Il se joue devant nos yeux un affrontement sans
précédent depuis la seconde guerre mondiale, un affrontement d’une violence
extrême, où tous les coups sont permis, et où l’on frôle désormais tous les
jours l’incident générateur d’un conflit militaire direct. Valls a déclaré que
nous sommes en guerre mais mis à part le plan vigie-pirate, l’envoi de
militaires à Calais, notre porte-avions vers la Syrie, les médias ne relaient
aucune information sur la gravité de ce qui se passe en mer de Chine et en
Syrie. Nous sommes dans un état d’alarme et d’anesthésie conjuguées pour
laisser les mains libres à un gouvernement aux ordres des USA qui nous laisse
gérer… COP21. Il y a quelque chose d’irréel entre la gravité de la lutte entre
les principales puissances du monde et l’information dont nous abreuve les
médias eux aussi aux ordres pour la plupart.
Un affrontement pour l’instant
indirect se joue en Syrie entre deux blocs, l’occidental et l’alliance
Russie-Syrie-Iran-Chine avec le bras armé des Etats-Unis à savoir Israël. Le
refus de l’UE de conclure des accords avec la Russie, et lui infligeant au
contraire des sanctions tout en demandant que la Russie ne fasse pas la même
chose sur l’Ukraine, ainsi que le refus des USA de ne pas déployer leur bouclier
anti-missile, soi-disant orienter vers l’Iran mais en cours de redéploiement
contre la Russie, ont convaincu celle-ci de changer de stratégie. La Russie
s’est tournée vers la Chine mais la Syrie est devenue une pièce maîtresse en
même temps des USA et de la Russie. Si la Syrie tombait, la Russie serait, en
plus d’une humiliation diplomatique, menacée dans son intégrité territoriale,
ce qui pourrait induire un éclatement de la Fédération de Russie. Le pauvre
peuple syrien ne représente pas grand-chose pour les occidentaux et le but
n’est évidemment pas sa démocratisation, ni l’apaisement entre les communautés
qui existait auparavant. Mais l’avenir de la Russie s’y joue actuellement.
Poutine sur la ligne de Catherine II qui considérait que « Damas détient la clé de maison Russie » comprend bien que « Damas est la clé d’une nouvelle ère ».
L’hégémonie américaine joue sur
deux fronts, l’Europe et la maîtrise de la Syrie, du Liban et de l’Irak. Forte
de la présence de la Turquie dans l’OTAN, les USA auront la voie ouverte vers
les républiques de l’ex-URSS et en particulier le Caucase pour y continuer une
guerre de déstabilisation par les « printemps » de toutes natures
mais principalement confessionnels. Par ailleurs Goldman Sachs et la finance
internationale pilotent l’invasion migratoire de l’Europe. La partie engagée au
Moyen-Orient se complète avec l’encerclement de la Chine par voie maritime. Il
faut bien sûr ajouter l’affrontement militaire, à fleurets mouchetés pour l’instant,
par la guerre économique et monétaire.
Ce ne sont nullement les contrats
d’armement passés avec ce pays, ni le port de Tartous qui sont les enjeux
stratégiques russes dans la région au point de mener une lutte atroce pour
éviter que l’État syrien ne tombe. Cela est confirmé en partie par le directeur
du Centre d’analyse sur les stratégies et les technologies-Moscou Rousslan
Poukhov, qui a déclaré : « penser que la
Russie soutient Damas en raison des ventes d’armes est une aberration ! C’est
totalement hors sujet ». La Syrie représente le point de résistance que les
USA et Israël veulent faire tomber. En soutenant les mouvements des résistances
palestiniennes et libanaises, la Syrie a fait avorter tous les plans américains
pour la mise en place du Grand Moyen-Orient dans lequel les États arabes seront
atomisés et soumis au diktat israélien. Par ailleurs, son alliance stratégique
avec l’Iran a fait que l’axe hostile aux plans étasuniens se consolide dans la
région.
