La France
se mobilise canalisée sur la défense de la liberté d’expression, rassemblant
des gens n’ayant jamais lu « Charlie Hebdo » ou n’en connaissant même
pas l’existence. Bien sûr l’horreur de ces assassinats de janvier 2015 pouvait
suffire à susciter une indignation collective. Ni les attentats de 1995 presqu’aussi
meurtriers, ni les affaires de Montauban et de Merah, n’ont pourtant dépassé
la consultation attentive des médias et une certaine peur, vite oubliée tout au
moins apparemment. Est-ce la goutte qui a fait déborder le vase, bien que l’expression
soit ici mal venue puisqu’il s’agit de gouttes de sang ? Le soulèvement
impulsif de la gauche, Mélenchon en tête, a vite fait comprendre au
gouvernement l’intérêt d’un soulèvement élargi.
La
liberté d’expression s’est ajoutée à l’horreur, le déclic a été suffisant pour
une mobilisation sans précédent de la nation. Le sentiment de retrouver un
instant une union nationale ou presque, et un aspect fondateur de notre
République de 1789, la liberté d’expression, même si Voltaire n’avait pas
attendu la Révolution pour contester la bien-pensance de la façon la plus acide,
ont combiné leurs effets. En défendant la liberté d’expression de Charlie Hebdo,
le peuple dans sa majorité a donc défendu la liberté au blasphème. Parmi eux il
avait des catholiques, alors que l’Eglise avait précédemment intenté plusieurs
procès à ce journal.
Alors
qu’entend-t-on par blasphème ? Selon Wikipédia, un blasphème est un
discours jugé irrévérencieux à l'égard de ce qui est vénéré par les religions
ou de ce qui est considéré comme sacré. Selon le Petit Larousse, c’est une
parole ou un discours qui insulte violemment la divinité. Le plus intéressant
est l’étymologie du mot qui vient du grec, donnant blasphemia en latin qui signifie
littéralement « diffamation ». Son domaine d’application peut donc
être étymologiquement très large mais il est limité à l’irrévérence envers ce
qui est considéré comme sacré ou inviolable. Pour l’Eglise catholique le
blasphème ne concerne que le domaine de la religion. Le blasphème ne concerne
donc plus en France que les religions et le blasphème ne constitue plus un
délit depuis la Révolution.
Il n’en
reste pas moins que l’appréciation de ce qui peut choquer les représentants d’une
religion varie dans le temps (Le
Chevalier de la Barre a eu le poing coupé, a été décapité et jeté au bûcher
avec les livres impies de Voltaire, pour mutilation de crucifix le 1er
juillet 1766). Ceci permet encore aujourd’hui d’attaquer en justice pour diffamation
et atteinte grave à la religion. La justice a souvent débouté les plaignants
pour des livres, des publications, des films, invoquant que nul n’est obligé de
voir ces supports d’information. Il n’en reste pas moins qu’en Irlande, et au Royaume-Uni
le blasphème peut avoir une suite pénale. Le Conseil des droits de l’homme des
Nations Unies a voté le 14 octobre 2008 une résolution « relative à la
lutte contre la diffamation des religions » invitant les États à
intégrer dans leur droit positif des dispositions destinées à lutter contre une
telle diffamation. Il convient d’observer que le texte vise
essentiellement l’Islam et que cette résolution est le fruit de demandes
formulées régulièrement par l’Organisation de la Conférence islamique.
Dans le monde musulman
le blasphème est en effet puni dans de nombreux pays, Iran, Arabie Saoudite,
Pakistan entre autres. En effet la définition qu’en donne Wikipédia et l’étymologie
du mot montre que le blasphème n’est pas anodin et peut gravement heurter les
religions. A ce propos on mesure aujourd’hui combien, au-delà des caricatures
de Charlie Hebdo, la dimension nationale et mondiale contre les attentats a
créé une mobilisation encore plus importante dans les pays musulmans. Nous
avons avalisé ce que ceux-ci considèrent comme un blasphème, une irrévérence
insupportable pour ce qui est sacré et inviolable.
Charlie
Hebdo a donc volontairement excité la religion musulmane et la collusion entre
l’Etat et le peuple pour manifester a projeté une image irrévérencieuse de l’Islam
au-delà de nos frontières. Dans le contexte actuel, cela ne peut qu’attiser la
haine et notre attitude en Irak vient en rajouter. On ne gagne rien à souffler
sur la braise, quand il fait déjà trop chaud. N’oublions pas non plus que
Charlie Hebdo n’a jamais caricaturé les juifs et la religion juive. Siné a dû
quitter le journal pour cette raison. Ce périodique est un média engagé et il
se permet d’être irrévérencieux par le dessin. Il est antireligieux, c’est son
droit, mais pas de toutes les religions apparemment, c’est son droit aussi. Mais
cela entache la liberté d’esprit dont il se pare. Par ailleurs il va à l’encontre du but recherché,
rien ne peut mieux souder les religions que le blasphème.
L’humour
doit se moquer de tous, de toutes et de lui-même. On peut faire rire sans
choquer. L’humour à grenade dégoupillée, celui qui fait rire certains mais
touche aux convictions religieuses s’éloigne de ce que doit être la laïcité, le
respect des religions exercées dans le domaine privé ou dans les lieux
consacrés. Nous avons tous déclenché un tsunami qui ne profite qu’au
gouvernement. La police et l’armée sont mobilisées, nos libertés risquent d’être
restreintes, l’islamophobie progresse et nous avons l’opprobre du monde
musulman après la dernière Une de Charlie ! Il serait temps de devenir
plus conscient, de cesser les provocations, et d’en revenir à une gestion de la
population musulmane tournée d’une part vers la limitation de l'immigration, l’assimilation, le refus d’évolution
des lois et décrets sous l’influence religieuse et d’autre part vers un
renforcement des peines pour ceux qui affichent leur haine de notre pays en
paroles, en dessins, en écrits ou en actes.
Il y a dans le blasphème une irrévérence
volontaire envers la religion.
La laïcité ne l’inclut pas mais les
incroyants, comme les autres,
Ont la liberté d’exprimer leur opinion
dans le respect
Du droit de religion et du « vivre
ensemble »,
Le blasphème en est une négation,
Mais ne mérite pas d’en mourir !
Claude
Trouvé
Coordination
MPF du Languedoc-Roussillon
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