à la variation
de ses cours. En effet le prix du combustible ne représente que peu dans le coût
du kWh. La France reste encore une exception dans le monde car elle maîtrise
totalement le cycle du nucléaire, depuis l’extraction du minerai, son
traitement chimique, la fabrication du combustible, la production d’électricité,
le retraitement des combustibles usés destiné à la récupération de l’uranium et
du plutonium, réutilisables dans les réacteurs sous forme de combustible MOX,
et le traitement, le conditionnement, jusqu’au stockage des déchets radioactifs
ultimes (50 Kg conditionnés pour le stockage par recharge annuelle de réacteur)
dont Bure fait partie pour ceux à vie longue. Seuls la France et le Royaume-Uni
pratiquent cette récupération qui minimise les risques et les volumes stockés.
La France a même vendu au Japon la technologie d’une usine de retraitement.
Alors
si la France est encore le pays de référence, celui-ci est loin d’être seul à utiliser
cette énergie, mais il devient l’un des pays qui a stoppé son évolution au
profit des énergies renouvelables comme l’Allemagne, mais pas comme la Chine
qui a un programme nucléaire d’avenir de 25 réacteurs. La recherche française n’est
cependant pas restée inactive et l’EPR de Flamanville est classé réacteur de 3ème
génération, plus sûre, plus disponible et capable d’utiliser pleinement le
combustible MOX. Il existe à l’heure actuelle 4 réacteurs EPR en construction
dans le monde : 1 en France (à Flamanville), 1 en Finlande (à Olkiluoto) et 2
en Chine (à Taishan) dont un est en cours de démarrage. Le projet de
construction de 2 autres EPR fait l'objet de négociations avancées entre Areva
et EDF Energy (filiale britannique d'EDF). L’accroissement du parc nucléaire mondial
peut amener à préserver les ressources et son prix bas sur le marché. La France
s’est engagée depuis longtemps dans les réacteurs à neutrons rapides avec
Superphénix, fermé pour cause de politique écologique. Mais la recherche mondiale
prévoit ces réacteurs comme devant devenir les réacteurs de 4ème génération
permettant d’utiliser l’uranium appauvri que nous stockons dans cette attente
et le plutonium, ceci permettant de multiplier les ressources d’uranium naturel
par un facteur 50 à 100. La France entend y être présente et développe le
projet ASTRID, un réacteur de 600MW qui devrait démarrer vers 2022 à Marcoule.
La production d’électricité
nucléaire est répandue sur tous les continents sauf l’Australie, mais ce
continent est l’un des plus pros producteurs d’uranium et nous y avons des
participations dans leurs mines. Le nombre de réacteurs ne cesse de croître malgré une pause due aux accidents de Tchernobyl et Fukushima. L’analyse
des causes et des enseignements à en tirer a retardé les prises de décision,
mais de nombreux pays repartent dans la construction de réacteurs dont le
Royaume-Uni. 403 réacteurs dans le monde produisent du courant dans 31 pays
selon le rapport WNIR 2017. La Chine a un projet de 25 réacteurs dont 2 EPR
(type Flamanville construit en partenariat avec la France), le premier est en
cours de démarrage et le combustible est chargé, le second démarrera en fin d’année.
L’énergie électronucléaire représente 10,5% de la production mondiale en 2016. Avec
72 réacteurs nucléaires en construction et 160 à l’état de projet, le
développement du nucléaire se concentre pour les trois quarts dans les pays non
membres de l’OCDE : Chine, Inde, Brésil, etc. Selon l’Agence Internationale de l’Énergie, d’ici 2040, la capacité mondiale d’électricité d’origine nucléaire
devrait croître de près de 60 %, permettant d’éviter le rejet de l’équivalent
de quatre années d’émissions de CO2.
Alors que la
polémique sur l’arrêt de la centrale de Fessenheim fait rage en France et reste
dans l’objectif du gouvernement en se basant sur une durée de vie de 40 ans, la durée de vie autorisée pour
85% des 99 réacteurs nucléaires américains est de 60 ans. Ceci montre clairement que cet arrêt est une décision
purement politique, l’Autorité de Sûreté Nucléaire, seule autorisée à demander
ces arrêts, n’a pas pris cette décision au vu de l’état de cette centrale.
Compte-tenu
de la compétitivité du nucléaire, plusieurs États européens - Belgique, Suisse,
République tchèque, Suède, Pays-Bas - ont fait le choix de rénover leurs
réacteurs nucléaires pour les exploiter jusqu’à 60 ans, voire plus. Mais dans
la production mondiale totale d’énergie le nucléaire (hors autoconsommation, bois
et solaire thermique) représentait 4,5%, l’éolien 1,6% et le solaire 0,6%. 84,7%
de la production mondiale provenait des énergies fossiles. Le nucléaire
reste toujours, après l’hydroélectricité, l’énergie qui participe le plus à la
dépollution atmosphérique et ménage notre indépendance.
Le monde n’est pas près de pouvoir se
passer
Des énergies non renouvelables
polluantes.
La lutte à moindre coût contre la
pollution
Passera par l’utilisation du nucléaire
Qui reste une énergie d’avenir.
La Chine le sait bien !
Claude Trouvé
05/03/18
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