J’ai
montré dans plusieurs articles précédents combien le plan énergétique français
concernant l’électricité était du n’importe quoi, irréalisable, polluant au
sens large incluant la santé, l’environnement paysager, et particulièrement
coûteux. En l’absence de plan crédible et de nécessité d’augmenter encore la
production électrique avec des techniques donnant un kWh plus cher alors que
nous sommes globalement exportateurs de 8% de notre production, la production d’électricité
nucléaire n’a pas fini d’être le support incontournable de notre énergie
électrique. Il faut bien voir que l’énergie électrique est la base
indispensable à l’économie moderne. Le plan Borloo d’électrification de l’Afrique
est révélateur de cette nécessité. Pour rendre impuissants les habitants de
Gaza, Israël leur coupe l’électricité. Les rebelles à Alep Est tenaient la
centrale de production d’électricité, et utilisaient les coupures sur Alep
Ouest pour y semer la panique.
Dans
les années 80-90 la France était un leader mondial de l’énergie nucléaire.
Après avoir développé une filière française graphite-gaz, elle a fait l’acquisition
de la filière à eau pressurisée de Westinghouse et l’a francisée pour en
devenir maître et pouvoir fabriquer et exporter. Cette filière REP est celle
utilisée sur nos réacteurs actuels en attendant l’EPR de Flamanville. Si les États-Unis ont un parc nucléaire deux fois plus important que le nôtre, la France
reste le pays du monde où l’énergie nucléaire par habitant est la plus élevée.
A partir de ce constat, certains diront que le français est le plus exposé au
risque nucléaire. Du coup certains iront manifester auprès d’un convoi de
produits de fission en route pour l’embarquement vers le Japon. Si je comprends
la peur instinctive du nucléaire, peur qui remonte aux bombes sur Hiroshima et
Nagasaki, et qui s’est alimentée des accidents de Tchernobyl et de Fukushima,
il faut regarder ce qui s’est passé aux États-Unis, en Belgique et en France depuis
½ siècle à ce sujet et reparler des causes de ces deux catastrophes nucléaires.
Ce débat est impossible avec les militants de l’arrêt du nucléaire, mais il ne
doit pas être exclu vis-à-vis du reste de la population soumise à un battage
médiatique constant sur la peur du nucléaire.
A la question piège :
« le nucléaire est-il dangereux ? », il ne faut pas hésiter à
répondre « OUI », d’ailleurs Marie Curie en est morte pour avoir
manipulé des tonnes de pechblende à mains nues pour extraire le radium. Mais l’électricité elle-même
est dangereuse et elle a fait de très nombreux morts au début de son utilisation
domestique et en fait encore régulièrement. Toutefois dans nos esprits sa
dangerosité s’estompe grâce au progrès technologique qui nous protège de plus
en plus. Ayant été exploitant d’une usine alliant les dangers électriques,
chimiques et nucléaires, c’est la protection contre les dangers électriques sur
des postes de transformation qui retenait le plus notre attention. Pour
analyser l’accident de Tchernobyl, il faut le comparer à un autre accident grave
antérieur dont on ne parle plus parce que ses conséquences n’ont pas fait de
mort. Il s’agit de l’accident de Three Mile Island, classé
au niveau 5 de l'échelle internationale des événements nucléaires (INES), qui a
eu lieu le 28 mars 1979. Comme à Tchernobyl, il y a eu fusion du cœur du
réacteur, mais la technique de fonctionnement et de construction ont permis de
confiner au maximum la radioactivité à l’intérieur du réacteur à eau
pressurisée comme le sont nos réacteurs actuels. A Tchernobyl le 26 avril
1986, on a cumulé l’instabilité de principe d’une autre filière nucléaire, l’expérimentation
en zone anormale de fonctionnement, la mise hors circuit des sécurités, le confinement
insuffisant, le manque de personnel le 1er mai, l’alcoolisme des
opérateurs, etc. etc.