La stratégie étasunienne est fondée
sur la ligne Brezinski qui prévoyait la domination de l’Union Soviétique en
deux étapes, l’encerclement de la Russie en premier lieu, puis ensuite passer à
sa déstabilisation, pour mieux contrôler son espace périphérique. Poutine sait
parfaitement que pour que son pays puisse prétendre au statut de grande
puissance il faut, qu’au travers de son économie, il renforce sa force
militaire et rende sa politique étrangère plus agressive en vue d’une influence
réelle au niveau mondial. Si l’opposition syrienne l’emportait, cela
signifierait que la bataille féroce pour le contrôle des sources d’énergie
tournerait en faveur des États-Unis et de leurs alliés, permettant à ceux-ci
d’étendre leur influence de la Syrie jusqu’en Australie. Or l’économie russe
qui s’appuie désormais sur la Chine et le yuan va reprendre son rang dans les
grandes économies mondiales. Dans une interview à la BBC, Douglas MC Williams,
Chef du Centre de Recherches Britannique (CBER), déclarait : « La Russie arrivera en quatrième position
dans le classement des plus grandes économies mondiales d’ici l’horizon 2020
».
Il faut donc torpiller l’économie
russe avant qu’il ne soit trop tard. Elle est très dépendante de l’exportation
du gaz, il devient impératif, de stopper l’exportation du gaz russe vers l’Europe
à travers les gazoducs paneuropéens en projet ; le South Stream et le Nord
Stream. Les pays européens devraient être approvisionnés par le gaz iranien par
le Nabucco, gazoduc reliant l’Iran à l’Europe centrale via la Turquie. La Qatar
pourrait alimenter la Syrie fermant ainsi tous les débouchés du gaz russe vers
l’Europe. C’est la stratégie du Grand Moyen-Orient.
Mais on peut jouer aussi avec la
Turquie, base avancée des intérêts américains
en Eurasie, qui rêve de rétablir l’Empire Ottoman qui s’étendrait jusqu’à
l’Asie centrale, ex territoires soviétiques. Une aubaine pour qu’elle étende
son hégémonie jusqu’aux confins de Moscou sur les républiques turcophones qui
sont l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, le Turkménistan, le Tadjikistan et le
Kirghizistan. Il ne fait nul doute que la Turquie soutient discrètement les
mouvements séparatistes et ethno-religieux dans l’optique de briser définitivement
la Communauté des États Indépendants (CEI), composée de 11 des ex-républiques
soviétiques.
Damas est le point de départ du
nouvel ordre mondial. Si cette capitale tombait, la Russie perdrait définitivement
son rêve de retrouver son statut de grande puissance dans le monde du temps de
la guerre froide. Une fois la Syrie soumise, l’Iran à son tour sera attaqué.
L’axe chiite Syrie-Irak-Iran brisé sera sous la botte de l’Arabie Saoudite qui
imposera la normalisation des relations avec Israël aux autres pays arabes. L’espace
sunnite « modéré » dominera l’espace géographique qui s’étend du Maghreb,
au Pakistan et l’Afghanistan en passant par la Turquie et la corne africaine.
La Turquie contrôlera le passage du Bosphore en bloquant la flotte russe dans la
mer Noire. La Russie sera exclue du Moyen-Orient et assiégée sur ses frontières
pour tuer définitivement la Fédération de Russie. Il restera la Chine et c’est
une autre histoire. Mais il faut comprendre que la partie qui se joue dépasse
de très loin la libération de la Syrie de Bachar el-Assad pour la Russie ou le
combat des occidentaux au nom de la démocratisation de ce pays. Daech n’existe
que comme un pion camouflé dans ce combat où s’affronte le monde unipolaire
étasunien et le nouveau monde multipolaire reliant les pays majeurs de l’Asie.
Et la France dans tout ça ?
La France n’existe que par son unité
nationale
Mais dans cette guerre titanesque
Elle vend son âme et ouvre
La porte à sa disparition !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire