Le monde est en train de changer du
tout au tout. La guerre froide des Etats-Unis contre l’URSS s’est mondialisée
en créant deux camps, le monde unipolaire contre le monde multipolaire. Un axe fort Chine-Russie, historiquement impossible,
est en train de se conforter et d’agglutiner les grandes puissances asiatiques,
hors Japon. Il entraîne des grands pays comme le Brésil et l’Afrique du Sud aux
grandes richesses minières pour former un noyau dur, les BRICS, qui se donnent
les moyens bancaires pour des grands investissements en particulier dans les
infrastructures asiatiques est-ouest qui rapprochent les richesses de leurs
sous-sols d’une Europe consommatrice et démunie. La Chine, qui devient une
menace économique et monétaire pour les Etats-Unis, convertit de plus en plus
les bons du trésor américain contre de l’or. Elle sait que l’on ne peut avoir
une puissance économique sans puissance militaire. Elle accroît donc son budget
de défense et crée une base à Djibouti, proche de l’Iran et du brûlot du Moyen-Orient.
Les États-Unis se sont épuisés pour
des guerres à l’extérieur dans le Sud-Est asiatique, en Afghanistan et
ailleurs, et dans tous les printemps arabes qu’ils ont encouragés voire
suscités. Le dollar, qui tient sa force des transactions pétrolières en dollars,
est menacé par un marché de transactions qui commence à utiliser d’autres
devises, comme le yuan entre la Chine et la Russie. Ils savent aussi qu’il n’y
a pas de puissance économique sans puissance militaire, c’est pourquoi ils ont
inventé une Union Européenne sous couvert de l’OTAN, donc sans réelle défense
coordonnée autrement que sous la chape américaine. En rentrant dans l’UE et l’OTAN,
la France s’est mise délibérément sous protectorat américain. Les rodomontades
de Macron sont d’un ridicule qui nourrit sa communication mais qui n’aide en
aucune façon le peuple français.
Il n’a rien changé de la politique
russe et n’a pas pouvoir pour lever les sanctions contre ce pays, ni pour
gagner la guerre en Syrie. La coalition occidentale conduisait sciemment la
Syrie à l’explosion et à la mort ou la destitution de Bachar el-Assad. La présence
russe a changé la donne et en un an l’EI et Al-Qaïda ont perdu 50% du
territoire conquis. Les Américains et les Israéliens sont bloqués en Syrie et
en Irak. Bientôt c’est la diplomatie qui va décider de la fin des hostilités au
Moyen-Orient où reste le cas du Yémen avec une guerre atroce sur laquelle nous
fermons les yeux. Macron n’a rien changé de la politique américaine et surtout
pas sur le climat. Toujours à la recherche de publications médiatisées, il se
fait voir avec le Premier Ministre canadien, Trudeau, pour surfer sur l’accord
du CETA fait derrière notre dos et qui n’est qu’une décision des 28 membres de
l’UE. A ce propos il ne s’est pas vanté du JETA, le nouvel accord avec le
Japon, où l’on voit la patte américaine qui resserre le clan du monde
unipolaire entourant l’Asie continentale.
Si Poutine a fait entrer la Russie
dans la mondialisation sur le plan économique, si la Chine se place comme la
première puissance économique, si l’Inde et l’Iran deviennent des puissances
incontournables, les Etats-Unis vont prendre un virage fondamental pendant que
leur puissance militaire fait encore peur au monde. C’est Donald Trump qui
amène une vision nouvelle et va peser, s’il résiste aux tentatives de
déstabilisation de l’oligarchie qui ne lui pardonne pas d’être élu par le
peuple de rien. L’homme est surprenant dans le monde politique et a des côtés « bruts
de fonderie » comme l’on dit, voire rustres. Il dit brutalement les choses
et se réserve le droit de changer d’avis en fonction du déroulement des
évènements. Il n’y a pas d’idéologie chez Trump, c’est un pragmatique. C’est un
socio-libéral qui pense aussi au peuple en pensant économie nationale. Il
affronte un monde oligarchique qui ne veut pas qu’il ramène sur le sol
américain l’économie américaine mondialisée, donc de banquiers et de
multinationales répartis sur toute la planète, pour nourrir le peuple d’en bas.
