L’échec de la réunion de
Vienne cette semaine ne laisse rien augurer de positif lors de la prochaine
réunion prévue dans une quinzaine. Non seulement les États-Unis ne veulent pas
quitter la Syrie comme le demande Bachar al-Assad, chef démocratiquement élu de
la Syrie, mais ils envoient officiellement des soldats expérimentés au sol en
petit nombre mais personne n’ira vérifier ni le nombre exact ni leur mission
sauf s’ils sont faits prisonniers. Cette réunion de Vienne a quelque chose d’impensable.
Voilà un pays reconnu à l’ONU dont on met les dépouilles sur une table pour
savoir qui s’en nourrira ! Le sort des syriens ne compte pas pour ces
dirigeants que seuls le pouvoir et la puissance les intéressent.
Au Moyen-Orient la
guerre fait rage du Liban à l’Iran. La guerre au Yémen est mise en veilleuse
entre le gouvernement yéménite, aidé par l’Arabie Saoudite, les israéliens et
la coalition, dans l’opération « Tempête décisive » et les rebelles
chiites Houthis aidés par l’Iran. La coalition estime avoir atteint ses
objectifs et le cessez-le-feu de la résolution 2216 de l’ONU pourrait être
observée par le gouvernement et les rebelles. Deux raisons sont probablement à
l’origine de ce revirement de la coalition. La première est le bombardement sur
l’hôpital MSF d’Haydan le 27 octobre qui a mis à mal l’opinion sur la
coalition. Pourtant, depuis six mois, les bombes pleuvent sur le Yémen. «Des bombes tombent du ciel jour et nuit»:
c'est même le titre du rapport publié par Amnesty International le 7 octobre,
qui dénonce des crimes de guerre commis par la coalition menée par l'Arabie
saoudite. La seconde raison est surtout la nécessité de ne pas se disperser sur
deux fronts alors que la Russie frappe en Syrie.
Dans
ce conflit l’apport d’Israël
s’est fait de façon cachée comme sur la plupart des théâtres
d’opération. Deux
avions israéliens abattus par les rebelles Houthis ont été identifiés
sous un
camouflage de nationalité arabo-saoudite et marocaine. Mais ce pays joue
un
rôle partout de l’Ukraine au Yémen. Douze avions israéliens auraient
attaqué le Hezbollah à la frontière syro-libanaise ! Il suscite les
conflits et travaille pour
les USA avec des services secrets particulièrement performants, le
Mossad.
Aucune paix ne tiendra au Moyen-Orient si Israël n’abandonne pas son
ambition
du grand Israël, le grand Moyen Orient de la stratégie américano-juive.
Mais la
paix possible tient aussi à une autre ambition, celle d’Erdogan le turc,
qui se
voit calife d’un empire ottoman ressuscité étendant ses ailes du
Moyen-Orient
jusqu’aux Balkans pour le moins. Puissance et primauté religieuse
opposent
quatre pays, la Turquie, l’Arabie Saoudite, l’Iran et Israël.
Les deux grandes puissances
qui s’affrontent au Moyen-Orient doivent composer avec ces autres pays qui se
vendent au plus offrant. Israël est l’âme damné des USA. L’Iran bascule dans le
camp des BRICS. La Turquie mène un double jeu. Elle offre une base aérienne aux
avions US tout en bombardant les kurdes que les USA veulent aider par leurs
forces spéciales ! L’Arabie Saoudite est engagée dans une guerre
religieuse avec la coalition de prééminence sunnite mais elle mène une guerre
des prix du pétrole qui met en danger l’industrie pétrolière du gaz de schiste
américaine. C’est peu dire que le conflit irako-syrien est un brûlot tant les
intérêts sont contradictoires et les jeux de rôle mouvants. Seule la position
russe, mais aussi chinoise et iranienne, s’affiche clairement sur le conflit
syrien avec le soutien à Bachar al-Assad contre toutes les factions qui l’attaquent.
Mais le pétrole ne leur est pas indifférent et le trajet des pipe-lines qui
traversent le Moyen-Orient vers l’Europe est un enjeu majeur. Le passage envisagé
du pétrole russe par la Turquie donne des relations complexes d’intérêt entre
ces deux pays. D’ailleurs ils négocient plutôt des accords stratégiques ce qui
n’est pas sans compliquer la position de la coalition contre la Syrie car la
Turquie tient essentiellement à la lutte contre les kurdes.
La guerre entre deux mondes
uni et multipolaire n’aura plus de cesse tant que les Etats-Unis se battront
pour triompher. Les positions se durcissent et ce sont bientôt deux silex qui
se frottent l’un contre l’autre… les étincelles vont en jaillir. L’attentat de
l’EI contre l’A321 russe ne peut qu’envenimer le conflit. On a reproché aux
russes de ne bombarder que les rebelles syriens et Al-Nostra, alors pourquoi l’EI
s’en prend-il à un avion russe alors qu’il aurait pu le faire contre un avion
américain, français, britannique depuis quatre ans ? Il semble que l’EI ne
disposait pas de missiles sol-air capables d’atteindre cet avion à cette
altitude. Qui leur aurait fourni un missile capable de le faire ? Est-ce pour
détourner les attaques aériennes russes vers Daesh plutôt que vers les autres
factions ? Défaillance technique ou attentat ? Nul doute que nous allons en savoir plus rapidement et la
réaction russe sera à la hauteur de l’évènement. L’état de guerre peut y être
déclaré plus officiellement que nous l’avons fait en France.
Les américains
mettent un peu plus d’huile sur le feu avec l’annonce de troupes au sol en
Syrie et la possibilité de déployer 4.000 soldats aux frontières de la Russie.
S’agit-il d’intox, de manœuvre d’intimidation ? Ce genre de jeu ne peut qu’aboutir
à l’irréparable et nous savons tous ce que cela veut dire. La situation n’est
pas moins dangereuse en Mer de Chine. La contestation des pays riverains des
îles Paracels et Spratly créées artificiellement autour de récifs par les chinois est
alimentée par les USA selon leur habitude de jeter de l’huile sur le feu. Les
navires et les aéronefs US s’approchent au plus près des zones aériennes et
maritimes chinoises. Ceci commence à exaspérer la Chine qui vient ouvertement
de lancer que la poursuite d’un tel comportement peut mener à une guerre contre
les États-Unis. Avec Taïwan, le Vietnam, la Malaisie, Brunei et les Philippines,
chasse gardée américaine face à la Chine, il ne faut pas grand-chose pour que
le conflit s’envenime. Sans donner raison à la Chine, on comprend que celle-ci
défende une zone qui serait riche en pétrole, ressource qui leur manque, mais avant tout une
zone stratégique pour leur défense sur la principale route maritime de l'Asie du Sud-Est.
La pression sur la Chine est en cours et la flotte américaine ne cesse de se renforcer du Japon aux Philippines. Enfin les USA s’intéressent de plus en plus à l’Afrique où l’Algérie est dans le collimateur et où le chaos s’étend partout. Et la France dans tout ça ? Une bulle de savon devenue si fragile que son comportement est celui d’un nain mimant son mentor dans une ridicule parade qui ne peut que finir mal. La France n’est plus défendue ni par des moyens de défense à la hauteur de son poids économique ni surtout par des dirigeants qui ne croient plus en elle… depuis Giscard d’Estaing, comme l’a révélé Philippe De Villiers, et c’est de pire en pire.
Il ne suffisait pas que l’on nous cache la crise de l’endettement
Il a fallu encore que nous ayons élu, choisi, des représentants
Qui ne croient plus en la grandeur de la France et pensent
Que servir les puissants les sert eux-mêmes !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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