Hollande
fait le tour des popotes des intervenants au Moyen-Orient avec une dernière
rencontre aujourd’hui à Moscou. Gageons que sa visite n’aura pas plus de
résultat que celles auprès d’Obama et de la Chancelière. Obama s’en tire avec
un « Nous sommes tous français »,
ce qui ne veut strictement rien dire dans sa bouche, mais il ne bouge pas d’un
pouce dans sa coopération avec la Russie ni pour un engagement supplémentaire
en Syrie. La Chancelière se fend de 650 soldats allemands au Mali aux côtés des
américains déjà sur place, ce qui montre bien l’échec de notre intervention
dans ce pays.
Il apparaît de plus en plus nettement après les excuses de la
Turquie que l’avion russe a été froidement abattu en dépit des règles
internationales et de la coopération contre l’EIIL. La modération de la réponse
de la Russie s’explique par les liens économiques forts entre les deux pays. Poutine
rompt les relations sur le plan militaire, ce qui est un minimum. Par contre il
renforce ses moyens militaires en Syrie, avec de nouveaux lance-missiles (systèmes mobiles de défense anti-aérienne Su-400) et en
méditerranée avec un croiseur, les deux devant assurer une barrière
quasi-infranchissable à tout objet volant indésirable. Il a néanmoins démasqué
le double jeu de la Turquie, qui alimente ses raffineries avec le pétrole de
Daesh, et celui de l’OTAN qui se dit solidaire de la destruction de l’avion
russe ayant entraîné la mort d’un de ses pilotes (le second a été récupéré vivant par un commando syrien) lâchement
tué sous son parachute par des rebelles « modérés » !
Je reste stupéfait de la folie guerrière
qui s’est emparé de nos députés à moins que le sujet apparaisse croustillant
avant les régionales. Il apparaît qu’ils jouent la surenchère par rapport aux
réactions populaires abreuvées d’images et de commentaires sur le travail de
nos enquêteurs après les attentats. Celles-ci sont globalement plus à la
compassion vis-à-vis des victimes qu’à l’envie de plonger dans une guerre dont
on sait que notre action ne peut être réellement efficace qu’en allant la faire
au sol. Applaudir des actions aériennes à moindre risque fait d’ailleurs preuve
d’une certaine lâcheté parce que l’opinion n’est pas prête à faire tuer nos
soldats en Syrie. La sortie spontanée de drapeaux français permet de lancer une
opération d’incitation à la décoration de nos balcons comme une initiative
nationale dont le but est évidemment la récupération électorale. Mettre le
drapeau à sa fenêtre a un sens en temps de guerre où la population a un rôle à
jouer, ce qui n’est pas le cas en ce moment. Sur le plan intérieur l’action est
le rôle de nos services de renseignements et aux policiers pour compliquer le
travail des terroristes et les neutraliser avant ou après. Le peuple les
soutient évidemment et cherche à maîtriser sa peur. Mais peut-on faire une
guerre propre et digne ? Devons-nous être fiers de tuer des civils, dont
des femmes et des enfants ?
Irak: un Rafale cible une école primaire, 28 écoliers tués
Le
gouvernement irakien est perplexe au sujet des frappes aériennes menées par des
avions français dans le cadre de la coalition contre Daech : Il vient d’annoncer
qu’un Rafale a ciblé une école primaire sise en zone sous contrôle civil, y
causant la mort de 28 enfants. Des
officiels irakiens ne cachent pas leur exaspération en évoquant la coalition
menée par Washington supposée combattre Daech en Irak : « s’ils ne
larguent pas par inadvertance des munitions ou des vivres à Daech, ils
tuent des écoliers innocents » dénonce un militaire irakien. Des
informations affirment que l’unique Porte-Avions français et ses 26 appareils
ne disposent pas d’une base de données fiable sur les cibles à bombarder
en Irak et en Syrie. En cause, la précipitation de l’Elysée à vouloir utiliser
l’outil militaire à des fins politiques en prévision des prochaines échéances
électorales.