Ce monde oligarchique sait que ceci ne peut se faire qu’à son détriment et œuvre
contre lui.
La presse européenne continue encore très largement à ironiser sur Donald
Trump, son «inintelligence» et son «inexpérience» de la scène diplomatique. Elle
oublie que Donald Trump a passé quarante ans de sa vie dans le monde des
affaires à l’échelle mondiale, avec succès, ce qui est bien plus difficile que
de mener une carrière diplomatique, et implique de négocier et de passer des
contrats dans des conditions complexes. Trump ne veut pas refaire le monde,
comme Macron le veut tout-au-moins en paroles. Trump défend les intérêts des Etats-Unis, c’est clair, et son
discours est compris de Poutine qui dit la même chose. Tous deux
savent que l’économie demande de chercher le gagnant-gagnant dans des accords bilatéraux
d’abord et que l’Europe est avant tout un enjeu économique. On comprend ainsi
les efforts de Poutine pour faire arriver le gaz en Europe sans passer par l’Ukraine,
et l’appui de Trump aux pays d’Europe centrale et orientale pour les amener à
diversifier leur approvisionnement avec un axe nord-sud de transit et un apport
de gaz de schistes américain.
La visite de Trump à Paris est significative du
décalage de la France dans l’évolution mondiale. Les médias mainstream français
tombent dans le ridicule d’une magnification d’un Macron invitant Trump à se
pencher sur la tombe de Napoléon, un exemple pour lui, comme il l’a fait à
Versailles avec Poutine en rêvant du roi soleil. A contrario selon ces médias, il
apparait que c’est le voyage de la dernière chance pour Trump et que c’est lui
qui est en difficulté, isolé du monde au G20 et reclus à l’extérieur de la
photo du groupe, à tel point que Macron, au mépris du protocole a eu ce geste
humanitaire de lui éviter cet affront en se mettant à cette place maudite. C’est
beau, c’est grand, c’est noble… heureusement que le ridicule de la vassalité ne
tue pas. En réalité la partie mondiale se joue dans le triangle
Russie-Chine-Etats-Unis, car ces pays concentrent la plus grande puissance
économique et militaire. L’UE est un terrain de jeu géostratégique.
Trump sait que, les britanniques
ayant choisi de jouer leur partition dans un retour historique de l’esprit du
Commonwealth, les deux principales puissances économiques de l’UE sont l’Allemagne
et la France. Il sait aussi que ces deux pays complotent une UE, « à deux vitesses », axée sur eux et prenant
acte du clivage de réussite économique nord-sud. La France y œuvre pensant
comme d’habitude qu’elle fera jeu égal avec l’Allemagne. Trump ne peut qu’y
souscrire et ouvrir le terrain d’une coopération économique plus étroite liant
un peu plus notre pays dans sa vassalité aux USA. Macron pourra pavoiser et
Trump affirmer sa nouvelle géopolitique d’abandon du fédéralisme européen et de
morcellement de l’UE rendant celle-ci plus manipulable économiquement et
militairement. L’UE irait alors vers un axe nord-sud des pays de l’Europe
orientale et centrale, une UE des pays les plus riches ou puissants supposés s’accommoder
de l’euro, une UE des pays en difficulté ou que l’euro tue. C’est une UE à
trois vitesses qui satisferait Trump qui encouragera Macron à agir. Il lui
ouvrira même la porte des négociations sur l’Ukraine et la Syrie. La
géopolitique est un jeu où l’Allemagne, qui devient le pays
conducteur de la politique européenne, commence à agacer dans l’UE mais aussi
aux Etats-Unis. Trump est prêt à jouer sur la marionnette Macron pour mettre
des grains de sable affaiblissant la position allemande.
Dans ce contexte de grande évolution
mondiale, il me faut vous parler de la politique française actuelle dans les
deux autres domaines économiques et migratoires, et plutôt des vraies raisons
de celle-ci. Ce sera l’objet du prochain article.
Un pays ne peut rester grand que quand sa voix porte,
Que lorsqu’elle est crédible et en a les moyens.
La France des actes cède à celle des paroles,
Mais l’enfumage ne dure qu’un temps,
Celui qui dissipe la fumée !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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