mardi 13 janvier 2015

L’après Charlie laisse un grand vide !



“Les gens exigent la liberté d’expression pour compenser la liberté de pensée qu’ils préfèrent éviter.” [Sören Kierkegaard

Il reste à enterrer les victimes de ces deux drames. Les uns savaient ce qu’ils risquaient dans la provocation par leurs caricatures ou dans leur fonction de représentants de l’ordre mais les autres ne sont que des victimes innocentes qui ont eu la malchance de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Il reste à distribuer des médailles et à s’incliner devant la peine des familles. Celles-ci entament leur deuil après ce grand mouvement compassionnel où la peur collective de voir nos valeurs et notre confort, il faut bien le dire, disparaître pour céder la place à l’horreur et à l’inquiétude du lendemain, nous saisit au ventre. A cette inquiétude du lendemain qui se sentait et se confirmait dans les sondages, inquiétude économique, il vient de s’ajouter une inquiétude sur notre sécurité et celle de nos proches. C’est pourquoi il y a eu tant de monde pour défiler, sans compter ceux qui y sont allés pour ne pas être pointés du doigt en particulier chez les politiques. Cette prise de conscience est salutaire si elle n’est pas éphémère.

Cette collusion des peurs était l’occasion unique d’une communion de tous mais l’après Charlie demande des réponses à cette double attente du peuple français. La liberté d’expression, qui se dit atteinte par l’un de ces drames, ne peut déboucher malheureusement que sur une restriction de la Liberté au sens large du terme. C’est tout le paradoxe de l’après Charlie. Le « flicage » ne peut que se généraliser car l’Etat va s’employer à montrer qu’il en revient à la première de ses tâches régaliennes, la sécurité du peuple. Sur ce point le consensus est assuré et le gain politique qui va avec. Mais par ailleurs on se dirige vers un grand vide car rien, de ce qui nous a menés à ces drames et à ceux qui suivront, ne sera changé. Les clivages sur les actions internes à mener ressurgissent déjà et le gouvernement, comme le précédent, n’envisagera pas une autre politique étrangère, pris qu’il est dans la nasse de l’OTAN, de l’hégémonie américaine et bruxelloise au service des puissants de ce monde. 

Dans plusieurs articles j’ai montré que notre politique étrangère était pour le moins ambiguë et nous menait à devenir une cible privilégiée pour une ou plusieurs organisations islamiques que nous soutenions par ailleurs. Nous sommes devenus les acteurs de l’application d’une théorie du chaos et nous allons persister dans cette voie. La pensée unique se charge de nous convaincre que c’est pour le bien des français et de l’humanité toute entière. Je vous convie à lire ce qui suit : 

Peter Dale Scott, L’État profond américain : la finance, le pétrole et la guerre perpétuelle (Éditions Demi-Lune, à paraître au printemps 2015) : « L’establishment affirme que les guerres lancées par les États-Unis sur le continent asiatique depuis les attaques de septembre 2001 entrent dans le cadre d’une “guerre globale contre la terreur”. Néanmoins cette guerre, “contre” le terrorisme, a été menée avec la coopération de l’Arabie saoudite, du Qatar et du Pakistan. Or, ces trois pays sont les principaux soutiens financiers et politiques des réseaux djihadistes que les États-Unis sont censés avoir combattu jusqu’à présent. Dans le même temps, les plus farouches opposants à ces terroristes sunnites – les gouvernements d’Irak, de Libye, de Syrie et d’Iran – ont été renversés (Irak et Libye), déstabilisés avec l’appui des États-Unis (Syrie) ou sanctionnés et menacés en tant qu’éléments de l’“Axe du Mal” (Iran). N’oublions pas que, dès le lendemain du 11-Septembre, le secrétaire à la Défense Donald “Rumsfeld parlait d’élargir les objectifs de notre riposte et de ‘frapper l’Irak. » 

Nous participons avec les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite et le Qatar entre autres à une action de déstabilisation de tout le Moyen-Orient entretenue par des aides données simultanément aux forces respectives en conflit sauf à celle du régime fort et démocratiquement élu, le régime syrien. Tous ces Etats jouent double jeu. « Le pouvoir saoudien n’est pas centralisé, mais distribué verticalement entre plusieurs factions concurrentes de la famille royale, dont chacune possède sa propre politique étrangère, parfois contradictoire avec la ligne officielle, qu’elle compte réinvestir dans sa lutte interne”, explique le chercheur Nabil Mouline. « Voilà pourquoi, si, officiellement, Riyad ne finance que les rebelles “modérés” de l’Armée syrienne libre, des fonds saoudiens alimentent aussi le Front islamique (rebelles islamistes), ainsi que les djihadistes d’Al-Nosra et de l’État islamique. »

Il ne reste de tout cela que deux buts clairs, la volonté hégémonique américaine, aujourd’hui menacée, et la volonté de l’Islam de conquérir le monde maintenant que le pétrole lui a donné ce qui lui manquait, l’argent. Les guerres internes, je dirai intestines, au sein de l’islam s’effacent lorsqu’il s’agit de l’ennemi commun, la civilisation occidentale. En se portant en première ligne, en s’ingérant au nom de cette civilisation occidentale, dont les valeurs sont reniées, la France expose son flanc intérieur aux coups de l’ennemi. Il faut encore faire preuve d’inconscience pour parler des actions perpétrées en France comme des actions isolées, non structurées, non planifiées depuis longtemps. Non elles ne sont que le champ d’expérimentation, la mise au point, le test de nos réactions de défense, et le prélude à des actions beaucoup plus importantes dans toute l’Europe comme elles se produisent en Afrique et au Moyen-Orient. 

Mais là notre civilisation oppose un grand vide, celui des Droits de l’Homme et la peur de la mort car le rapport de l’Islam avec ces deux concepts est diamétralement opposé même si des intellectuels musulmans, soufistes souvent, intègrent des valeurs communes aux trois religions du livre et mettent la religion dans la sphère privée. La religion quand elle devient puissante par le nombre de pratiquants et quand elle entre dans une phase conquérante peut tout renverser, tout imposer. Nous l’avons vécu avec la religion catholique qui a fait la France mais dont il a fallu desserrer l’étau avec la loi de 1905. La laïcité, et la mise en sommeil du catholicisme, nous a fait oublier la puissance de la religion mais il n’est que de voir la réaction de certains chrétiens pratiquants lorsque l’on touche à la religion, à ses valeurs, pour comprendre celle de l’Islam. 

On ne résoudra pas la guerre de civilisation en allant la provoquer chez elle. L’Islam est désormais entrée dans la deuxième phase de sa conquête, la lutte armée ne se cache plus et atteint l’Europe où nous sommes les premiers visés. C’est à l’intérieur qu’il faut combattre comme à Toulouse, à Poitiers et à Vienne l’ont fait nos ancêtres européens. Le peuple apeuré, retranché au château, doit se préparer au siège, aux attaques et contre-attaques. L’EI est partout, même sur internet, et pollue les sites comme celui des forces américaines en Irak. Da(e)sh ne lave pas plus blanc, ni ne préserve les couleurs, ne vous laissez pas abuser ! Ouvrez l’œil, des oreilles ennemies nous écoutent… comme il y a plus de soixante ans. 

Nier l’évidence, chercher des excuses à l’Islam est suicidaire. 

Rassembler les français de souche et tous les assimilés 

Quelle que soit leur origine ou leur religion, 

Sortir des actions extérieures d’ingérence 

Sont le préalable à l’action intérieure. 

Mais crions tous « Vive la France ». 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon