Ps : L’attentat
terroriste contre Charlie Hebdo endeuille la France et la met devant ses responsabilités
face à l’Islam. Nous en parlerons demain.
Pour ses vœux de l’année 2014, François Hollande
claironnait la puissance mondiale de la France, cinquième puissance économique.
« L’infernal déclin britannique » titrait le Point le 12 mars 2014. « L’économie britannique est
l’économie en forme actuellement » titrait le Monde le 24 octobre 2014. Dans
le même temps on avait le verdict britannique « La France, le pays malade
de l’Europe ». Ceci montre la difficulté des hommes politiques à regarder
les choses en face, à se comparer et à en tirer des leçons. La France pense
toujours être le centre du monde, comme si la Révolution française nous donnait
une aura pour l’éternité. Nous avons eu du mal à accepter de ne plus être la
première économie européenne, les faits nous ont obligé à en convenir, mais
notre regard sur le Royaume-Uni était celui de la condescendance.
Le Royaume-Uni représentait tout ce qui nous
différenciait, une reine (quelle horreur), un système social déplorable, un pays
non-aligné sur l’euro, une livre dévaluée, etc. Il n’était pas jusqu’aux
sarcasmes de certains à voir les anglais installés en France repartir dans leur
pays avec une monnaie ridiculisée. En 2008, la Grande Bretagne a laissé filer
sa monnaie par rapport à l'euro avec une baisse d'environ 25%. Que n’a-t-on pas
entendu chez nos économistes européistes ! La dette de ce pays croissait à
vue d’œil avec 10% du PIB en 2010, 113 milliards en 2011, 150 milliards en 2012…
Les tenants français de la sortie de l’euro avec une dévaluation similaire
étaient réduits au silence même s’ils pouvaient rétorquer que la Suède en avait
fait tout autant avec succès.
Pourtant aujourd’hui le Président Hollande aurait pu
annoncer dans ses vœux, ce qu’il savait déjà, que la France laissait la place
de cinquième puissance économique mondiale au Royaume-Uni ! L’explication
est pourtant simple. D’un côté le Royaume-Uni maîtrise sa monnaie et a dévalué,
condition nécessaire mais non suffisante, et dans un deuxième temps en 2010, avec
l’arrivée de David Cameron, il a engagé une politique d’austérité des dépenses
de l’Etat (“En % du PIB, le poids des
dépenses publiques totales recule de 47 % à 43,8 % en moins de trois ans”) pour
privilégier le marché et des réformes structurelles destinées à dynamiser le
pays. La flexibilité du marché du travail a permis de créer deux emplois dans
le privé pour un emploi supprimé dans le public. De l’autre côté la France a
fait l’inverse, monnaie bloquée, pression fiscale accentuée, aucune réforme d’ampleur
sur les dépenses de l’Etat au sens large englobant les territoires et les
prestations sociales, code du travail paralysant. En résumé une politique
volontariste et pragmatique d’un côté et une politique « au fil de l’eau »
en espérant qu’elle conduira sans effort à l’Atlantide.
On se gaussera en
France sur le fait que le PIB britannique englobe les recettes de la prostitution
et de la drogue, mais il n’en reste pas moins vrai qu’avec une croissance de 3%
en 2014 (mieux que la prévision révisée à 2,7%), le Royaume-Uni a inversé la
courbe du chômage bien avant nous. En 2014, les dépenses publiques en Grande
Bretagne représentent 43,2% du PNB, contre 56,1% en France et le Chancelier de
l’Echiquier estime que les dépenses publiques doivent se résorber jusqu’à 35,2%
pour réaliser l’équilibre budgétaire dont l’échéance est repoussée à 2019. Le pragmatisme
britannique ne promet pas monts et merveilles à son peuple mais encore 5 ans d’austérité
tout en continuant à diminuer la pression fiscale comme la diminution de l’imposition
des transactions immobilières.
Il
est intéressant de noter qu’avec un chômage de 6,8% le Royaume-Uni se rapproche
du plein-emploi et que de ce fait le problème de l’immigration n’est pas
ressenti de la même façon. Sur le plan économique le gouvernement constate que
l’apport migratoire est plutôt bénéfique, car il y a de l’emploi pour eux. La population
est beaucoup plus partagée par cet apport multiculturel dans l’une des densités
de population les plus fortes d’Europe. En particulier les revendications
musulmanes se font de plus en plus pressantes. Mais incontestablement le pays
attire mais contrôle son immigration d’autant plus facilement que c’est une
île.
Même si l’inflation a été de 1,5%,
le pouvoir d’achat des ménages commence à se relever. Par ailleurs, après la
dévaluation de 25% en 2008, le PIB outre-Manche a profité de la revalorisation
de la livre sterling, (de 5,4 % par rapport à l'euro) pour augmenter de
126 milliards d'euros environ. Pourtant à la différence de la France, David
Cameron ne promet pas le beurre et l’argent du beurre et annonce que le Royaume-Uni
n’est qu’à la moitié du chemin. Le constat est amer pour nous et nous faisons
désormais bien pâle figure d’autant plus que les leçons de notre voisine britannique
ne semblent pas devoir passer le détroit du Pas-de-Calais. Car il ne faut pas
se raconter d’histoires, le grand levier a été la dévaluation de la livre et le
pouvoir de la City d’injecter de l’argent dans l’économie n’en déplaise aux
européistes qui laissent se dégrader notre économie au seul profit de l’Allemagne.
Le Royaume-Uni
va voter en 2015 et si David Cameron est toujours au pouvoir, le pays votera
pour son maintien ou non dans l’UE. C’est dire si cette année peut réserver des
surprises à l’Europe, avec les difficultés grecques, italiennes, portugaises et
espagnoles. Avec notre perte de crédibilité, la loi du siècle et le Pacte de
passage de Responsabilité aux entreprises ne vont pas convaincre Bruxelles et
le FMI sur notre capacité à rebondir au-delà d’une croissance molle et d’un
chômage endémique qui est en passe de causer une perte identitaire grave dans
notre pays. L’industrie automobile anglaise vient de dépasser la nôtre, un
signe qui ne trompe pas ! Plus important encore la France n'est que 9ème en PIB/habitant ce qui reflète mieux sa position dans le monde et notre pouvoir d'achat, derrière l'Inde, la Russie et le Brésil !
Le Royaume-Uni, la Suède et d’autres
pays du Nord prennent le large,
L’Allemagne nous pille avant de
stagner tandis que la France coule.
Sans moteur et sans énergie, et avec
des atouts inexploités,
La France brille pourtant par l’incompétence…
De ses dirigeants et leur couardise !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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