Que restera-t-il d’une
opération de communication réussie en ce 14 juillet ? Tout sourit à
Macron, même le soleil qui avait fui son prédécesseur… dont il me semble que l’absence
n’a pas eu droit à un commentaire ou alors le reportage l’a évité. Macron veut
effacer le passé, la France recommence avec lui. A part De Gaulle, les
précédents sont des erreurs de l’histoire qu’il compte bien réparer. Le CEMA
Pierre De Villiers, chef d’État-major des Armées, en a pris pour son grade, ce
qui veut dire beaucoup. Les Armées n’ont qu’à obéir et réussir… avec des bouts
de ficelle. L’intendance ne suit plus et la grogne s’installe chez ceux qui
exposent leur vie d’autant plus que le matériel n’est plus suffisant en qualité
et en quantité. La revue de l’Association de Soutien à l’Armée Française publie
un article qui en dit long. J’en retiens cette phrase forte du Président :
« je ne risquerai pas vos vies pour rien,
je respecterai les impératifs humains et techniques de l’outil militaire ».
En s’affirmant le chef suprême des Armées, il endosse donc cette réduction du
budget des Armées et se met de fait en porte-à-faux avec ses déclarations.
Il
refuse donc de supporter les surcoûts OPEX et OPINT, soit 850 M € non budgétés,
au prétexte du respect de la règle des 3% de déficit. La réalité est
probablement toute autre. Hollande et Sarkozy avait fait admettre que la France
s’engageait pour les autres pays européens et avaient obtenu que ces dépenses
ne soient pas comptabilisées dans le déficit budgétaire soumis à la règle des
3%. C’est les 450 M€ d’OPEX qui devraient donc échapper à cette
règle. Il est probable que Bruxelles ne veut plus entendre parler de cette
dérogation et Macron doit s’incliner. La solution facile est tout rejeter dans
une coupe sombre du budget des Armées. L’article de l’ASAF écrit encore : « Les armées ont dû abandonner des capacités
opérationnelles importantes, en principe temporairement, faute de moyens
financiers ; elles sont utilisées depuis des années au-delà des contrats
opérationnels pour lesquels elles sont dimensionnées ; elles usent leur
matériel plus vite qu’elles ne peuvent le réparer et ne le modernisent pas
aussi vite que la sécurité des hommes, l’efficacité au combat et leur âge
l’exigeraient. L’armée est en situation d’appauvrissement accéléré et, à ce
rythme, il ne sera plus possible de maintenir le niveau actuel de nos
engagements, ni de reconstituer un ensemble de forces cohérent tant il est long
et coûteux de restaurer des capacités militaires perdues, qui combinent souvent
haute technologie, savoir-faire individuels, entraînement et expérience
opérationnelle. »
Macron s’en tire avec
le système D habituel des gouvernements, on gagne du temps en promettant la
lune… pour plus tard. Ce plus tard peut aller jusqu’à 2025 pour atteindre le 2%
du PIB, sachant que dans un contexte international et intérieur moins
préoccupant nous en étions aux 3%. « Le
budget militaire de la France est dépassé par celui de l’Allemagne qui ne
possède pourtant pas d’armement nucléaire et n’est pas engagée aussi
intensément qu’elle dans les opérations extérieures. » Le contraste avec
les discours flamboyants de Macron sur notre capacité à briller sur tous les
fronts est saisissant. Cela me fait penser aux hôtels au Caire où le hall d’entrée
est magnifique et tout le reste dans un état pitoyable. Ils donnent sur une grande
avenue et dès que l’on tourne autour on découvre une misère moyenâgeuse. Tout est
dans la communication. Il n’est pas important d’être fort, l’important c’est de
faire croire qu’on l’est.
Le
14 juillet m’a incité à mettre une lumière crue sur la descente de la France et
l’aveu de Macron demandant à Trump de ne pas abandonner son support pour nos
opérations en Afrique en dit long. Désormais on veut péter plus haut que l’on a
le derrière disaient les anciens. Le nouveau fusil présenté au défilé est
allemand et Macron se veut le supporter de l’Europe de la Défense. Celle-ci n’échappera
ni à l’Allemagne, qui en sera le principal financier, ni à l’OTAN, compte-tenu
de son implantation en Europe centrale et orientale. Macron ose encore parler
du souci qu’il a de maintenir notre indépendance d’action. Comme d’habitude on
trouve tout dans ses discours, une affirmation proclamée avec la force des mots
et puis le contraire déclamé avec la même conviction qu’il espère
communicative. Malheureusement notre indépendance a emprunté la porte de sortie
qui nous dirige vers le protectorat des États-Unis, l’autorité de Bruxelles sur
laquelle l’Allemagne exerce une pression intransigeante, et la meute des
lobbies et financiers qui manient la pompe aspirante de l’argent des gens de
peu vers ceux qui en ont tellement qu’ils ont entrepris de changer le monde.
