Une des grandes spécialités françaises est la « puissance » de son administration mais comme sur nos automobiles la puissance coûte cher surtout quand nos ressources diminuent. Dans notre France centralisée l’Etat s’occupe de tout : culture, santé, éducation, sport, tourisme, sécurité, commerce, transports et même de la Ville. Tout ceci recouvre le domaine de la fonction publique. Cette omniprésence coûte cher. En 2010 les recettes des administrations publiques représentaient 49,5%/PIB mais les dépenses 56,6%/PIB. L’écart recettes-dépenses en 2010 était donc de -7,1%/PIB alors que celui de l’Allemagne était de -4,3%/PIB. En 2011 cet écart sur ces dépenses publiques entre les deux pays est porté à 10,5% soit 208 milliards d’euros entre les deux pays.
Il ne fait aucun doute qu’avec des dépenses des administrations publiques à hauteur de 56,6%/PIB au lieu de 47,9%/PIB pour l’Allemagne en 2010, la France dépense trop pour ses administrations. Un écart ramené à -4,3% comme l’Allemagne permettait de récupérer 54Mds€ sur le déficit public soit plus de la moitié de celui-ci. C’est donc bien l’Etat qui est le principal acteur du déficit public. A défaut de croissance qui va se faire attendre c’est à l’Etat en premier de mieux gérer ses administrations ! On n’entend pas beaucoup ce son de cloche dans les discours des candidats et pour cause il faut toucher aux salariés du principal employeur national et à des réformes structurelles de grande ampleur.
Il nous faut ramener nos dépenses publiques au niveau allemand. En juin 2011 le « Rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques » de la Cour des Comptes publiait ceci : « Le redressement des finances publiques doit être obtenu en agissant principalement sur les dépenses ». Environ 6%/PIB nous séparent de l’Allemagne sur le seul coût des fonctionnaires soit plus de 110Mds€. Le gouvernement avait promis de le diminuer de 5% mais la réalité n’est que de 1%. L’Etat a entrepris de réduire le nombre de fonctionnaires et de réaliser ainsi des économies mais au prix de rétrocessions sous forme d’augmentation de salaires. Cette rétrocession ne devait pas résorber les économies de plus de 50%, en réalité, selon la Cour de Comptes, elle a été de 700 millions d’euros au lieu des 430 prévus en 2009 soit plus de 80% !
Le gel du point d’indice en juillet 2011 n’a pas empêché les augmentations individuelles et celles de certaines catégories de fonctionnaires. En 2010 la Cour de Comptes constate que : « La rémunération moyenne des agents présents deux années de suite a augmenté de 3,5%, malgré le gel du point ». En 1983 les salaires des fonctionnaires étaient inférieurs à ceux du privé mais ce n’est plus le cas. En 2004, dans le rapport annexé à la loi de finances, le salaire moyen des fonctionnaires était supérieur de 14% à celui du secteur privé et de 20% pour les employés.
La réduction du nombre de fonctionnaires ne peut s’accompagner d’une augmentation de leurs salaires maintenant en décalage avec le secteur privé. Ceux-ci bénéficient d’avantages sur les retraites. Pour le secteur privé du régime général, la retraite est calculée sur la base de 50% des vingt-cinq meilleures années salaires, tandis que pour le secteur public, fonctionnaires et régimes spéciaux, celle-ci est égale à 75% de la moyenne des salaires des sis derniers mois. Evidemment 17% des fonctionnaires reçoivent une promotion « coup de pouce » dans la dernière année d’activité. Si François Fillon avait évoqué la possibilité de ramener tout le monde sous le régime général, le sujet a paru tellement brûlant que l’on n’a vu que la mesure sur le regroupement de l’ANPE et de l’UNEDIC dans le Pôle Emploi ou le choix du statut public ou privé a été proposé aux agents.
Un grand secteur est celui de l’Education Nationale où le nombre d’élèves a diminué de 530.000 depuis 1990 dans les écoles alors que le nombre d’enseignants a augmenté de 35.000. Certes les difficultés d’enseignement ont augmenté avec une indiscipline grandissante des élèves entraînant des problèmes de sécurité. On voit pourtant mal la nécessité de 60.000 enseignants supplémentaires. Une meilleure répartition des enseignants avec des classes un peu moins chargées, lorsqu’elles sont dans des établissements difficiles, devrait permettre de prendre mieux en compte ces difficultés.
Il n’en reste pas moins vrai que le coût des enseignants en France est supérieur de 1,7% à celui en Allemagne avec des résultats scolaires inférieurs selon l’indice mondial PISA. Dans le secondaire la présence moyenne constatée par enseignant est de 15 heures par semaine. La recherche des causes de ce décalage aux 18 heures prévues et des remèdes à appliquer devrait permettre de réaliser un gain substantiel sur le nombre d’enseignants. Par exemple pourquoi les agrégés enseignant dans le secondaire ne font que 15 heures de présence pour le même travail que les autres professeurs assujettis à 18 heures ?
L’efficacité de nos administrations
Est la clé de notre redressement
Plus que les taxes et impôts.
Qui ose en faire son programme ?
Claude Trouvé