Les dernières informations sur l’économie française n’ont rien de rassurant. Le déficit du commerce extérieur s’accroît. Mis à part 2001, la balance commerciale est en constante évolution négative. Le chiffre de 58 Mds€ est dépassé mais il faut surtout noter la progression rapide de ce déficit dès que nous sommes sortis de la zone des plans de relance entre 2008 et 2010. On peut penser à un lien probable avec l’entrée dans l’euro.
Si l’on regarde dans les statistiques INSEE l’évolution du commerce extérieur dans la zone euro, on aura une appréciation de notre compétitivité européenne. Sur un volume des échanges de l’ordre de 450Mds€ nous sommes passés de 8,4% de gain à 2,8% de perte en onze ans soit un écart de plus de 11%. C’est donc une perte de compétitivité dans une même zone de monnaie dans un volume d’importations qui stagne depuis 2006.
Hors zone euro la balance est positive depuis 2000 et a progressé de 1,8% entre 2006 et 2011 malgré une diminution des exportations de 1,4%. Ceci n’est dû qu’aux importations qui ont décru plus vite que les exportations. Nous avons donc perdu des parts de marché. Pour le reste du monde les exportations ont cru de 11,6% de 2000 à 2006 mais moins vite que les importations croissantes de 26%. D’une façon générale la compétitivité de la France est en perte de vitesse depuis 2000 et elle s’accélère.
La comparaison avec l’Allemagne, notre principal fournisseur appartenant aussi à la zone euro, et la Suède, qui n’appartient pas à la celle-ci est significative. Si l’on fait la différence entre le pourcentage de variation des exportations et des importations, on constate que la France s’enfonce de plus en plus dans le déficit commercial. Partant d’une situation meilleure que l’Allemagne en 2000, elle termine deux fois moins bien que l’Allemagne en 2011. Le cas de la Suède est intéressant, car partie d’une situation meilleure en 2000, en difficulté en 2006, elle affiche une progression positive en 2011. On voit ainsi qu’un pays hors de l’euro a su, mieux que d’autres et en particulier que nous, sortir de la crise.
Nous n’arrivons même pas à avoir un commerce bénéficiaire avec l’Italie (-10% en 2010), avec l’Espagne (-30%) et même la Belgique sans parler de l’Allemagne avec laquelle le déficit dépasse les 20Mds€. Les quelques % sur les charges sociales de nos entreprises ne sont pas de nature à nous remettre dans une compétitivité suffisante pour reconquérir des marchés en Europe. Nous avons peut-être mieux traversé la crise que d’autres grâce à un endettement supérieur mais nous en sortons plus affaibli que la plupart des pays du nord de l’Europe.
Le même constat peut se faire sur le chômage qui en dépend pour une bonne part. De 2000 (8,5%), nous atteignons 9,2% en 2010, 9,9% en 2011 et nous franchissons la barre des 10% en 2012. L’Allemagne passe de 7,8% en 2000 à 7,1% en 2010 et voit encore son chômage diminuer. L’apport de l’immigration, qui augmente théoriquement notre potentiel de travail, ne fait pour l’instant que grossir le nombre de chômeurs. Voilà un potentiel qui se traduit par un handicap supplémentaire.
Les comparaisons économiques montrent que la France perd du terrain et surtout que cette perte s’accélère. Mais d’autres indicateurs sont alarmants. La place de la France dans la qualité de l’enseignement qui nous place derrière toutes les grandes nations européennes, l’indice de développement humain qui nous donne une place dans les démocraties imparfaites. Ceci est conforté par le classement de Reporters sans Frontières sur la liberté de la presse qui nous honore d’une 38ème place dans le classement mondial.
Il faut d’abord s’interroger sur les causes de ce déclin pour en chercher les remèdes. Nous y reviendrons dans un prochain article.
Lorsque l’on veut rebondir
Il faut d’abord évaluer la hauteur à franchir,
Ne pas avoir les yeux bandés
Et les pieds entravés !
Claude Trouvé