Tchernobyl
est le plus grave accident nucléaire, classé au niveau maximum 7 sur l’échelle
INES. Il est le symbole même de l’erreur humaine depuis la conception et la
construction jusqu’à l’exploitation. Si l’impact a été grand localement et sur
un rayon important autour de la centrale, il faut relativiser en comparant son
impact mondial à celui des essais nucléaires des bombes dans l’atmosphère qui n’ont
pas tellement émus les populations à l’époque. Le Césium 137 rejeté, qui a fait
beaucoup parlé de lui par son impact sur l’environnement et l’homme, a été
dix-sept fois moins important que celui rejeté par les essais nucléaires, le
Strontium-90 cent trente fois moins et l’Iode-131 quatre cent quarante fois
moins. La France a donc été beaucoup moins impactée que par les essais
nucléaires dans l’atmosphère. On agite pourtant régulièrement le nuage de
Tchernobyl pour effrayer les populations. La deuxième comparaison sera avec l’accident
de Bhopal le 3 décembre 1984, soit moins de deux ans avant Tchernobyl. L’accident
de l’usine de pesticides d’Union Carbide aurait fait entre 20 000 et 25 000
morts selon les associations de victimes. Il y aurait eu 3 500 morts la
première nuit et un grand nombre par la suite : la moitié dans les premières
semaines et l'autre moitié de maladies provoquées par l'exposition aux gaz. On
parle toujours de Tchernobyl, mais qui parle encore de Bhopal ? On a
effacé ce souvenir de la tête des peuples grâce à la pression médiatique sur un
autre danger.
Il
ne faut pas évacuer d’un revers de main la dangerosité du nucléaire mais il
faut cesser d’agiter la peur pour des buts idéologiques. Le plus récent et grave
accident nucléaire est celui de Fukushima le 12 mars 2011 qui nécessite
toujours des travaux pour lutter contre les risques de contamination de l’environnement.
N’oublions pas que cet accident a été précédé la veille par un très violent
tremblement de terre de 8,9 de magnitude sur l’échelle de Richter dont l’épicentre
était à 300km des côtes japonaises. Il a été suivi d’un tsunami dévastateur
dont les vagues de 14 mètres de haut ont ravagé les côtes orientales du pays causant
la mort de 18000 personnes et l'accident de la centrale de Fukushima Daiichi.
Contrairement à Tchernobyl les pertes humaines sont essentiellement dues à un
phénomène naturel, lequel a été ensuite le déclencheur de la catastrophe
nucléaire. La cause humaine est essentiellement la hauteur des digues de
protection de la centrale. L’inondation du tsunami a interrompu la fourniture d’électricité
aussi bien pour les centrales électriques à l’extérieur du site de la centrale
nucléaire que pour la centrale de secours du site plongeant dans le noir les
intervenants. Le refroidissement des réacteurs ne pouvait plus être assuré et
les systèmes de sécurité étaient gravement affaiblis. Quelle que soit la
gravité de cet accident, son impact environnemental et humain est bien moindre
que celui de Tchernobyl.
De
ces trois accidents nucléaires évoqués parmi les 437 réacteurs
nucléaires en service dans 30 pays, de nombreux enseignements ont été tirés
sur la sécurité de fonctionnement, la sûreté nucléaire dans le langage des
spécialistes. L’Autorité de Sûreté Nucléaire en France a demandé à EDF d’en
tenir compte sur ces réacteurs en préconisant des modifications dont l’essentiel
est basé sur la certitude de refroidissement du cœur des réacteurs en cas d’arrêt
de ceux-ci et au-delà la récupération ultime des cœurs fondus dans une enceinte
appropriée. Encore une fois, le danger industriel existe toujours, voir Bhopal.
Mais dans le nucléaire si cette technique demande une attention particulière,
la France, les États-Unis, la Belgique, pays fortement nucléarisés, ont montré
que l’on pouvait maîtriser ce danger et que la sûreté de fonctionnement ne
cessait de s’améliorer diminuant constamment le risque d’accident grave.
Vouloir en permanence privilégier la peur par rapport à un examen du risque
sans à priori, ne peut que conduire notre pays à abandonner ce qui en fait un
de ses fleurons, lequel n'a jamais exposé sa population à des atteintes graves
ni sur son environnement. Après avoir sans complaisance parlé des accidents
nucléaires et relativisé leur impact par rapport à d’autres catastrophes, sans
parler d’AZF qui nous a touché directement, nous verrons dans l’article suivant
quels atouts le nucléaire représente pour la France par rapport à toute autre solution
actuelle.
Jouer en permanence sur la peur
irrationnelle du nucléaire
C’est manipuler une peur
autodestructrice
Sans avoir de solution valable
Pour le remplacer.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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