Mais le flux migratoire, envoyé
sciemment et brusquement par la Turquie (sous couvert américain car elle fait
partie de l’OTAN et de la coalition), et la guerre en Syrie ont mis à jour d’une
part les divergences fondamentales sur le contrôle des frontières et d’autre
part l’absence complète de politique étrangère et militaire de l’Union
Européenne. Même si la France est ciblée préférentiellement par l’EIIL,
compte-tenu de ses engagements militaires en Afrique et au Moyen-Orient, l’ensemble
des pays d’Europe est visé et le flux migratoire n’épargnera personne qu’il
soit ou non jugulé aux frontières. L’UE ne repose que sur l’Allemagne et sur la
France dont les intérêts et les points de vue ne sont pas les mêmes et où les
relations ne sont pas celles de partenaires de force égale. Si la France se
veut être la face militaire et bénéficie encore d’un siège permanent au Conseil
de Sécurité de l’ONU, ce qui lui permet de jouer encore un rôle en diplomatie,
elle est à la remorque de l’Allemagne sur tous les autres plans dont ceux de l’économie,
de l’austérité et de la politique migratoire. L’UE devient de plus en plus une
tour de Babel où les intérêts nationaux prennent largement le pas sur les
intérêts communs.
Des divergences de fond se
font jour sur la politique envers la Russie. Si le front allemand, aidé de la France,
peut encore imposer de nouvelles sanctions contre la Russie, si les pays baltes
accueillent avec reconnaissance les troupes américaines sur leur territoire, d’autres
comme la Hongrie et la Serbie tendent les bras à la Russie. Le sentiment
anti-européen britannique se révèle aujourd’hui majoritaire en attendant le
référendum promis par Cameron. Le Brexit est une hypothèse de plus en plus
probable. Le Royaume-Uni n’a jamais voulu qu’une union commerciale et n’est
entré dans l’UE que moyennant des exceptions. Il monnaye constamment son
appartenance campé sur la City qui lui permet de contrôler la majeure partie
des mouvements financiers et bancaires mondiaux. Si le Grexit a été évité par
la réticence des élites apatrides grecques et la peur d’un peuple encore traumatisé
par son histoire récente, la situation de la Grèce ne cesse de se dégrader. Elle
va conduire l’Allemagne et la France soit à une aide permanente soit à la faire
sortir de l’euro.
Par ailleurs l’UE perd
globalement pied, et la zone euro encore plus, par rapport à la croissance des
autres continents. Le ralentissement de la croissance des pays émergents, dont
la Chine qui tirait la croissance mondiale, et le soutien à bout de bras de la
croissance américaine avec le puits sans fond de la dette, donne des perspectives
peu favorables. La BCE continue d’alimenter les banques qui s’exposent toujours
à un risque systémique qui est lié à la confiance des peuples. Un choc sur l’euro,
par exemple, peut tourner à la perte de l’UE. Or on découvre que l’euro n’a pas
protégé la Finlande, premier pays du nord à se reposer son appartenance à la
zone euro, ce qui va la pousser à une déflation interne, c’est-à-dire à une
pression sur les salaires, puisqu’elle ne peut jouer sur la monnaie. Son
économie, très dépendante de Nokia, est en danger et l’euro est remis en
question. Mais le Portugal, en crise politique, l’est aussi sur le plan
économique. Chômage et récession sont à l’œuvre. L’Italie est aussi en
récession et, si l’UE peut encore faire face financièrement à la Grèce, à la
Finlande et au Portugal, grâce aux capitaux européens garantis par les États
dans le MES (Mécanisme Européen de Stabilité), il ne peut en être de même pour
l’Italie.
Jacques Attali nous
dit que c’est intentionnellement que la sortie de la zone euro n’est pas prévue
dans les statuts. « Quand on entre
dans l’euro, on ne peut en sortir » comme l’a redit Juncker. Mais la
sortie d’un ou de plusieurs pays de la zone euro est un choc qui ébranlera l’UE
dont il est prévu cette fois que l’on peut en sortir. Des signes avant-coureurs
de la baisse de l’attractivité de l’UE se font jour. La Pologne a retiré le
drapeau européen de la salle de réception gouvernementale et sa nouvelle
Présidente vendra chèrement son pays à l’UE dit-elle. Les frontières et les
esprits se ferment. L’UE va entrer dans le service des soins palliatifs et son
avenir n’est plus lié seulement à la zone euro mais à l’intérêt qu’elle
présente aux yeux des peuples. Si elle nous oblige à guerroyer pour elle et à
suivre des mesures d’austérité allemande qui vont se traduire par un blocage
des salaires et à un chômage endémique de 10%, cela vaut-il la peine de lui
donner chaque année 9 milliards après déduction des aides en retour, 9
milliards net, après 26 milliards pris aux contribuables et remis dans des
poches sélectionnées… par les technocrates de Bruxelles ?
La France est un pays malade en perte de repères
Sans identité européenne ni outre-Atlantique.
On lui ferme les yeux dans son drapeau
Que les puissants ne cherchent…
Qu’à ensanglanter !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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