La France a mieux résisté à la crise puisque Moody’s nous garde la note AAA. La France a le meilleur système social du monde puisqu’elle dépense beaucoup plus que les autres pays pour le logement social avec les HLM, la vieillesse, le chômage, les hôpitaux publics et la santé en général. La France a une administration plus au service du pays puisqu’elle a plus de fonctionnaires que les autres. La France a un bon enseignement puisqu’elle est capable de porter plus de 70% des jeunes au baccalauréat. La France fait mieux depuis trente ans que les autres pays européens puisque les politiques de gauche et de droite n’ont cessé de nous le dire. La France est un pays d’entrepreneurs puisque le statut d’auto-entrepreneur a un grand succès. La France a un bon niveau de vie puisque les étrangers se pressent pour venir y vivre. La France offre au monde un pays idyllique puisque les touristes du monde entier s’y précipitent…etc.
Comment ne pas se dire après tout cela que la France est une nation de travailleurs gérée de main de maître depuis trente ans par une classe de hauts-fonctionnaires particulièrement compétents et qui nous le font savoir eux-mêmes et persuadent les médias de l’amplifier ? Qui croirait celui qui dit que tout cela est illusion et qu’en matière de réduction des dépenses publiques il faut réellement renvoyer tout ce monde à la niche ? Alors regardons-nous face au monde avant de nous parer des plumes du paon.
Tournons-nous vers l’OCDE et regardons notre pouvoir d’achat moyen mesuré par le PIB/habitant. En 1980 il était de 13% supérieur à la moyenne des 34 pays développés, la France était enviée, pour retomber à 3% en-dessous et en dessous de la moyenne de la zone euro en 2010. Elle est au 17ème rang et a perdu 16% de déclin de son pouvoir d’achat relatif. Nous sommes dépassés par le Luxembourg, la Norvège, la Suisse, les Pays-Bas, L’Irlande, l’Autriche, le Danemark, la Suède, l’Allemagne, la Belgique, la Finlande, l’Islande et le Royaume-Uni. L’ONU a déjà calculé un indice de développement humain (IDH) qui prend en compte la santé, l’éducation, la sécurité, l’inégalité des revenus, etc. Nous sommes vingtièmes et douzième pays européen alors que nous étions quatorzièmes en 2010 et huitièmes en 1990 !
Nous gardons la note provisoirement du triple AAA chez Moody’s et le AA+ chez S&P mais sous surveillance négative, cependant avant ou après les élections Moody’s a promis son verdict sur une France qui ne tient déjà plus ses promesses pour 2012, puisqu’elle a revu à la baisse sa croissance, et que les économistes ne croient plus qu’elle les tiendra pour 2013. La dette de la France croît depuis 1974. Elle avait une des dettes les plus importantes en 2000, 5ème sur les 16 plus importants pays de l’UE. En 2011 elle n’est dépassée que par la Grèce, l’Italie, la Belgique et très légèrement par le Portugal.
Mais il est intéressant de comparer la vitesse d’évolution de la dette entre les mêmes pays. La France en 2011 est à la cinquième place pour l’ampleur de la variation de la dette, seulement derrière la Grèce, l’Irlande, le Royaume-Uni et le Portugal. 5ème en 2000 et 6ème en 2006, elle n’a cessé, contrairement à de nombreux pays européens, d’augmenter sa dette. Au passage on peut noter que les seuls pays qui ont diminué constamment leur dette, la Suède et la Suisse ne font pas partie de la zone euro. La France a traversé la crise avec la même gestion qui accepte l’endettement depuis 1974. Il est intéressant de noter que la France s’est interdit depuis 1973 la maîtrise de sa monnaie.
En conclusion de l’examen de ce premier volet économique, on peut dire que, depuis longtemps la France a mal géré ses budgets en laissant évoluer la dette. Crise ou pas, la dette a crû plus que la moyenne des 16 plus importants pays de l’Europe. Il y a plusieurs raisons qui viennent expliquer cela, depuis l’Etat-Providence, jusqu’au nombre de fonctionnaires. Tous les gouvernements depuis trente ans utilisent la même recette, contenter toutes les classes de la société et pas forcément les plus démunies, et cela continue.
Pas une journée ne passe sans qu'un candidat ne trouve une nouvelle idée d'impôt ou de taxe mais toujours pas une seule idée pour s'attaquer au vrai problème : les dépenses publiques…
On ne peut dépenser plus que l’on gagne
Sinon on ne gagne que sa dépendance
A l’usure ou la perte d’autonomie…
Claude Trouvé