La croissance demande d’adapter le pays au marché mondial et j’ai pu montrer dans la chronique précédente, que l’investissement dans la Recherche et le Développement était particulièrement intéressant s’il est évidemment bien orienté vers des marchés porteurs. Nous avons même vu que les pays de l’UE avaient dans leur ensemble des coûts de main-d’œuvre élevés lorsque la croissance l’était aussi. Ceci laisserait supposer que le coût de la main-d’œuvre est aux mains des entreprises, que celui-ci n’obère pas vraiment la croissance dans les pays de l’UE et qu’une répartition de la richesse sur les salariés s’opère. Ceci doit faire l’objet d’un approfondissement mais mérite une réflexion par rapport aux projets de nos candidats à la présidentielle.
Créer de la croissance pour la croissance, surtout si elle est artificiellement engendrée par la création monétaire, n’a pas de sens et conduit globalement à appauvrir certains pays au profit d’autres. La croissance réelle est celle du progrès dans le coût de réalisation des produits. Si le même réfrigérateur est produit moins cher, il permet au consommateur de dégager une somme réutilisable pour un autre achat. L’évolution actuelle mondiale ne va pas dans ce sens et crée de la monnaie à tour de bras aux Etats-Unis, en Europe et récemment en Chine pour alimenter la consommation. Ceci nous conduit vers un risque d’inflation et surtout vers des bulles du type déjà connu avec des risques d’insolvabilité des banques et des États dans une grande peur des marchés.
Nous entrons de nouveau dans cette période d’euphorie des marchés, de soutien des banques aux États faibles par la création monétaire. Mais la préoccupation majeure du salarié entrant sur le marché du travail c’est d’avoir un emploi. Croissance et emploi sont-ils liés ? Le graphique ci-contre qui représente la croissance 2010 des pays de l’UE et le taux de chômage montre une tendance que les statisticiens ne considèreront pas comme significative. Elle est pourtant assez intéressante car elle indique que la croissance nulle conduit vers 11% de chômeurs, c’est ce vers quoi la France se dirige en 2012. On note que 1% de décroissance entraîne une augmentation de 0,9% du nombre de chômeurs, ce qui est loin d’être invraisemblable.
Les pays de l’UE partant de situations très différentes il est normal que la relation croissance-chômage soit un peu brouillée. Le graphique suivant s’intéresse aux variations annuelles de la croissance et du taux de chômage entre 2010 et 2011. Sans pouvoir affirmer une corrélation stricte entre les deux il est intéressant de noter qu’elle apparaît visuellement plus nette que précédemment. On note qu’à variation annuelle nulle il y a une variation nulle du taux de chômage, ce qui est logique et rassurant. Une diminution annuelle de la croissance de 1%/PIB entraîne une augmentation du taux de chômage de 0,3%.
Si ces résultats n’ont rien de surprenant, il conforte l’idée que le chômage ne pourra pas décroître en 2012 et que nous ne sommes par près de le faire diminuer. Pour la France le passage de 10% à 8% de chômeurs suppose que nous retournions vers une croissance annuelle continue à 3%... ce n’est pas pour demain. Selon les conclusions du deuxième graphique le passage d'une croissance de 1,7% en 2010 à une croissance de 0,5% prévue en 2011 ferait passer le taux de chômage de 9,9% à 10,3% et à 10,5% avec une croissance nulle. C'est bien ce qui semble se passer en début 2011. Le premier graphique montre que la persistance d'une croissance annuelle continue de 0,5% pousse vers une augmentation de 1,1% du taux de chômage soit vers un équilibre à 11% pour la France.
La rigueur budgétaire dans laquelle nous entrons et qui pèse essentiellement sur le consommateur, qu’elle soit plus ou moins bien répartie entre riches et pauvres, ne va pas dans le sens de la croissance. D’une part l’État ne baisse pas sensiblement son train de vie et d’autre part l’allègement des taxes et impôts aux entreprises ne sont pas de nature à augmenter suffisamment leur compétitivité.
La rigueur budgétaire dans laquelle nous entrons et qui pèse essentiellement sur le consommateur, qu’elle soit plus ou moins bien répartie entre riches et pauvres, ne va pas dans le sens de la croissance. D’une part l’État ne baisse pas sensiblement son train de vie et d’autre part l’allègement des taxes et impôts aux entreprises ne sont pas de nature à augmenter suffisamment leur compétitivité.
Chômage et baisse du pouvoir d’achat sont au programme 2012
Enrichissement des multinationales aussi
Mais pas la R&D et la vraie relance de la compétitivité,
Pas les grands investissements publics
La France entre dans une langueur mortelle.
Claude Trouvé