J’ai
montré dans l’article précédent que le déficit budgétaire de 2017 était
finalement parfaitement encadré par la Commission de Bruxelles et que « d’un commun accord » celui-ci
devait être inférieur à 3% et non plus 2,7% comme s’y était engagé le
gouvernement Hollande. Il faut bien comprendre qu’à partir de ce moment, ce
nouvel objectif devient une directive à laquelle la France ne peut plus
échapper sans être menacée de sanctions financières prévues dans les traités. La
Commission peut proposer la constitution d’un dépôt correspondant à 0,1 % du
PIB. Pour la France, il s’agirait donc d’un dépôt de 2,2 milliards d’euros. La France
a négocié et il est probable que les 850 millions d’euros de l’OPEX et de l’OPINT,
imputés de nouveau au Budget des Armées, n’ont plus pu être extraits des
dépenses hors du nouvel objectif des 3%/PIB pour des raisons de conjonctures
exceptionnelles comme cela est prévu dans les traités. Macron ne décide pas, il
applique. On ne saura jamais si Macron, ancien Ministre de l’Economie, était au
courant ou non des manipulations budgétaires de son Ministre des Finances sous
Hollande, mais il est certain qu’on peut au moins lui reprocher d’avoir pris sa
suite budgétaire sans y regarder de plus près.
Il a
fallu que la Cour des Comptes parle d’insincérité du budget 2017, donc d’hypocrisie :
« Un budget insincère est un budget
voté en équilibre mais dont le conseil sait parfaitement qu’il ne tient pas la
route (minimisation des dépenses par rapport aux ressources) et que des
décisions budgétaires modificatives devront être votées en cours d’année pour
enregistrer des ressources nouvelles ou pour annuler ou pour reporter à l’année
suivante des dépenses initialement prévues. (Stefano Boffo, Pierre Dubois,
Roberto Moscati, Gouverner les universités en France et en Italie, page 193,
2008.) » Autrement dit on a refilé à Macron un cercueil budgétaire de
8 milliards qui sent le Sapin. Le passage de 2,7% des dépenses à 3% permet de
ramener l’effort budgétaire à 4,5 milliards. Il faut noter que celui-ci est d’autant
plus difficile à avaler par les Ministères concernés que ceci doit être réalisé
sans préavis en moins de 6 mois. On comprend la colère du CEMA dont le budget
est le plus impacté en pourcentage.
La France
a présenté à la Commission de Bruxelles son programme national de réforme (PNR)
qui a été consigné dans les GOPÉ à la date du 28 avril 2017, donc entre les deux tours
de la Présidentielle. Ceci prouve que d’une part Macron n’a plus qu’à exécuter,
et que d’autre part il s’agit aussi des moyens à mettre en œuvre pour arriver à
l’ensemble des objectifs finalement fixés par la Commission qui sont présentés
comme des recommandations :
Ce
document officiel présenté par l’UPR sur son site mérite toute notre attention,
car on y retrouve tout ce que nous a dit le Premier Ministre sous une forme
délayée, voulue moins indigeste. « Réexaminer
de manière exhaustive les postes de dépenses dans le but de réaliser des
gains d’efficacité qui se traduisent par des réductions de dépenses. »
Tous les Ministères doivent être concernés d’où la réponse de Macron au Chef d’État-major
des Armées. On notera le terme « efficacité » plusieurs fois utilisé
par le Premier Ministre. « Consolider
les mesures de réduction du coût du travail afin d’optimiser leur
efficacité de manière budgétairement neutre et d’accroître leurs effets
sur l’emploi et l’investissement, ». L’État doit donc, sans y mettre
un sou, faire baisser le coût du travail. C’est impossible d’y arriver en
baissant les charges salariales puisque cela diminue les recettes. La solution
est donnée dans le reste de la phrase : « élargir l’assiette de l’impôt, », c’est la CSG qui a
été choisie par Macron. On a encore le choix de la corde avec laquelle on sera
pendu. « poursuivre la mise en œuvre
de la diminution prévue du taux nominal des impôts sur les sociétés. »
C’est une raison pour laquelle le budget 2018 sera plus difficile à boucler…
sans nous demander de nouveaux sacrifices.
Le « budgétairement neutre » oblige au
passage d’abandonner la suppression de la taxe d’habitation car on ne peut simultanément
supprimer les charges salariales payées par le salarié. Mais le véritable
objectif est clairement dit, diminuer les charges des entreprises pour leur
permettre d’investir et d’embaucher… mais qui en priorité ? « améliorer l’accès au marché du travail des
demandeurs d’emploi, notamment pour les travailleurs les moins qualifiés et
les personnes issues de l’immigration » C’est l’ouverture à l’immigration
et à la pression générale sur les salaires par l’embauche des moins qualifiés
et un nouveau transfert de richesses des salariés vers les entreprises. C’est
explicite dans : « veiller à ce que les évolutions du salaire
minimum soient compatibles avec la création d’emploi et la compétitivité. »
Dans le point 4 cité plus haut on retrouve tout un pan de loi Travail en
gestation et l’uberisation de nos sociétés de service et des professions
réglementées (notaires, comptables, architectes, etc.)
L’UE
est maîtresse de notre économie et même du marché du travail. Cela dépasse la
personne qui exerce le pouvoir en France et touche la France elle-même. Macron
est captif et ne peut que suivre la feuille de route qui lui est imposée. Il
manie les discours enjôleurs mais devient autoritaire quand on lui demande de
ne pas respecter les directives de Bruxelles. Ces directives nous conduisent à
des mesures d’austérité de plus en plus pesantes, c’est pourquoi Macron a
choisi les ordonnances qui jouent le rôle d’anti-monte-lait avant que la grogne
populaire déborde. Il est en de même sur l’immigration mais aussi de la France qui
ne peut que s’enfoncer lentement dans un processus à la grecque. Pourquoi ?
Ce sera l’objet du prochain article.
Rester dans l’UE c’est accepter l’austérité
allemande
Et la tutelle des États-Unis et de l’oligarchie.
C’est accepter le rôle qu’on nous impose
Dans un protectorat et dans la misère
Qui s’étend sur notre pays.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire