La guerre USA-Russie est ouverte au
moins depuis que les Occidentaux soutiennent et arment les rebelles syriens,
eux-mêmes phagocytés par les djihadistes de l’Etat Islamique aidés par la
Turquie pour réduire les kurdes. En attaquant finalement l’Etat Islamique, tout
en procédant à la destruction de l’économie syrienne par des raids aériens qui
ne font guère de distinctions sur les hommes visés sur le terrain et imbriqués
dans les combats, les USA et leurs amis occidentaux ont directement visé la
Russie, partenaire de la Syrie avec son port de Tartous sur la Méditerranée.
Cette ouverture sur les mers du sud fait partie intégrante de la géopolitique
russe, géopolitique ancestrale. Le soulèvement largement aidé de la place
Maïdan contre le régime ukrainien, la mise au pouvoir d’un Président par une
assemblée terrorisée par les groupes néo-nazis et par les alliés occidentaux,
président largement contrôlé par des ressortissants américains, ont déclenché
une révolution pro-russe et une répression qui ensanglante le pays.
La manœuvre
avec la main tendue de l’Europe à l’Ukraine pour l’intégration à l’UE et le
traité d’assistance de l’OTAN conclu avec les USA, tend à séparer ce pays de l’orbite
économique russe et à implanter l’OTAN à la frontière de celle-ci. Cette
approche militaire des frontières russes est aussi insupportable pour ce pays
que les missiles à Cuba pour les américains. Ces derniers continuent d’ailleurs
à « s’intéresser » aux « printemps de la liberté » dans le
monde asiatique, comme à Hong-Kong et à Moscou récemment, suivant sa stratégie
du chaos dont le premier volet est le pourrissement intérieur social et
économique. Pour compléter l’action extérieure actuelle, une attaque spéculative
sur le rouble a été propulsée alors qu’une baisse du pétrole simultanée a été
observée sous la pression de l’Arabie Saoudite.
Mais
tout ne se déroule pas comme prévu, la Russie permet à Bachar el-Assad de ne
pas plier, empoche sans coup férir la Crimée volontaire pour l’annexion, et
aide les pro-russes ukrainiens à bloquer la reconquête de la partie Est du
territoire ukrainien par le pouvoir central tant que des concessions majeures d’autonomie
n’ont pas été obtenues. La réaction russe a été cette fois très rapide après
avoir été échaudée en laissant faire l’intervention en Lybie. L’attaque spéculative
sur le rouble a affaibli celui-ci de 45% par rapport à l’euro mais il était
surévalué de 15%, la chute n’est en fait que de 30%. Mais surtout la Banque
centrale russe a racheté des roubles par l’intermédiaire de la Chine, le rouble
et le yuan renminbi étant liés à parité constante. Par ailleurs la Chine a montré
qu’elle ne laisserait pas s’écrouler le rouble en mettant ses réserves de 4.000
milliards dans la balance. La chute du rouble de 30% est en réalité que grossièrement
l’impact de la baisse du pétrole à 55$ le baril, pétrole et gaz dont dépend
fortement l’économie russe.
Si l’aide
aux rebelles syriens réduit la Syrie à une immigration massive, à une économie
exsangue et à une partition de fait du territoire, Bachar el-Assad,
démocratiquement élu, est toujours là et toujours soutenu par le peuple. Si la
menace de l’OTAN est présente en Ukraine, la Crimée s’est ralliée à la Russie
et n’en sortira plus, et l’Ukraine ne pourra continuer à exister sans lâcher
une grande indépendance à la Novorussia de l’Est. Si l’attaque contre le rouble
affaiblit l’économie russe, elle est désormais bloquée. Si la baisse du pétrole
diminue les rentrées de devises, curieusement les pétroliers russes ne s’affolent
pas et Poutine ne prend pas contact avec l’Arabie Saoudite pour qu’ils agissent
ensemble pour relever le prix du baril. Tiens ?
Si les Etats-Unis se sont mis d’accord
avec l’Arabie Saoudite pour mettre la Russie en difficulté, celle-ci ne semble
pas crier au loup, par contre l’huile de schiste beaucoup plus chère à l’extraction
que le pétrole saoudien et même russe va mettre en difficulté tous les
producteurs américains. Ces derniers ont souvent investi en empruntant pour l’achat
des terrains et l’investissement en matériel d’exploitation, or à 55$ le baril
ils produisent à perte. La première année d’extraction le coût est de l’ordre
de 60$ mais il augmente rapidement avec le temps, l’extraction devenant de plus
en plus difficile, et atteindre 80 voire 100$ le baril. On peut donc penser que
de nombreuses faillites vont se produire dans les prochains mois. Si c’est les
Etats-Unis qui ont lancé cette chute du prix en accord avec l’Arabie Saoudite,
ils ont bien mal joué, car le retour économique et social va leur faire du mal
rapidement, d’autant plus que la légère embellie de la croissance américaine
est largement liée à l’autonomie pétrole de l’huile de schiste. Ce que j’avais
déjà fait remarquer.
Une autre hypothèse est possible, l’idée
ne serait pas américaine mais russe et saoudienne. N’oublions pas qu’un accord
existe entre les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite stipulant que cette dernière
assure l’approvisionnement des Etats-Unis et qu’en contrepartie ceux-ci
garantissent la protection de l’Arabie Saoudite. S’ajoute à cela la contrainte
de la vente du pétrole en dollar qui a été imposée en plus à l’OPEP grâce à l’Arabie
Saoudite, contrainte devenue la pièce maîtresse de l’hégémonie américaine. Or l’autosuffisance
américaine en pétrole change la donne. L’Arabie Saoudite perd le marché
américain sauf si le prix du marché met le pétrole américain en difficulté. Des
trois producteurs, Etats-Unis, Arabie Saoudite, Russie, le plus handicapé est
le premier !
Cela
expliquerait l’apparent dos rond russe à la baisse du pétrole. La Russie attendrait
que la production américaine s’effondre, ce qui pourrait se produire assez vite
dans le premier semestre 2015. Il lui faudrait tenir jusqu’à ce que l’effet sur
les USA se produise mais l’impact pour elle serait moins important sur cette
durée et son pétrole serait toujours payé en dollars. Ensuite il suffirait de
faire remonter les cours vers 80$ pour que les dollars affluent de nouveau chez
les pétroliers russes et saoudiens alors que les USA ne seraient plus
auto-suffisants. Poutine joue sans doute beaucoup plus fin que les Etats-Unis
auquel cas l’ours russe montrerait alors un talent stratégique remarquable.
La stratégie américaine est tellement
grossière et connue
Que ses adversaires échafaudent
facilement des parades.
L’heure de l’hégémonie américaine est en phase de déclin.
Nous entrons dans la poussée d’un monde
multipolaire
Où les risques d’affrontement se
multiplient !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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