Étymologiquement l’hallali signifie « exciter par des cris », c’est ce dont nos politiques nous gratifient depuis que la viande s’est invité aux agapes de nos candidats à la présidentielle. On entend tout sur ce sujet depuis que Marine Le Pen a évoqué l’évolution grandissante de ce mode d’abattage. D’un sujet sans importance, défendu par la gauche et le centre, à un sujet de tromperie du public pour l’extrême-droite en passant par un virage à 180° pour l’UMP, la polémique a rempli les médias qui se sont ligués pour en stigmatiser le côté raciste. Du coup pour faire bonne mesure, on a parlé de la nourriture Casher qui vivait tranquillement sa vie cachée sans déranger personne.
Ainsi, vendredi dernier, en meeting à Velaine-en-Haye, en Meurthe-et-Moselle, Claude Guéant, avait déclenché un tonnerre d’applaudissements dans la foule de supporters UMP en déclarant: “Nous ne voulons pas que des conseillers municipaux étrangers rendent par exemple obligatoire la présence de la nourriture halal dans les repas des cantines”. Le lendemain, le président-candidat en remettait une couche lors de son meeting de Bordeaux en se prononçant en faveur de “l’étiquetage de la viande en fonction de la méthode d’abattage” avant de conclure simple et clair : “Reconnaissons à chacun le droit de savoir ce qu’il mange, halal ou non”.
Nicolas Sarkozy avait déclaré, une semaine plus tôt, aux Halles de Rungis : “On consomme chaque année en Ile-de-France 200.000 tonnes de viande et il y a 2,5% de viande casher et halal” sur ce total. “Est-ce que vraiment ça vaut le coup de faire une polémique pour ça? Il y a vraiment des choses dont on doit débattre. Mais aller jeter la suspicion sur des artisans, des commerçants, sur des éleveurs (…) pour gagner quelques voix, est-ce que c’est à la hauteur du débat ? Je ne pense pas”. Toutefois en France le marché halal c’est 5,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2010, marché qui croit de 10% par an !
Après le « bottage en touche » de Mélenchon, Hollande et Bayrou en traitant l’affaire de manœuvre raciste à but électoral, montée en épingle mais insignifiante pour un débat présidentiel, le Premier ministre, s’exprimant « à titre personnel », a relancé en fanfare le débat en suggérant sur Europe 1 que “les religions devaient réfléchir au maintien de traditions qui n’ont plus grand chose à voir avec l’état aujourd’hui de la science, l’état de la technologie, les problèmes de santé”. En incluant les religions juives et musulmanes, le Premier Ministre évite ainsi l’opprobre du racisme en incluant le Cacher qui n’était pas en cause jusque là !
Qui a raison dans cette affaire ? A mon avis personne, car prendre un problème de société et le ramener à une discussion sur un étiquetage dans les supermarchés ne mériterait pas plus qu’un communiqué au journal de vingt heures. Pourtant la viande Halal ne représente pas qu’une technique d’abattage qui ne satisferait ni la SPA, ni les vétérinaires. En dehors du fait que la législation avait défini les techniques à respecter après de longues et difficiles interventions des défenseurs des animaux, que l’on a délibérément contournée avec l’assentiment des pouvoirs publics, et que l’information de viande non halal ne fleurit pas dans les magasins, il s’agit d’un problème d’évolution dans nos cantines scolaires et privées, dans nos chaînes de restaurant qui traduit une introduction d’une nouvelle religion dans nos mœurs.
Ceci rejoint les discussions sur le voile, sur le financement des mosquées, sur l’attitude vis-à-vis des femmes, sur le remboursement de l’excision, sur les rapports du médecin avec les femmes musulmanes, sur la ghettoïsation des banlieues, sur le surpeuplement grandissant des prisons, etc. Notre pays est en pleine évolution provoquée par l’introduction d’un multiculturalisme qui pose l’interrogation sur l’assimilation des immigrés en général, quant à notre capacité d’accueil et aux difficultés d’une nouvelle religion repoussée par les européens depuis des siècles.
On ne peut que déplorer encore une fois la pauvreté des débats de fond dans cette campagne présidentielle. Aucun des problèmes majeurs urgents ou primordiaux n’est vraiment débattu, sinon par ce que l’on appelle « le petit bout de la lorgnette ». L’Europe nous a été présentée comme un choix entre l’avenir radieux de la France ou la descente aux Enfers, nous avons voté Maastricht. Quant nous avons ouvert les yeux et que nous avons refusé la Constitution, on nous a fait comprendre que notre avis n’avait aucune importance. On nous vend désormais un euro au bord du gouffre sous le prétexte du « c’est ça ou le chaos ».
On a ouvert les portes de l’immigration pour nos entrepreneurs qui ne trouvaient pas la main-d’œuvre nécessaire et on a continué à payer des chômeurs. On nous a imposé le multiculturalisme au nom de l’enrichissement de notre culture, comme on parle de nous imposer l’apprentissage de l’arabe en première langue dans nos lycées. On nous impose les mosquées pour des raisons de nombre de pratiquants… et pour cause. La fécondité de cette immigration est sans commune mesure avec celle de nos français de souche.
Dites-moi quand le pays a voté pour tout cela ?
Il risque de nous rester le choix de voter entre deux incapables.
Seule la souffrance imminente du peuple pourra lui ouvrir les yeux !
Claude Trouvé