On
ne peut pas trouver la moindre indépendance dans les mesures d’austérité prises
sur le budget 2017 et les orientations jusqu’en 2020 sans se référer au rapport
remis au gouvernement en mai sur les Grandes Orientations de la Politique Economique de la Commission
de Bruxelles. Tout y est tracé et Macron ne peut y déroger sans l’aval de cette
Commission, ce qui semble être le cas pour le changement d’objectif à 3% au
lieu de 2,8% pour 2017. Dans l’article 3 de ce rapport on trouve « L’analyse de la Commission l'amène à conclure
que la France connaît des déséquilibres macroéconomiques excessifs. En
particulier, la France se caractérise par un faible niveau de compétitivité et
une dette publique élevée et en augmentation, dans un contexte de faible croissance
de la productivité. Le risque de retombées négatives sur l'économie française
et, compte tenu de la taille de celle-ci, sur l'Union économique et monétaire,
est particulièrement important. » La France est donc jugée. Ce qui
pourrait apparaître comme des recommandations se décline finalement en directives
dans l’article 6 : « La France
relève actuellement du volet correctif du pacte de stabilité et de croissance.
Dans son programme de stabilité de 2017, le gouvernement prévoit de corriger le
déficit excessif en 2017, conformément à la recommandation du Conseil du 10
mars 2015, avec un déficit nominal de 2,8% du PIB. Le déficit nominal devrait ensuite
continuer de diminuer pour atteindre 1,3% du PIB en 2020. L'objectif budgétaire à moyen terme – un déficit
structurel de 0,4% du PIB – devrait être atteint d'ici à 2019. […] Selon le
programme de stabilité, le ratio de la dette publique au PIB devrait passer de
95,9% du PIB en 2018 à 93,1% du PIB en 2020. »
Tout
est donc fixé quant aux objectifs de déficit et de dette puisque la France s’y
engage devant l’UE. Mais dans l’article 7 on trouve le chiffre de 3% au lieu de
2,8%, c’est la prévision de la Commission qui précise donc qu’elle doit être
réalisée et prévoit même le déficit 2018 à 3,2% si rien ne change : «
Selon les prévisions du printemps 2017
de la Commission, le déficit nominal devrait atteindre 3,0% du PIB en 2017, ce
qui dépasse l’objectif recommandé par le Conseil. Pour 2018, dans l’hypothèse
de politiques inchangées, le déficit nominal devrait atteindre 3,2% du PIB et
donc dépasser la valeur de référence du traité, ce qui suggère des risques
entourant la correction durable du déficit excessif. »
La Commission met même le doigt sur la fragilité des hypothèses prises par la France :
« En outre, l'effort budgétaire
recommandé ne devrait pas être fourni sur la période couverte par la procédure
de déficit excessif, la stratégie d'assainissement budgétaire de la France reposant
principalement sur l’amélioration de la conjoncture et la persistance de taux
d’intérêt bas, lesquelles sont hors du contrôle des autorités. »
Dans
l’article 8 on rappelle l’objectif à moyen terme du déficit structurel (hors l’impact
de la conjoncture sur la situation des finances publiques) de 0,4% pour 2019,
mais cela va plus loin car la Commission définit les variations des dépenses
publiques à respecter : « Selon
la matrice d'ajustement arrêtée d’un commun accord dans le cadre du pacte
de stabilité et de croissance, cet ajustement correspond à l’exigence d'un taux
de croissance nominale des dépenses publiques primaires nettes ne dépassant pas
1,2% en 2018. Cela correspondrait à un ajustement structurel annuel de 0,6% du PIB. »
Ensuite la Commission met en garde la France sur la non-réalisation de ces
objectifs si les politiques budgétaires restent inchangées.
Nous
verrons que la Commission européenne va beaucoup plus loin dans les actions à
mener et on finira par y redécouvrir toutes les décisions gouvernementales pour
2017 ainsi que le grand tour de vis supplémentaire qui nous attend pour 2018.
On en reparlera dans le prochain article où l’on verra que les politiques
économique et migratoire sont complètement cadenassées et que notre
indépendance n’est plus qu’un leurre que l’on entretient pour nous faire croire
que nous ne subissons pas mais faisons le choix de souffrir… comme les grecs
pour notre bien futur en forme de mirage.
Le peuple est encore invité à penser
printemps
Mais le printemps ne dure qu’un temps
En septembre commencera l’automne
Le temps de découvrir la tristesse
De nos nouvelles désillusions.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire