Les grandes envolées de nos candidats à la présidence ne sauraient masquer la réalité qui guette notre pays dans les années qui viennent malgré les écrans de fumée et les incantations sur la croissance soi-disant à portée de main.
La France est en panne de croissance et celle-ci ne se décrète pas, elle se construit lentement. Il faut d’abord reconstituer notre tissu industriel, développer des PME-PMI de plus grande taille et surtout faire des réformes structurelles dans le but de diminuer les dépenses publiques.
L’UE peut être divisée en quatre groupes pour les prévisions de croissance. La carte ci-contre montre que nous sommes dans le dernier groupe de ceux dont la croissance s’échelonne entre -3% et 0,6% en compagnie de la Grèce, du Portugal, de l’Italie, du Royaume-Uni, des Pays-Bas, de Chypre et de la Hongrie.
Les perspectives de 2013 ne nous font pas sortir de ce groupe comme le montre le graphique. Ceci est d’une grande importance car nos besoins de financement sont énormes pour éponger le déficit budgétaire et l’amortissement de la dette soit 184Mds€ pour 2012 et probablement 20Mds€ de plus pour 2013. Pour ce financement les obligations du Trésor trouveront moins preneur que les pays des trois autres groupes et les taux d’emprunt ne peuvent que monter, aggravant le poids des intérêts de la dette. Ceux-ci sont déjà de près de 50Mds€ représentant 84,4% des recettes de l’impôt sur le revenu et 18,3% de l’ensemble des recettes fiscales. Le seul paiement de l’intérêt de la dette représente l’impôt sur le revenu de plus de 10 mois de travail !
Cette faible croissance ne peut qu’augmenter le chômage, les charges sociales et le mécontentement populaire. Mais une autre source de dépenses peut être préoccupante. Le budget 2012 inclut une participation financière à l’UE de 18,9Mds€ à laquelle vient s’ajouter une participation au Mécanisme Européen de Solidarité de 6,5Mds€ avec un engagement supplémentaire de 16,6Mds€. Cet engagement peut devenir réalité si la décision d’augmenter le fonds de garantie du MES est prise, ce serait alors financé par un emprunt supplémentaire augmentant la dette et les intérêts.
Avec près de 1700Mds€ de dette totale à fin 2011 et de l’ordre de 1780Mds€ à fin 2012 pour un PIB prévisible de 1996Mds€ nous allons vers un rapport dette/PIB de 90%, seuil réputé fatidique pour décréter un pays en difficulté. Avec des recettes fiscales nettes de 290Mds€ environ, il nous faudrait stopper toutes les dépenses pendant plus de 6 ans pour rembourser la dette. Notre déficit budgétaire prévu en 2012 qui se monte à 84,8Mds€ représentera plus de 30% de nos recettes fiscales. Ajoutons à cela un déficit de 45,5Mds€ de la balance des paiements et de 69,7Mds€ du commerce extérieur en 2011. On peut donc mesurer l’ampleur des difficultés à résoudre et combien les solutions apportées par nos candidats tenants de l’Europe fédérale sont éloignées de la résolution de nos difficultés économiques. En fait la France est proche de la faillite et est à la merci des opérateurs du marché qui achètent les obligations d’état, donc à la merci des agences de notation qui influenceront le taux des emprunts.
L’année 2013 augmentera encore de 61Mds€ notre dette par le déficit budgétaire même si nous tenons le 1,5% de croissance prévu et un déficit de 3% du PIB sur lesquels la France s’est engagée. Mais, sans véritable remise en cause structurelle du fonctionnement de l’état-providence, c’est seulement par une croissance de 4,5% que nous pourrons sortir de l’endettement. Nous en sommes bien loin et une législature n’y suffira pas.
L’augmentation de 2 points de la TVA, comme cela commence à se susurrer, rapporterait 14 milliards mais cela n’est même pas à la hauteur de l’augmentation de notre déficit du commerce extérieur qui a crû de 18 milliards de 2010 à 2011. L’annulation du déficit budgétaire correspondrait à une augmentation de plus de 140% de l’impôt sur le revenu ou de 6 points de TVA. Il ne fait pas de doute que, dès les présidentielles passées, le pays va se trouver devant l’obligation d’imposer une vraie cure d’austérité qu’il faudra mener sans casser la maigre croissance. Ceci veut dire que l’Etat va devoir commencer par lui-même dans son « train de vie ». Mme Angela Merkel gagne 25% de moins que Sarkozy, n’est pas logée gratuitement, paye son gaz et son électricité et n'a que huit ministres ! L’exemple symbolique devra au moins venir d’en haut si l’on veut que toute notre administration suive et que le peuple accepte un cran de moins sur son pouvoir d’achat.
La cigale ayant chanté tout l’été
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue.
Claude Trouvé