Avec ces deux drames des 7 et 8 janvier la France
a revécu les horreurs de la rue des Rosiers et du métro Saint Michel. A cette
époque nous nous sommes sentis en danger et l’Etat a promis, comme toujours,
les peines les plus sévères pour les auteurs et un renforcement des moyens
policiers et juridiques. A la différence d’aujourd’hui le monde entier n’est
pas venu participer à une marche silencieuse. Cette fois de gentils
dessinateurs sont sauvagement abattus, gentils d’ailleurs plusieurs fois
condamnés ou absous pour incitation à la haine raciale. Il y a donc bien deux
lectures de l’évènement et sur les limites de la liberté d’expression.
Si
rien ne peut justifier des assassinats pour des dessins ou des propos, suivant
l’humeur du temps la liberté d’expression est portée aux nues ou devant les
tribunaux. Les survivants de Charlie Hebdo ne seront pas traînés devant les
tribunaux mais au contraire félicités pour leur courage et encouragés à
continuer dans la satire irresponsable. Par contre le Premier Ministre vitupère
contre Dieudonné pour avoir accolé le nom d’un tueur à celui de Charlie et le
traduit devant la justice. Je n’ai aucune attirance pour cet homme qui fait
pourtant rire un certain nombre de nos concitoyens. A quel moment incite-t-on à
la haine raciale ? Est-ce en ridiculisant Mahomet, symbole et figure de l’islamisme,
ou en associant un tueur au nom d’un périodique volontairement provocateur ?
Charlie Hebdo a pris le parti de ridiculiser les religions, c’est son droit
mais ne disons pas que cela incite à la paix sociale et à la tolérance. Il
semble bien qu’il y ait deux poids deux mesures et que la liberté d’expression
se conforme à la volonté politique.
Il
me faut insister sur l’incompétence de nos dirigeants qui sont enfermés dans
une idéologie laïque, censée représenter la République, mais qui devient une
religion avec ses prophètes et son cortège d’intransigeances d’une part et d’accommodements
avec la loi d’autre part, en particulier celle de 1905. Cette dualité contradictoire amène une politique nationale
incohérente sur l’immigration par exemple. Mais la récupération politique ne leur
échappe pas et l’occasion était trop belle pour ne pas saisir l’émotion du
peuple, savamment orchestrée par les médias, pour en faire tant et plus, jusqu’à
en faire trop. Il ne devrait pas nous échapper par exemple que les tueurs ont
été abattus sans qu’aucune négociation, dont on dit qu’elles sont longues, n’ait
vraiment été entreprise. On a ainsi délibérément perdu toutes les révélations et
indications que la police et la justice auraient pu récolter. Les forces de l’Ordre,
agissant donc aux ordres, n’y sont pour rien mais pas le Président de la République.
« Il
y a une lepénisation de l’islam qui le rend terroriste », a
dit Romain Goupil à la soirée d’hommage pour les victimes des attentats sur France 2.
Place
nette était donc faite à la loi du talion et à la récupération politique où les
voix n’ont pas manqué pour voir dans ces actes le résultat de l’action de l’extrême
droite responsable de la montée de l’islamophobie engendrant de fait un racisme
civilisationnel. Nous assistons à un joli détournement politique réussi pour l’instant
par le Président en perte de vitesse dans les sondages avec un coup de pied au
FN et la mise en sourdine de l’UMP qui doit suivre. Le peuple sera-t-il dupe
longtemps ? Pas si de nouveaux massacres ont lieu. Si ce n’était pas le
cas on fera croire que c’est grâce aux mesures prises. Toutefois comme on sait
qu’on n’arrête pas ces gens-là, la question de savoir à qui profite le crime se
posera.
L’incohérence
de la politique française ne s’arrête pas là et j’ai eu l’occasion de fustiger
notre politique étrangère comme l’a fait récemment Dominique De Villepin en
traitant de folie notre intervention en Irak. Dans la politique intérieure ce n’est
pas mieux avec cette oscillation entre politique de l’offre et de la demande,
toutes vouées à l‘échec malgré les conditions économiques et financières
extérieures particulièrement favorables. Le dogme de l’euro produira toujours
une croissance molle au mieux. Mais l’incohérence dans les priorités est à l’image
de la politique de gribouille. La priorité à la jeunesse a fait place, à la
lutte contre le chômage, elle-même transformée en lutte pour la croissance,
puis en lutte contre l’austérité à l’allemande, suivie d’un slogan prioritaire
sur l’écologie, avec aujourd’hui un retour sur la jeunesse et la sécurité.
Ségolène
Royal vient de faire une dernière volte-face sur le nucléaire, laissant bouche-bée
Cécile Duflot. On doit désormais réaliser cet exploit de diminuer notre
consommation électrique par l’isolation des habitations, promouvoir la voiture consommatrice
d’électricité et les énergies renouvelables, mais, c’est nouveau, construire de
nouveaux réacteurs nucléaires. La prise de conscience que la France peut se
trouver en panne d’électricité et ne pas pouvoir assumer la promotion de la
voiture électrique, cheval de bataille de Ségolène, avec le retard du réacteur
de Flamanville en raison des incessantes modifications sur la sécurité par l’Autorité
de Sûreté, la fermeture programmée de Fessenheim et le retard pris dans l’implantation
des EnR, nous amènent dans une incohérence totale.
Alors
que la consommation électrique n’augmente plus en période de croissance
quasi-nulle, en raison d’efforts sur l’isolation, et la mise en place de l’énergie
photovoltaïque dans les habitations, le gouvernement doit satisfaire des
engagements sur la part du nucléaire à 50% en 2025 avec un apport
supplémentaire d’énergie éolienne et des nouveaux réacteurs. Comme disait un
ancien professeur de français, votre exposé est clair comme du jus de chique. On
rentre dans la quadrature du cercle dont seuls savent sortir les politiques qui
peuvent dire blanc un jour et noir le lendemain. Comment croire encore que la France
a vraiment un cap et un commandant à bord ?
La politique française vogue au gré du
Mistral russe
Qui nous pousse vers l’Irak, dans l’incohérence
De caps successifs ne répondant qu’à
La volonté des puissants
Et de leurs suppôts !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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